« La marche doit avoir lieu. La France entre dans une période d’ébullition »
Extraits du discours de clôture de Jean-Luc Mélenchon.
- France, LFI
L’union (la Nupes, Ndlr) n’est possible qu’à la condition qu’elle se déploie dans l’inventivité, l’imagination d’une rupture complète avec le système capitaliste, avec ses méthodes pourries. Cet été, 50 000 hectares de nos forêts ont brûlé. Merci aux pays voisins de nous avoir aidés, mais je ne vous cache pas que je souffrais de voir ma patrie qui fabrique des avions devoir en emprunter, alors que c’est nous qui devrions en prêter, comme nous aurions dû courir à la rescousse de nos frères algériens (…).
Macron a choisi l’affrontement
Vous ne devez pas accepter l’effondrement de l’Etat, des moyens collectifs, du service public, l’effondrement des communes qui sont le compte-gouttes de notre démocratie en France. Vous ne devez pas accepter que 20 services d’urgences soient fermés pendant l’été (…), qu’on continue à fermer une maternité tous les mois comme cela l’a été pendant 20 ans (…), que l’on ferme une école par jour pendant 20 ans. (…) Que l’on maltraite les élèves, les étudiants comme on les maltraite aujourd’hui ! Révoltez-vous ! Jeunes gens, constituez, partout où vous étudiez, où vous travaillez, vos assemblées citoyennes qui vous permettent de vous organiser et entrez dans la lutte à laquelle je vous invite.
Oui, il n’y a aucun arrangement possible avec nous : nous ne voulons plus de ces organisations, nous ne voulons plus de l’effondrement de l’Etat, nous ne voulons plus, au moment où nous avons besoin de sécurité civile, constater qu’il n’y a que 12 canadairs disponibles parce que les autres sont à l’arrêt car ils n’ont pas été entretenus. (…) Macron a choisi l’affrontement, je dis bien IL a choisi l’affrontement (…). Macron a refusé notre proposition de Smic à 1 500 euros et qu’aujourd’hui d’ailleurs il faudrait augmenter davantage. Il s’agit pour lui de faire passer le chapeau et se remettre au bon vouloir des entreprises qui voudraient bien donner. (…)
« La Nupes reste notre stratégie fondamentale »
Macron a choisi l’affrontement quand il annonce qu’il va faire une nouvelle réforme de l’allocation chômage. Alors que la moitié des gens qui sont au chômage ne sont pas indemnisés, il dit : ça va mieux (…). Je vais vous dire là où ça va mieux : c’est dans les profits du capital. (…) Dans un pays où il y a 6 millions de chômeurs, 10 millions de personnes qui se tournent vers l’aide alimentaire. Où il a des millions de retraités, des millions d’étudiants, et c’est tant mieux. Ceux-là, ils sont appelés à la lutte comme les autres, même s’ils ne sont pas liés par un contrat de travail. Tous, lycéens, étudiants, retraités, chômeurs, doivent prendre leur place et ils ont leur place. La lutte a besoin de toutes les énergies et pas seulement d’une avant-garde ici où là. (…)
Aucun arrangement, aucun compromis avec ce gouvernement
Nous resterons calés sur les succès que nous avons rencontrés : premièrement, pas d’arrangements, pas de compromis, nous continuons dans une lutte pour augmenter le niveau de la conscience populaire, pour qu’elle comprenne pourquoi il faut tout changer, parce que changer seulement un peu, cela ne suffira pas, compte tenu de la crise ; deuxièmement, c’est cette ligne de la rupture dont vous avez entendu tout à l’heure qu’elle est confirmée par les autres parties prenantes de la Nupes, même si nous ne sommes pas d’accord sur l’intensité, le lieu, la forme, les mots d’ordre. Ce qui compte, c’est qu’on cherche à aller dans la même direction. Oui, il est possible de ne pas être d’accord tout le temps. Plutôt que la division, plutôt que la compétition, l’émulation.
La Nupes n’est pas un parti unique parce que nous ne voulons pas être réduits à ne devoir parler qu’à un plus petit dénominateur commun pour réaliser une union qui se ferait sur la pire des bases, c’est-à-dire le silence et les non-dits. (…) Nous pensons que l’union est possible grâce à la clarté, en étant chacun tranquillement soi-même. Voyons ce qui est à portée de notre main. Nous continuerons de dire qu’il faut le blocage des prix. (…) Le nouveau Parti socialiste qui en train de se reconfigurer nous intéresse comme partenaire et qu’au contraire de 2005, il ait accepté cette fois-ci la leçon du vote. Nous ne sommes pas des sectaires, nous ne délivrons pas aux gens des certificats de baptême d’extrême gauche. La proposition d’Olivier Faure (proposition de motion référendaire, Ndlr) va dans le sens de ce que nous essayons de faire. (…)
La Nupes reste notre stratégie fondamentale pour convaincre le très grand nombre. Pour conclure. Les millions de personnes qui sont désorientées, vous ne les convaincrez pas si vous vous étalez en incompréhensibles polémiques, des piques de personnes, des compétitions absurdes auxquelles personne ne comprend rien. Vous les convaincrez si vous montrez que vous-mêmes vous êtes déterminés à aller dans une direction.
« Nos candidates et nos candidats de la Nupes doivent reprendre leur barda et retourner à la bataille pour convoquer des assemblées populaires et citoyennes dans tout le pays. »
Les Insoumises et les Insoumis sont appelés partout où ils ont fait campagne dans les élections législatives à se regrouper, soit autour de leur député, soit autour de leur candidat, pour convoquer partout – j’espère que les autres partis membres de la Nupes en feront autant – des assemblées citoyennes, des assemblées populaires. Evidemment, je rappelle que nous avons tous été élus Nupes, nous n’avons pas été élus Insoumis, vous avez été élus Nupes. Il faut tenir parole, les gens ont voté parce que vous étiez Nupes, ils ne s’occupaient pas de savoir qui vous étiez derrière. Faites-le comme un Insoumis, comme membre du PS, de EELV, un communiste, à votre façon bien sûr, mais sans oublier que vous êtes élus devant ceux qui ont voté. Et cela vaut aussi pour les candidats.
C’est la raison pour laquelle nos candidates et nos candidats qui ont marché en première ligne du rassemblement de la Nupes doivent reprendre leur barda et retourner à la bataille pour convoquer des assemblées populaires et citoyennes dans tout le pays. (…) Vous autres, les étudiants et les lycéens, faites-en autant : préparez l’action, ne vous résignez pas et, je l’espère, nous aurons une belle marche à la mi-octobre. Et sans doute, parce que tout le monde saura qu’il y aura une belle marche commune à l’appel de ce collectif qui vient de se constituer dans lequel il y a la Nupes mais aussi des syndicats, mais aussi des associations. (…)
E t puis si tout le monde n’est pas d’accord, eh bien ! ce n’est pas grave, nous ferons avec ceux qui sont d’accord. Et à chaque fois on avancera sans montrer du doigt qui que ce soit, mais toujours en appelant au combat et à la mobilisation. (…) La marche doit avoir lieu. Il nous faut incarner quelque chose qui est plus grand que nous. Qui est la France qui entre dans une période d’ébullition. La crise politique est à son comble. Le pessimisme du constat ne doit pas masquer l’optimisme de l’action, car il n’y a que l’action qui peut changer le monde.