Camaïeu : 2 600 salariés abandonnés par le gouvernement

2 600 salariés de Camaïeu, dont la grande majorité sont des femmes, viennent d’être licenciés avec une brutalité inouïe. En trois heures à peine, le tribunal de commerce de Lille a prononcé la liquidation judiciaire de l’entreprise.

Marta XXXX en manifestation le 4 avril 2022 à Rome (photo correspondant)
Par Marie-Paule LEMONNIER
Publié le 6 octobre 2022
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En 2020, 500 salariés avaient été licenciés lors de la reprise de l’enseigne par la Financière immobilière bordelaise (FIB) pour la somme plus que symbolique de 2 euros. La FIB est un groupe spécialisé dans l’immobilier et la distribution. Son dirigeant, Michel Ohayon, est la 104e fortune de France.

Opération spéculative

Déjà en 2007, l’enseigne Camaïeu avait fait l’objet d’une opération spéculative où les caisses avaient été vidées pour pouvoir ensuite racheter l’entreprise à bas prix.
Devant le tribunal, les salariés de Camaïeu ont laissé éclater leur colère (le Parisien du 29 septembre) : « On a tout perdu. C’est honteux ce que vous avez fait » ; « Vous êtes un politicien, un homme de fric, vous n’avez pas pensé à l’humain » ; « Comment, alors qu’ils ont repris la société sans dette, ont-ils pu créer une telle ardoise en deux ans, et ce, sans investir pour relancer la marque ? ».
La direction de Camaïeu demandait une aide financière de 70 millions à l’Etat pour éviter un tel désastre, aide refusée par le ministère des Finances. « On se retrouvait avec beaucoup d’argent public », a précisé le ministre délégué à l’Industrie, Roland Lescure, sur France Bleu Nord le 29 septembre. C’est pourtant bien peu face aux 44 milliards d’euros de dépenses militaires prévus pour 2023.Le gouvernement a fait délibérément le choix politique de laisser 2 600 salariés être licenciés.