Palestine : La ville de Naplouse assiégée par l’armée israélienne d’occupation
La parole à Naïla Halil, journaliste d'Al-Arabi TV, résidente à Naplouse.
- International, Palestine
Quelle est la situation actuelle à Naplouse ?
Naïla Halil, journaliste d’Al-Arabi TV : Les conditions sont très, très difficiles, depuis trois semaines, la ville est entourée de douze check-points militaires. Il est interdit d’y entrer et d’en sortir. Les conditions d’existence de la population sont très difficiles, et le commerce est paralysé. L’armée israélienne impose une punition collective à la ville de Naplouse et à ses villages des alentours en représailles aux actions de résistance menées par les combattants dans la vieille ville.
On parle beaucoup de « La Tanière des lions » en tant qu’organisation. Qui sont-ils, qu’en dit la population de Naplouse ?
Mon travail de journaliste sur le terrain montre qu’il s’agit d’un groupe de jeunes combattants, ils n’appartiennent à aucune faction palestinienne. Les jeunes ont dépassé les factions traditionnelles. Ce sont des combattants qui veulent la liberté et la libération de la Palestine. Ils sèment la peur et la panique parmi les soldats israéliens, ce sont des prisonniers libérés des prisons israéliennes et des prisons de l’Autorité palestinienne.
Malgré les actes de répression et de punition collective qu’Israël impose aux habitants de Naplouse, les actes de résistance de ce groupe reçoivent le soutien des habitants de la ville.
Ceux-ci accueillent ces combattants avec affection, reconnaissance et respect. Et ils appliquent, comme ils disent, les instructions de La Tanière des lions en menant des grèves et des manifestations. Les gens les considèrent comme une véritable direction révolutionnaire, leur font confiance et les considèrent comme des héros. Les gens de Naplouse et de toute la Cisjordanie voient dans l’Autorité palestinienne des agents d’Israël. La Tanière des lions est un phénomène que le peuple palestinien attendait depuis les accords d’Oslo de 1993.
L’Autorité palestinienne coopère donc avec Israël contre les militants de Naplouse ?
Bien sûr, il n’y a aucun doute à ce sujet. Les services de sécurité palestiniens sont partenaires d’Israël dans l’assassinat et l’arrestation de combattants. Les forces de sécurité palestiniennes ont arrêté huit cadres du mouvement Fatah, accusés de collaborer avec La Tanière des lions.
Il y a quelques jours, l’Autorité palestinienne a annoncé son intention d’arrêter soixante militaires membres du Fatah, accusés de collaborer et de soutenir La Tanière des lions.
Cela signifie que les militants du mouvement Fatah ont commencé à revenir à leur véritable position dans la lutte, et c’est un phénomène nouveau à Naplouse et dans les régions de Cisjordanie. Nous vivons maintenant une nouvelle phase de la lutte, loin de l’Autorité d’Oslo et loin des organisations et factions palestiniennes.
Face à cette situation et aux activités de résistance dans la région de Naplouse, comment faites-vous, en tant que journaliste, face aux dangers et aux difficultés lors des affrontements et des confrontations avec l’armée israélienne ?
Après le meurtre de la journaliste Shirine Abou Akleh dans le camp de Jénine, nous sommes devenus plus prudents et vigilants. Chaque journaliste palestinien est visé par l’armée. Chaque confrontation ou chaque affrontement avec l’armée fait des victimes parmi les journalistes, mais c’est notre travail. Nous devons être aux côtés de notre peuple dans les jours difficiles et couvrir tous les événements liés à la lutte de notre peuple palestinien. Nous ne pouvons pas rester neutres. Nous n’avons pas d’autre choix. Notre sécurité personnelle est importante, mais le problème et la souffrance de notre peuple sont plus importants.
Attaques et harcèlement quotidiens, exécutions sommaires de militants…Depuis plus de trois semaines, l’armée israélienne d’occupation mène une véritable offensive contre la ville de Naplouse et ses résistants. Les militaires utilisent les mêmes techniques de représailles que celles développées contre la population de la bande de Gaza : tirs de snipers, drones de surveillance, encerclement total. Les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne, qui sont les supplétives de l’armée d’occupation, si elles restent présentes dans la ville même, perdent le contrôle du camp de réfugiés, où plusieurs de leurs membres ont rejoint la résistance.
Ils se nomment l’organisation de « La Tanière des lions ». Avec le camp de réfugiés de Jénine, celui de Naplouse reste hors de contrôle des forces d’occupation. Un drone de surveillance a été abattu la semaine dernière. Les manifestations massives de la population accompagnant les convois funéraires des résistants morts au combat suivent les manifestations de soutien . « C’est comme si les 150 000 habitants de la ville décidaient de faire corps avec les résistants », explique un habitant. François Lazar |