La parole à Adrien Duquenoy, membre du bureau national du Parti ouvrier indépendant (POI)

Guerre, inflation, retraites, crise politique, grèves et résistance... Adrien répond aux questions d'Informations ouvrières, à dix jours de le la prochaine réunion du bureau national du POI.

Adrien Duquenoy (à droite), lors de la marche du 16 octobre à Paris (Photo correspondant IO).
Par la rédaction d'IO
Publié le 9 novembre 2022
Temps de lecture : 3 minutes

Macron doit présenter son plan de guerre mercredi 8 novembre en direct du port militaire de Toulon alors que la guerre en Ukraine dure depuis plus de huit mois. Qu’est-ce que cela t’inspires ?

Adrien Duquenoy :  La guerre en Ukraine, l’intensification des livraisons d’armes, la formation de soldats, l’augmentation significative du budget des armées… Macron et son gouvernement se livrent à corps perdu dans une politique de guerre tous azimuts contre les peuples. En France, l’engagement dans la guerre (3 milliards en plus pour le budget de la défense !) sert à justifier les coupes claires dans les budgets, à commencer par celui de la santé qui se voit amputer de près de 2 milliards d’euros en 2023, alors même que l’actualité récente met en lumière le manque criant d’hospitaliers, d’internes, de pédiatres, conduisant aux images stupéfiantes de ces nourrissons transférés à des centaines de kilomètres de chez eux, faute de place, faute de lits, faute de personnels. Et nous sommes en France… en 2022 ! Et on pourrait évoquer aussi le chaos dans les transports publics, à l’école…

Qui dit pays en guerre dit économie de guerre…

Oui, tout à fait. Au nom de la guerre, Macron engage la liquidation des services publics, de l’assurance-chômage, des retraites. Au nom de la guerre, Macron refuse l’augmentation du Smic, le blocage des prix et livre le pays à une inflation énorme, qui prend les travailleurs et la jeunesse à la gorge.

Dans la population, il y a un large refus de cette politique, de cette situation. Comment cela se manifeste-t-il ?

Oui, je suis d’accord. On le voit avec les grèves qui se développent sur tout le territoire. Sur ce dernier point, la grève des salariés des raffineries en octobre dernier a ouvert la voie et « libéré » les forces pour obtenir, par la grève, des augmentations de salaire dans toute une série de secteurs.

Et c’est un gouvernement minoritaire à l’Assemblée qui mène cette politique alors qu’il est largement rejeté par la population et combattu dans les grèves.

Et si je reviens quelques mois en arrière, ce rejet, ce refus de subir, s’étaient matérialisés, sur le terrain électoral, par les 22 % de suffrages qui se sont portés sur le vote Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle, puis par les 25 % de suffrages récoltés par les candidats de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), arrivant ainsi en tête du premier tour des législatives.

Depuis quelques jours, Macron et son camp évoquent une possible dissolution. A ton avis, pourquoi ?

Je pense que ce large rejet dont je parlais, ce refus de subir des travailleurs, des jeunes et d’une large partie de la population dans son ensemble, c’est le moteur de la crise qui étreint Macron. Et cela le contraint donc à envisager tous les scénarios possibles, y compris aujourd’hui celui de la dissolution, pour tenter de faire passer son programme réactionnaire, à commencer par sa « réforme » des retraites.

Dans cette situation, comment se positionne le Parti ouvrier indépendant ?

Dès sa création, nous avons décidé d’intégrer pleinement l’Union populaire, en octobre 2021, pour porter la rupture incarnée par la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle. L’Union populaire est ensuite devenue la Nupes combattant sur une orientation de rupture, nous en sommes partie prenante.

A la place qui est la sienne, le Parti ouvrier indépendant (POI) a contribué à la réussite de la marche contre la vie chère et l’inaction climatique, le 16 octobre dernier, qui a rassemblé des dizaines de milliers de manifestants déterminés, prêts à en découdre avec le gouvernement.

D’ailleurs, le combat des militants du POI, à égalité avec ceux de La France insoumise et de la Nupes avec lesquels nous agissons, a été salué positivement.

Après la marche du 16 octobre, comment envisages-tu la suite ?

De retour de cette marche, dans les groupes d’action, dans les assemblées de circonscription qui se tiennent un peu partout dans ce pays, la discussion se mène pour faire que la Nupes occupe toute sa place, à l’Assemblée, dans la rue, pour combattre la politique de Macron, pour faire tomber son gouvernement. Dans un contexte d’instabilité totale, au plan national comme à l’échelle internationale, le Parti ouvrier indépendant, totalement investi dans la Nupes, s’engage dans les bagarres locales comme nationales, contre la vie chère, contre la « réforme » des retraites que Macron entend faire passer coûte que coûte, sans oublier la question de la guerre.

Pour notre part, il faut être net et exiger l’arrêt de la guerre (donc cela passe par un cessez-le-feu immédiat) et la sortie de l’Otan.

Quelle initiative le POI propose-t-il ?

Pour poursuivre la discussion engagée dans les groupes d’action et les assemblées de circonscription sur les moyens à mettre en  œuvre contre Macron et sa politique, le bureau national du Parti ouvrier indépendant qui s’est tenu le 22 octobre dernier a proposé l’organisation d’une large assemblée de militants ouverte, au plan national, à la fin du premier trimestre 2023.

Je pense que le prochain bureau national  du POI qui doit se réunir le 19 novembre en précisera les contours.