Macron et Darmanin, des « humanitaires » ?

Le bateau Ocean Viking, transportant à son bord des réfugiés recueillis en Méditerranée, a finalement été autorisé par le gouvernement Macron à accoster à Toulon, le 11 novembre. Le comité du Var du POI réagit dans le communiqué suivant.

Réfugiés sur le pont de l'Ocean Viking, le 6 novembre.
Par > Communiqué
Publié le 11 novembre 2022
Temps de lecture : 3 minutes

                                                                                 
Ce vendredi 11 novembre, c’est finalement à Toulon que le navire Ocean Viking est autorisé à accoster pour débarquer les 234 « migrants » recueillis à son bord. Ce ne sont pas des « migrants », ce sont des femmes, hommes et enfants chassés de leur pays, la Libye, en proie à des bandes mafieuses et guerrières, résultat du champ de ruine laissé par l’intervention militaire sous l’égide de la France et de son président de l’époque, M. Sarkozy.

La France et son gouvernement se décident finalement à « accueillir » le navire, après plus de quinze jours de dispute avec le gouvernement italien, pour décider qui doit prendre « sa part » de « migrants ». Une querelle sur le dos de la misère des peuples, qui, à ce jour, se traduit par une « revanche » de Macron contre Meloni, en « refusant donc de prendre en charge les 3 500 réfugiés » actuellement en Italie, comme prévu par les « accords européens en matière de gestion de ces flux migratoires ».

En aucune manière, l’accord donné pour ouvrir le port de Toulon constituerait de près ou de loin à un acte « humanitaire » de la part du gouvernement français, mais la conséquence d’un bras de fer entre pays européens pour tenter de refuser la prise en compte des conséquences de la barbarie dont ils sont à l’origine.

D’ailleurs, dès l’annonce de cet accueil à Toulon, Darmanin a tenu à souligner que :

– d’une part, seuls un tiers des passagers seraient pris en charge sur le sol français, les autres deux tiers  devant être « relocalisés » sur d’autres pays européens ;

– d’autre part, dès leur arrivée à terre (en terrain militaire),  « ceux qui ne répondront pas aux critères de demandeurs d’asile seront reconduits directement ».

L’Union européenne montre là ce qu’elle est réellement : un cadre de libre circulation pour les capitaux et les marchandises, et aujourd’hui pleinement pour des armes pour la guerre, mais pas pour les êtres humains.

Et, au premier rang de cette politique barbare, M. Macron qui, le 9 décembre dernier, au moment de prendre la présidence de l’UE, a déclaré « relever le défi migratoire », en « défendant les frontières », donc, en plaçant la lutte contre les migrants en tête de son mandat européen.

Comme nous l’écrivions dans Informations ouvrières (n° 685, 16 décembre 2021) : « Les oiseaux migrent, ils volent du nord au sud puis partent du sud vers le nord. Les oiseaux sont libres. Les 300 millions qui, à l’échelle internationale, ont dû quitter leur pays ne sont pas libres et ne migrent pas ! Ils fuient la guerre, la violence, la misère, la famine. Ce sont des réfugiés, des êtres humains contraints de quitter leurs pays du fait de la politique de guerre, de pillage, d’oppression développés par le système capitaliste. Contre la barbarie impérialiste, il faut réaffirmer ce droit millénaire à l’asile » (page 16, tribune signée Lucien Gauthier).

L’Union européenne est la négation des droits démocratiques et en premier lieu du droit d’asile. Il faut se débarrasser de l’Union européenne pour se débarrasser de la guerre, de toutes les mesures liberticides, et rétablir pleinement le droit d’asile, c’est à dire l’accueil des réfugiés.

Non à la guerre, non aux budgets de guerre !

Réaffirmation totale et entière du droit d’asile !
 

En bref

40 % de policiers en plus pour la chasse aux réfugiés sur les côtes de la Manche

Depuis 2003 et les accords du Touquet (signés par Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur), la Grande-Bretagne sous-traite à la police française la chasse aux réfugiés qui cherchent à franchir la Manche. D’où ces camps de réfugiés dans le Pas-de-Calais, régulièrement démantelés avec une brutalité devenue systématique. Cet accord vient d’être prolongé, Londres s’engageant à verser 72,2 millions d’euros en 2022-2023, Macron et Darmanin promettant de leur côté 350 policiers et gendarmes supplémentaires, soit une augmentation de 40 % des effectifs. Au même moment, est confirmé (lemonde.fr, 13 novembre) que les appels au secours de réfugiés en train de sombrer en mer au large de Calais, le 27 novembre 2021, ont été délibérément ignorés. 27 réfugiés, dont une fillette, en sont morts.

Une comptabilité révoltante

En refusant d’accueillir les 230 réfugiés du bateau Ocean Viking, Giorgia Meloni, la présidente d’extrême droite du Conseil italien, ne s’est pas privée de rappeler que, sur les 90 000 personnes ayant échoué sur les côtes italiennes depuis le début de l’année 2022, seuls 117 ont été effectivement accueillies par d’autres pays, alors que ces pays (dont la France) s’étaient engagés à 8 000. En toute humanité, bien sûr, Darmanin a d’ailleurs suspendu l’accueil prévu de 3 500 réfugiés venus d’Italie, alors que 500 devaient arriver d’ici à la fin de l’année (source : AFP). Les contrôles à la frontière italienne par les services français ont été depuis considérablement renforcés.

Agrandissement des centres de rétention administrative

Dans une interview au Parisien le 9 novembre, Laurent Nunez, préfet de police de Paris, déclare : « Des mesures qui sont dans la loi d’orientation et de programmation du ministre de l’Intérieur bientôt présentée devant le Parlement prévoient l’augmentation des places dans les centres de rétention administrative et la suppression de certaines protections qui empêchent la reconduite à la frontière. »