Discours de Toulon : Macron en guerre contre le peuple
Le 9 novembre, Emmanuel Macron prenait la parole sur un bâtiment de guerre dans la rade de Toulon. Il dit conduire la réflexion militaire d’« après la boussole stratégique menée dans le cadre de l’Union européenne, et finalisée sous la présidence française de celle-ci ».
- France, Guerre
Emmanuel Macron dresse la menace : « Ne nous méprenons pas, la période n’est pas au temps calme, mais au gros temps. La guerre est en Europe, avec ses risques d’escalade, ses licences, ses effets mondiaux. Elle coiffe une décennie de désinhibition de la violence, d’extension des confrontations à tous les domaines ». Pour Macron, il faut « faire face au retour de ce qu’on appelle la haute intensité, comme pour tenir tête aux menaces hybrides » dans un cadre où « aujourd’hui plus encore qu’hier, les intérêts vitaux de la France ont une dimension européenne ».
« Effort de guerre dans la durée »
Le président en exercice dresse sa nouvelle stratégie militaire, en s’appuyant sur la sortie de la nouvelle Revue nationale stratégique (RNS). Cette dernière dessine les orientations des prochaines années : préparer les citoyens à une résilience, donc à des conflits ; les intégrer dans « l’esprit de défense » avec « la montée en puissance du SNU (service national universel, Ndlr) » ou « rendre le métier des armes attractif » ; aller vers la « synergie entre une population imprégnée de l’esprit de défense et des acteurs publics rompus à la planification et à la gestion de crise [qui] permettra de renforcer la résilience nationale dans les domaines de la sécurité, de l’économie, de l’emploi et de la cohésion sociale » ; « soutenir un effort de guerre dans la durée » ou « imposer des priorités ou des réquisitions sur le marché national » pour permettre la mise en place d’une « économie de guerre », terme utilisé pas moins de neuf fois dans la RNS.
Si les principes des précédentes orientations stratégiques sont repris, ils sont d’autant plus amplifiés par l’affirmation de guerre de haute intensité. C’est à la fois la justification à l’économie de guerre, la mise en place d’un climat anxiogène, la menace permanente, le plaidoyer pour liquider les libertés.
A tout cela, il faut ajouter une soumission à l’Otan. Macron plaide pour un rapprochement Otan/UE, surtout pour les pays non membres de l’Otan, en vue notamment « de contribuer à la réassurance de nos partenaires et, si nécessaire, à la défense du flanc oriental de l’Europe. Ceci est essentiel pour l’avenir du projet européen ».
Macron, héraut d’armes, annonciateur de malheurs, mène surtout la guerre contre son peuple. Comment saisir les 3 milliards d’euros d’augmentation des budgets militaires sans mettre en parallèle le 1,6 milliard retiré à la santé ? Comment comprendre la phrase de Macron dans son discours de Toulon (« il faut réapprendre à mobiliser les forces vives de notre nation, de ses entreprises, de ses femmes et de ses hommes au service de notre souveraineté »), alors que dans le même temps, plus d’une dizaine de lycées fermeront d’ici à la rentrée 2024 ?
Les lycéens sans lycée sont-ils destinés à devenir les futurs soldats des guerres de haute intensité ? Doivent-ils d’ores et déjà obéir au va-t-en guerre Macron ?
De nombreux organes de presse ont relevé la fin de l’opération Barkhane, aucun ne revient sur la suite des propos de Macron : « Notre soutien militaire aux pays africains de la région se poursuivra (…). Il se déclinera à l’échelle de chaque pays selon les besoins qui seront exprimés par nos partenaires : équipements, formations, partenariats opérationnels, accompagnements dans la durée et intimités stratégiques », ce qui revient à poursuivre de facto les Opex (opérations extérieures), qui ne sont pas des « opérations » mais bien, avec le déploiement d’armes et de soldats français, des guerres extérieures.
« Le courage de l’instant, la vision de l’avenir, c’est bien de cela dont je suis venu vous parler aujourd’hui. » Tels ont été les propos de Macron. Pour nous, le courage de l’instant, c’est le député Karl Liebknecht, refusant de voter les crédits de guerre en 1914 au Parlement allemand, scandant : « A bas la guerre ! A bas le gouvernement ! » La vision de l’avenir se résume dans le mot d’ordre avancé par sa camarade Rosa Luxemburg : « Socialisme ou barbarie. »