Agriculture : Un constat alarmant
Entretien avec Didier Gadéa, viticulteur, secrétaire général du Modef national (syndicat paysan).
- France
Comment se porte l’agriculture dans notre pays ?
Didier Gadéa : Mal, comme tout le reste ! L’agriculture française subit une crise structurelle profonde avec des revenus qui ne permettent plus aux producteurs de s’en sortir. En 2022, s’il n’y avait pas les vins et les champagnes français, dont les ventes hors frontières explosent littéralement, la France serait désormais en déficit commercial agroalimentaire.
Aujourd’hui, nous importons plus que nous vendons ! C’est un véritable paradoxe, quand on sait que la France est la première puissance agricole européenne. Un constat alarmant qui cristallise la situation agricole et qui met en péril notre souveraineté alimentaire.
Est-ce que vous ressentez aujourd’hui les effets de la guerre en Ukraine ?
Tout est en train d’exploser : les fournitures, le prix de l’énergie pour les viticulteurs du Midi, et les spéculateurs en profitent.
Nous avons des problèmes d’approvisionnements en tous genres, les bouteilles, les bouchons... Les factures d’électricité explosent ! Nous ne faisons plus le vin comme en 1910 ! Il nous faut du froid pour les vins blancs et du chaud pour les vins rouges.
A cela s’ajoutent d’énormes difficultés sur les ventes du vin rouge, à tel point que les vignerons bordelais en sont rendus à demander l’arrachage des vignes sous condition de primes pour payer leurs dettes, c’est-à-dire détruire leur outil de production. Le comble !
La région Aquitaine va les aider financièrement pour arracher les vignes, avec des fonds qui normalement sont attribués au développement ! Le monde à l’envers !
Ce gouvernement a une lourde responsabilité
Il y a quelques années, nous faisions des manifestations contre l’arrachage des vignes. Il suffirait que l’Etat accorde une aide, comme il l’a fait à Renault et à d’autres grandes entreprises. J’ai bien aimé la phrase de Jean-Luc Mélenchon pendant sa campagne présidentielle quand il a dit que le premier assisté dans le pays était le Medef. Des milliards pour les grandes entreprises du Medef et du Cac 40, et là, une poignée de viticulteurs qu’on laisse à l’agonie sans lever le petit doigt !
Dans le Vaucluse, ils n’arrivent pas à écouler leur rosé. Tout le monde fait du rosé, et, comme tout augmente, que (…)
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