Côte d’Ivoire : A propos du bras de fer engagé avec les multinationales du cacao
Nous publions cette semaine la fin de l’entretien que Pacôme Attaby, président de la Coalition des syndicats du secteur public de Côte d’Ivoire (CSSP-CI), a accordé à Informations ouvrières. Pacôme Attaby revient ici sur la question des forces militaires étrangères présentes dans son pays et sur le territoire africain.
- Côte d'Ivoire, International

L’armée française vient de quitter le Mali sous pression des autorités locales et se cherche maintenant un nouveau point de chute dans la région, ce qui a entraîné la visite du ministre de la Défense française, Lecornu, en Côte d’Ivoire, en juillet dernier. Parallèlement, quarante-six soldats ivoiriens appartenant à la Minusma sont encore détenus à Bamako, les autorités maliennes les accusant d’être des mercenaires venus clandestinement. Ce qu’Abidjan dément. Que signifient ces deux éléments ?
Pacôme Attaby : Moi, je milite pour le départ définitif de toutes les forces étrangères sur le territoire africain, y compris celles affublées d’une mission internationale de maintien de la paix, car ce n’est qu’un artifice utilisé pour maintenir la dynamique impérialiste sur nos terres.
Malgré la présence de la Minusma, Barkhane et que sais-je encore, les forces intégristes continuent de semer la désolation dans nos populations en Afrique de l’Ouest.
D’ailleurs, une question fondamentale se pose : qui arme ces milices ? Concernant le dossier des quarante-six soldats, les Ivoiriens souhaitent leur libération. Cependant, les Ivoiriens lucides attendent toujours des clarifications sur leur mission réelle au Mali qui leur a valu l’arrestation.
Sur le plan politique, on a vu le retour récent de Laurent Gbagbo, puis de Charles Blé Goudé, arrêtés sur pression de la « communauté internationale », suite à la crise post-électorale de 2010-2011, et jugés à La Haye par la Cour pénale internationale (CPI), où, après huit ans de procédure, ils ont été libérés, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux. Est-ce que ce retour, et la reconfiguration de plusieurs formations politiques, peut permettre un réel changement pour les travailleurs ivoiriens ?
L’opposition politique ivoirienne n’a aucun projet pour les travailleurs ivoiriens. Toutes leurs activités ne visent qu’un seul objectif : être aux commandes pour vivre dans l’opulence et faire exactement ce que fait le pouvoir autocratique d’Abidjan.
J’en veux pour preuve leur mutisme tous azimuts sur les actes de répression inédites en Côte d’Ivoire, dont nous, les travailleurs, sommes régulièrement victimes.
Des centaines de travailleurs, dans l’éducation, la santé, l’agriculture, chez les fonctionnaires interministériels, ont subi des suspensions de salaire illégales, des ponctions de salaire illégales, des menaces de licenciement illégales, des emprisonnements, des tentatives d’assassinat pour faits de grève. Je n’ai entendu aucun d’entre eux [l’opposition] ouvrir la bouche sur ces faits.
Ils sont tous restés muets comme des carpes. Cette posture a fini par donner au pouvoir le sentiment d’impunité totale.
L’arrivée du camarade Charles Blé Goudé est certes une bonne chose, un Ivoirien spolié de ses droits qui revient auprès des siens, mais cela ne changera rien à la situation des travailleurs ivoiriens.
Gbagbo est rentré lui depuis un an, mais il est bien absent sur le terrain de la situation des travailleurs.
D’ailleurs, il n’y a aucun contact entre ces politiciens et nous, les syndicalistes combattants. Le destin des travailleurs et du syndicalisme de lutte se trouve entre les mains des travailleurs eux-mêmes.
La première partie de cette interview est accessible ici.
