Drame à Vaulx-en-Velin : « tristesse et colère » !

Dans la nuit du jeudi 15 au vendredi 16 décembre, un terrible incendie a coûté la vie à dix habitants – dont quatre enfants – d’un immeuble du quartier du Mas du Taureau à Vaulx-en-Velin, à côté de Lyon. « Après le drame, les témoins oscillent entre tristesse et colère », écrit un journaliste.

Quartier du Mas du Taureau à Vaulx-en-Velin, frappé par un incendie meurtrier, le 16 décembre 2022 (photo AFP)
Par correspondant
Publié le 27 décembre 2022
Temps de lecture : 4 minutes

Dans la nuit de jeudi 15 à vendredi 16 décembre, un terrible incendie a coûté la vie à dix habitants – dont quatre enfants – d’un immeuble du quartier du Mas du Taureau (quartier engagé depuis 2019 dans un plan de rénovation urbaine), à Vaulx-en-Velin, à côté de Lyon. Une enquête est en cours pour déterminer ce qui a déclenché l’incendie. Cela n’a pas empêché plusieurs ministres, venus sur place le matin même, de « suggérer » des éléments de « réponse » … Selon le ministre du Logement, Olivier Klein, « on ne peut pas incriminer, à ce stade, l’état de l’immeuble », tandis que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, évoque des squatteurs et un trafic de drogue au rez-de-chaussée de l’immeuble…

« Après le drame, les témoins oscillent entre tristesse et colère », écrit un journaliste. L’émotion, la compassion pour les victimes sont immenses et ont provoqué une énorme vague de solidarité spontanée de la part des habitants : plusieurs tonnes de vêtements, meubles, produits de première nécessité collectés, des cagnottes récoltant plus de 100 000 euros en quelques jours pour les résidents durement touchés par l’incendie…

« Laissé à l’abandon »

Mais, une semaine après l’incendie, les questions sans réponse sont nombreuses … « Le quartier était vraiment paisible », se souvient une vieille dame propriétaire d’un logement acheté dans les années 70. Un autre habitant dans la résidence depuis 21 ans témoigne qu’il a vu la situation se dégrader ces dix dernières années. Une résidente explique : « On est propriétaire de plus rien. Vous pensez que quelqu’un va acheter là ? Ça ne se vend plus… ». « Si j’avais pu déménager, il y aurait longtemps que je l’aurais fait, s’exclame, un autre. On a travaillé dur pour être propriétaire et on est abandonné ! ». « Il n’y a rien qui est aux normes dans cette copropriété ! On a plus de rage que de tristesse. Ce drame, on aurait presque pu le prédire », explique une propriétaire, selon Le Progrès du 23 décembre qui indique que le nouveau syndic en charge de la résidence depuis début octobre (c’est le 3ème en 4 ans) concède : « Niveau sécurité, c’est clair que c’était laissé à l’abandon. »

« Et les dealers ? », nous dit-on. Certes… Et cette situation contribue à l’exaspération des habitants. Mais qu’est-ce qui a permis leur installation, si ce n’est chômage en particulier des jeunes, extrême précarisation des familles et en particulier des mères, suppression des concierges, privatisation des offices HLM…

Les populations les plus pauvres sont frappées

Après Marseille en 2018 et l’effondrement de deux immeubles de la rue d’Aubagne provoquant la mort de 8 personnes, après d’autres drames, maintenant Vaulx-en-Velin : force est de constater qu’au-delà des circonstances différentes, ce sont les quartiers et populations les plus pauvres qui sont frappés !

Vaulx-en-Velin est la ville la plus pauvre du Rhône (33 % de populations pauvres), selon l’enquête de l’observatoire des inégalités, publiée mardi 6 décembre ! Elle compte treize copropriétés comparables à celle de l’immeuble incendié, soient 1 300 logements, tandis que le dernier rapport sur « L’état du mal-logement en France » souligne que 4,1 millions de personnes souffrent de mal-logement ou d’absence de logement personnel. Combien à Vaulx-en-Velin ?

Ces chiffres sont implacables ! Terrible acte d’accusation contre les gouvernements et leurs décisions qui, depuis des années, ont organisé la destruction méthodique de toute politique publique du logement HLM, des droits sociaux – code du travail, sécurité sociale, assurance chômage, droit au logement, etc. – des services publics, des communes et de leurs budgets, entraînant désastre social et humain, décomposition, trafics en tous genres !

Mesures « d’économie » pour les écoles de Vaulx-en-Velin

Le 18 novembre, une école de Vaulx-en-Velin, envahie depuis 3 mois par des rats, fermait ses portes pour plus d’une semaine pour dératisation et désinfection ! Des parents s’exclamaient : « Le problème ne date pas d’hier. S’il avait été pris au sérieux directement, on n’en serait pas là ! ».

Quelques jours plus tôt, la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy (cheffe de file des anti-NUPES dans le PS, vice-présidente de la Métropole de Lyon, ancienne secrétaire d’État de Hollande, et candidate au poste de Premier secrétaire du parti socialiste contre l’actuel dirigeant, Olivier Faure), annonçait aux enseignants et parents d’élèves la mise en place de mesures « d’économie » pour les écoles de la ville

Quelques jours plus tôt, la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy (cheffe de file des anti-NUPES dans le PS, vice-présidente de la Métropole de Lyon, ancienne secrétaire d’État de Hollande, et candidate au poste de Premier secrétaire du parti socialiste contre l’actuel dirigeant, Olivier Faure), annonçait aux enseignants et parents d’élèves la mise en place de mesures « d’économie » pour les écoles de la ville : diminution des crédits libres, « kit » unique imposé pour le matériel scolaire, suspension des séjours scolaires, fermeture du cinéma municipal et du Planétarium, baisse du chauffage dans les gymnases. Plusieurs dizaines de parents et d’enseignants, avec le soutien d’une organisation syndicale, étaient réunis devant la mairie le 12 décembre pour exiger l’annulation de ces mesures d’austérité…

Madame Geoffroy s’est rendue à Paris mardi 20 décembre pour y rencontrer la Première ministre. D’après ses propos rapportés par la presse, elle y a demandé « des forces de police … pour empêcher l’installation ou le déplacement de points de deal ». Elle souhaitait « convaincre la cheffe du gouvernement de « la nécessité d’une politique urbaine déconcentrée, pour privilégier l’agilité territoriale « , en donnant aux maires « le rôle de pilote » lorsque la situation l’exige. » Selon Le Monde du 21 décembre, « l’ancienne secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville sous François Hollande juge qu’elle n’a  » pas eu le temps d’aller plus loin « , en seize mois de fonction ministérielle, de février 2016 à mai 2017 ».

Au contraire, la situation d’une ville comme Vaulx-en-Velin, où Jean-Luc Mélenchon obtenait 55 % des voix au premier tour de l’élection présidentielle, n’exige-t-elle pas la rupture totale avec les politiques menées depuis des décennies qui ont enrichi les plus riches et jeté dans la misère des millions d’habitants ?

Samedi 24 décembre