7 mars : grève et manifestations « historiques »
Quelle que soit la source, il s’agit de la plus grosse mobilisation depuis 61 ans. Dans un communiqué publié en soirée, l'intersyndicale nationale « soutient et encourage tous les secteurs professionnels à poursuivre et amplifier le mouvement ».
- Lutte de classe, Retraites

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a salué une « mobilisation historique au regard des 40 ou
50 dernières années ». « Ça va être la plus forte journée de mobilisation depuis le début de ce conflit » , a assuré à ses côtés le leader de la CGT. Même son de cloche du côté de Frédéric Souillot, secrétaire général de FO sur RTL le matin du
7 mars : « Je sens de la fébrilité chez le gouvernement et l’exécutif… Nous allons aller jusqu’au retrait de cette réforme ».
La grève a ralenti, bloqué l’activité
Dans de nombreux secteurs, la grève a été massive.
Cette fois-ci, la grève est allée bien au-delà des débrayages de quelques heures pour se rendre en manifestation, mais sur des journées entières, ce qui a ralenti ou bloqué l’activité. C’est la mise à l’arrêt du pays qui prend forme.
Trois des quatre terminaux de méthaniers qui approvisionnent la France en GNL (gaz naturel liquéfié) ont été mis à l’arrêt pour une semaine par les grévistes. Aucune goutte de carburant ne doit sortir de la raffinerie de Donges jusqu’à vendredi soir. A la raffinerie de Feyzin, 80 % de grévistes le 7 mars, aucune expédition jusqu’à mercredi 14 heures. Dans la raffinerie de Flandres, 100 % de grévistes le 7 mars et aucune expédition. Plusieurs usines hydrauliques sont à l’arrêt. Le centre d’incinération d’Ivry, le plus gros incinérateur d’Europe qui brûle 100 tonnes de déchets par heure, est occupé depuis lundi 6 mars.
Dans le parc nucléaire, EDF a indiqué le 7 mars enregistrer une baisse de charge cumulée de 9 900 MW, soit la production d’une dizaine de réacteurs. Pour les barrages hydroélectriques, la puissance disponible chutait de 7 000 MW vers 15 h 30, selon l’électricien.
Dans l’Education nationale, 60 % des enseignants étaient en grève, 120 écoles fermées à Paris. La grève est très suivie dans les transports : la SNCF annonçait mardi 7 mars 1 TGV sur 5 au mieux. C’est inédit depuis plus de 10 ans, sachant que le TGV est l’activité la moins affectée par les grèves. La grève est reconduite mercredi 8 mars : il est prévu 1 Intercités sur 5, 1 TER sur 3, 1 TGV sur 3.
La grève reconduite le 8 mars dans certains secteurs
Il n’y a pas qu’à la SNCF. Entre autres : en Haute-Loire, chez Linamar Montfaucon Transmissions, à Montfaucon, la grève est reconduite demain jusqu’à satisfaction des revendications, tout comme aux Tanneries du Puy.
Dans le secteur de la collecte des déchets, la reconduction de la grève a été votée dans les trois centres d’incinération de Nantes Métropole ainsi qu’à Cherbourg, Orléans et Paris.
La jeunesse s’est également largement mobilisée. Dans les facs, des AG réunissant plusieurs centaines d’étudiants ont voté le blocage : à Angers, Nanterre, Rennes 2… 22 universités bloquées dans toute la France. Dans un communiqué, le syndicat lycéen La Voie lycéenne indique : « A cette heure, nous dénombrons près de 300 lycées bloqués, dont 40 en Ile-de-France, et des dizaines de milliers de lycéens mobilisés devant leurs établissements partout. »
Ce 7 mars les compteurs ont été explosés dans les cortèges. Ce sont des manifestations monstres qui ont eu lieu sur tout le territoire, comme à Paris avec 700 000 manifestants, la plus importante depuis le début du mouvement, 245 000 manifestants à Marseille, 120 000 à Toulouse, 100 000 à Bordeaux, 75 000 à Nantes, 37 000 à Orléans, 30 000 à Nice, 22 000 à Pau, 20 000 à Châteauroux, 18 000 à Angoulême, 15 000 au Puy-en-Velay, c’est historique, 10 000 à Niort, pour une ville de 45 000 habitants, 12 000 à Epinal, 9 000 à Charleville-Mézières, 8 000 à Boulogne-sur-Mer, 8 000 à Montbéliard, 3 000 à Vendôme.
Au total, ce sont 3,5 millions de manifestants qui ont déferlé (1,28 million selon la police). Quelle que soit la source, il s’agit de la plus grosse mobilisation depuis 61 ans, début du comptage officiel.
Communiqué de l’intersyndicale nationale, 7 mars, 20 heures« Le gouvernement doit dès maintenant retirer son projet ! » « Depuis le 19 janvier, la population se mobilise massivement contre la réforme des retraites. Les différentes journées à l’appel de toutes les organisations syndicales et de jeunesse ont rassemblé des millions de travailleuses et travailleurs, jeunes et retraité.e.s. Le 16 février, face à l’absence de réponse du gouvernement et du président de la République, l’intersyndicale a appelé à mettre la France à l’arrêt le 7 mars. Elle est forte du soutien des trois quarts de la population et de 94 % des actifs qui refusent le recul de l’âge légal de départ à 64 ans et l’allongement de la durée de cotisation. Aujourd’hui encore, ce sont plus de 3 millions de travailleurs et travailleuses, du public comme du privé, jeunes et retraité.e.s qui se sont mobilisés, par la grève et/ou la manifestation.
A ce jour, ces mobilisations énormes conduites par une intersyndicale unie n’ont reçu aucune réponse de la part du gouvernement. Cela ne peut plus durer. Le silence du président de la République constitue un grave problème démocratique qui conduit immanquablement à une situation qui pourrait devenir explosive. En responsabilité, l’intersyndicale adressera un courrier lui demandant à être reçue en urgence pour qu’il retire sa réforme.
L’intersyndicale appelle à se saisir du 8 mars pour pointer la détérioration particulière de la situation des femmes avec ce projet de réforme. L’intersyndicale soutient l’appel spécifique des organisations de jeunesse à se mobiliser jeudi 9 mars et appelle à rejoindre les rassemblements et manifestations, notamment à Paris, place de la République. L’intersyndicale appelle à une nouvelle mobilisation interprofessionnelle ce samedi 11 mars puis, dès la semaine prochaine, à une journée de manifestations et de grève, le jour de la commission mixte paritaire, moment important du calendrier parlementaire. Elle appelle toute la population à continuer la mobilisation et les actions encore plus massivement pour dire non à cette réforme injuste et brutale. » |