Roger Waters : « Assez de mensonges ! »

A propos de la guerre en Ukraine, Roger Water, cofondateur du groupe anglais Pink Flyod appelle à en finir avec « cette guerre horrible » et à cesser-le-feu.

Roger Waters (photo AFP).
Par Benny Malapa
Publié le 12 mars 2023
Temps de lecture : 3 minutes

Si Pink Floyd n’évoque pas les mêmes choses selon la génération à laquelle on appartient, il reste le nom d’un groupe mythique à la réputation planétaire. C’est pourquoi nous saluons ici la déclaration courageuse, le 6 février, de son cofondateur, Roger Waters, en réponse à la demande d’une jeune Ukrainienne qui souhaitait qu’il s’exprime sur la guerre dans son pays. Il a récemment choisi TikTok, un réseau social parmi les plus populaires, pour amplifier son audience. Il y déclare son ras-le-bol des mensonges sur la guerre en Ukraine et son désir de contribuer à une solution de paix. Ne ménageant ni Poutine, Ni Biden, ni Zelensky, ni l’Otan, il remet dans leur contexte les éléments qui permettent de comprendre comment on est arrivé à cette situation. Au passage, il ne manque pas d’accuser les petits valets de l’impérialisme américain, les Macron, Johnson, Schroeder et consorts, de complicité dans l’escalade guerrière.

« Je suis dégoûté par l’invasion de l’Ukraine par [le président russe Vladimir] Poutine, c’est une erreur criminelle à mon avis, l’acte d’un gangster, écrit Roger Waters.

« Il doit y avoir un cessez-le-feu immédiat. Je regrette que les gouvernements occidentaux alimentent le feu qui va détruire votre beau pays en déversant des armes en Ukraine, au lieu de s’engager dans la diplomatie qui sera nécessaire pour arrêter le massacre. »

« Je ferai tout ce que je peux pour contribuer à la fin de cette guerre horrible dans votre pays, tout sauf agiter un drapeau pour encourager le massacre. C’est ce que veulent les gangsters, ils veulent que nous agitions des drapeaux. C’est ainsi qu’ils nous divisent et nous contrôlent, pour créer un écran de fumée afin de nous aveugler sur notre capacité innée à faire preuve d’empathie les uns envers les autres, tandis qu’ils pillent et violent notre fragile planète. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour contribuer à ramener la paix pour vous, votre famille et votre beau pays. La Russie est un paradis de gangsters capitalistes néolibéraux purs et durs, calqué sur les Etats-Unis d’Amérique. »

Renouer avec la tradition d’intellectuels et artistes contre les guerres impérialistes et coloniales

Roger Waters renoue ainsi avec la tradition qui a vu des générations d’intellectuels et d’artistes, des deux côtés de l’Atlantique, s’élever contre les guerres impérialistes et coloniales.

En véritable expression de la conscience des peuples, ils se servent de leur notoriété pour clamer haut et fort ce que des millions pensent, ces millions qui n’ont pas la parole. Ce fut le cas de centaines d’artistes et d’intellectuels américains durant la guerre du Vietnam. Ce fut le cas de Jane Fonda et de grands acteurs d’Hollywood, qui, durant la seconde guerre en Irak, reprirent à leur compte la pétition, lancée par des parents de victimes de l’attentat du World Trade Center, qui déniaient à Bush le droit de parler au nom du peuple américain pour déclencher son assaut meurtrier contre l’Irak, à l’aide des mensonges aussi gros que ceux que nous entendons actuellement.

« S’il faut verser le sang… »

Ce fut, dans un temps plus éloigné, en France, les 120 intellectuels contre la guerre en Algérie et Boris Vian qui écrivit la chanson « Le Déserteur » contre les mobilisations du contingent par l’Etat français, en Indochine puis en Algérie1Notons que les va-t-en guerre sévissaient déjà car c’est un parlement présidé par Guy Mollet, SFIO (ancêtre du PS), qui vota les pouvoirs spéciaux, proposition soutenue par les députés du PCF, pour que le gouvernement mène la guerre en Algérie. Deux ans après, de Gaulle prend le pouvoir, amplifiant une guerre qui a coûté la vie à plus d’un million d’Algériens et d’Algériennes et de 200 000 Français, soldats et civils., et dont les vers célèbres restent d’actualité : « S’il faut verser le sang, aller verser le vôtre, messieurs les bons apôtres, messieurs qu’on nomme grands ».