Fabien Roussel au secours d’un régime en perdition
« Notre Ve République », « Respect des institutions », « Refaire une beauté à la constitution »...
- France
La vie politique française est aujourd’hui simplifiée à l’extrême. Déjouant les enfumages habituels des politiciens et des médias, des dizaines de millions de citoyens distinguent clairement les camps en présence. Deux camps très inégaux partagent l’opinion publique, dans l’effervescence politique générale qui ébranle le régime.
– Le camp ultra-minoritaire de Macron est le camp de la légalité constitutionnelle. C’est le camp de la retraite à 64 ans, celui des exploiteurs, des esclavagistes modernes, insensibles aux souffrances de ceux qui vivent de leur travail. Le banquier-président Macron comme Larcher, président du Sénat (plus de 10 000 euros mensuels de retraite) décrètent que le peuple travailleur doit se sacrifier…pour les marchés financiers, les spéculateurs, les riches. Et pour verser 413 milliards d’argent public aux productions de guerre.
Répétons-le : toute la brutalité des actions de Macron et Borne est légale, constitutionnelle. Articles 44, 47, 49, qui baillonnent, piétinent, congédient les parlementaires, mais aussi 12, 16, 34, 38 et autres : ce régime tout entier officialise la tyrannie du pouvoir exécutif. La constitution a été rédigée pour mettre fin au « régime d’assemblée », hérité de la révolution française, dénoncé en 19581Voir le discours du rédacteur gaulliste de la Constitution, Debré, devant le Conseil d’État, le 27 août 1958, contre le régime d’assemblée, « impraticable et dangereux »..
– Le second camp, ultra-majoritaire, est celui des travailleurs, du mouvement ouvrier, du peuple, de tous les citoyens et citoyennes de progrès scandalisés par l’escroquerie, la cruauté de la réforme Macron.
A cette immense majorité de 80 % (incluant selon les sondages 50 % des électeurs macronistes), la minorité présidentielle ose rétorquer : la constitution, c’est la démocratie, le 49-3 c’est la constitution, soumettez-vous à la loi.
Cette légalité constitutionnelle, ce régime du 49-3 despotique, le peuple français la récuse, la disqualifie, la vomit ; c’est à juste titre que Macron est apparenté à Louis XVI, à son arrogant « Bon plaisir ». Monsieur Veto, comme Macron, bravait la majorité et ses représentants, jusqu’à ce qu’il soit renversé. Comme Louis XVI, Macron proclame : « C’est légal parce que je le veux »
Les « vainqueurs » du 49-3 se cachent du peuple
Veut-on une preuve tangible de « l’ambiance crépusculaire » de ce régime honni ?
La presse le rapporte : les « vainqueurs » constitutionnels, les godillots macronistes, couverts de honte, se cachent. Ils sont « perdus, déboussolés », « sonnés », « groggy ». Les ministres sont invités par Borne à annuler déplacements, déjeuners, rendez-vous. « “Tout le monde fouette”, rapporte un député macroniste qui, comme ses collègues, a reçu un coup de fil du préfet pour le dissuader de s’afficher trop ostensiblement dans sa circonscription »2Mediapart, 19 mars.
Les analystes , les historiens ne s’y trompent pas : « Il y a une opposition de plus en plus forte entre la légitimité institutionnelle et la souveraineté populaire »3Jean Garrigues, président du Comité d’histoire parlementaire et politique, cité par “Le Monde”.
Ce que constate L’Insoumission, expression en ligne de LFI :
« Après le 49-3, la France s’enflamme contre la Ve République ».
En résumé donc, cette évidence simple : d’un côté la souveraineté du peuple, de l’autre la « légalité constitutionnelle », les institutions, Macron.
Roussel appelle au respect d’institutions…despotiques
Ce n’est pas l’avis de Fabien Roussel, l’ex-candidat de division du PCF aux présidentielles.
Sitôt asséné le 49-3 de l’exécutif, il fait aux micros le 16 mars cette étrange déclaration : « Le gouvernement n’est pas digne de notre Ve République ».
Quand le 20 mars, par le fonctionnement régulier des institutions autoritaires, la motion de censure est repoussée à 9 voix près, quand ces institutions anti-démocratiques permettent à Borne et Macron de proclamer qu’ils ont la loi et la démocratie pour eux, quand spontanément, indignés, des milliers de citoyens, de jeunes, affluent sur les places de toutes les villes, quand Darmanin lance sa police contre les démocrates au nom du respect des institutions, Roussel déclare :
« Nous ne répondrons pas par le chaos, nous nous inscrivons dans le respect des institutions ».
Comment comprendre ?
Macron respecte scrupuleusement toutes les institutions de la Ve République (49-3, engagement de la responsablité, Conseil constitutionnel) pour imposer la réforme cruelle des capitalistes aux salariés !
Si Roussel appelle au « respect des institutions », n’est-ce pas inviter à la soumission à la «légalité » de la Ve République – qu’il ose appeler « notre » Ve République ?
Notre sécurité sociale a été attaquée vingt fois par leur Ve république, nos droits du code du travail sont agressés constamment par leur Ve république, nos hôpitaux sont ravagés par leur Ve République, nos retraites sont volées, escroquées par leur Ve République, et voici que le dirigeant du PCF demande aux travailleurs de se rallier à la constitution monarchique de De Gaulle, qui fournit à Macron tout son arsenal ? Roussel se contente de concéder qu’il faudra « refaire une beauté à la constitution »(23 mars), en supprimant le 49-3.
En attendant, puisqu’il appelle à s’en tenir au « respect des institutions », que propose-t-il aux millions qui, dans les heures qui suivent le 49-3, ont explosé de colère, à ceux qui, dans les heures suivant « l’adoption » régulière, institutionnelle de la réforme, ont déferlé dans les rues ?
Roussel prend la tête de la cohorte, très respectueuse des institutions, qui brandit la priorité du « Referendum d’initiative partagée (RIP) », article 11 de la Constitution. ..Qui pourrait avoir lieu dans 18 mois.
La supercherie de Balladur et Sarkozy : le RIP
Les mensonges de Macron et des siens ne suffisent-ils pas, faut-il ajouter des mensonges de « gauche » ?
« Nous demandons la suspension de cette réforme pour 9 mois, le temps de récolter les 4,7 millions de signatures »(17 mars). Roussel ment, et il ment deux fois dans cette phrase.
La fable du referendum fait bien rire la presse patronale, bourgeoise : « Prévu par l’article 11 de la constitution, cette initiative référendaire est en effet une course d’obstacles, instituée par le comité Balladur sur la révision de la constitution en 2008 ».
Voici ces obstacles : « (L’article 11) a justement été prévu pour que la procédure n’aille pas à son terme (…). Les délais sont les suivants : un mois pour l’examen par le Conseil constitutionnel, 9 mois pour le recueil des signatures (soit environ 4,9 millions), puis six mois pour qu’Assemblée nationale et Sénat examinent la proposition . Ce n’est que si, au terme de ce délai, l’une ou l’autre des chambres ne s’est pas prononcée que le président de la République est obligé de soumettre le texte à referendum »4“L’Opinion”, journal du capital financier, 21 mars, « Réforme des retraites : un RIP propice aux fake news ».
Le second mensonge de Roussel consiste à « promettre » la suspension de la réforme pendant ces démarches.
C’est faux, affirment les juristes : « Le RIP n’aura pas d’effet suspensif »5Idem « Si le RIP est accepté, la loi pourra malgré tout être promulguée »6« Le Monde », « Pourquoi le RIP a peu de chances de bloquer la réforme ».
Pourquoi Roussel a-t-il besoin de tromper les citoyens, d’appeler à lâcher la proie pour l’ombre, d’agiter la chimère d’un article 11 aussi despotique que le 49-3, voie de garage pour le mouvement actuel, qui veut le retrait maintenant ?
Empêcher par tous les moyens la défaite de SA Cinquième république ? Comme sa candidature de division a empêché les Insoumis d’arriver au second tour des présidentielles ?
Quels intérêts sert-il, en ressassant le respect des institutions soumises à Macron, quand les institutions de Macron oppriment et piétinent le peuple travailleur ?