Monsieur Macron rêve…

Hué lors de tous ses déplacements, Emmanuel Macron, à l’image de tous les petits monarques juchés bien haut sur leur trône vacillant, feint de ne rien voir. D’autres, plus avisés, l’avertissent d’une situation où « au rejet du pouvoir s’ajouterait un rejet des institutions »…

Macron hué à Selestat, et pris à partie (ici par une syndicaliste) à Sélestat, (Bas-Rhin), le 19 avril (photo Ludovic Marin / AFP)
Par la rédaction d'IO
Publié le 25 avril 2023
Temps de lecture : 2 minutes

Avec ses sourires de benêt affiché alors qu’il est hué lors de tous ses déplacements médiatisés et archi-protégés, ou avec sa matraque Darmanin, Emmanuel Macron caresse le fol espoir que tout ceci n’est qu’un mauvais moment à passer, qu’on s’en lassera, que tout finira par rentrer dans l’ordre.

Avec Mme Borne, il rêve qu’avec les Roussel et les Cazeneuve, très attachés à la défense des institutions de la Ve République, qui l’aideront à contenir les prétendues « outrances de LFI », les dirigeants syndicaux finiront par faire comme d’habitude ou qu’ils se fourvoieront dans des opérations politico-sociétales du type « référendum d’initiative partagée » (Rip), justice sociale ou autres, que son ami Darmanin cassera brutalement ou judiciairement les récalcitrants… Pour pouvoir continuer à marche forcée ses « réformes » contre la classe ouvrière et le peuple.

A l’image de tous les petits monarques juchés bien haut sur leur trône vacillant, il feint de ne rien voir, détourne pudiquement les yeux et jette des miettes ici et là. Il ne sera pas le premier à être frappé de plein fouet par la réalité. Qu’il soit un fervent admirateur de Louis XVI, balayé par la Révolution, devrait le faire réfléchir. Mais ces gens-là, dans leur bulle, ne réfléchissent pas vraiment.

Habités par leur destin personnel, poussés par ceux qu’ils servent et qui en tirent des profits colossaux (jusqu’au moment où ils les lâchent en rase campagne), ils s’estiment investis pour « le bien de la France » ! Ils estiment avoir tout pouvoir que leur confère l’Etat. Il y a au moins une chose qu’ils ne peuvent pas faire, c’est effacer la réalité. D’autant que des millions en prennent conscience.

La réalité, c’est le rejet ultra-majoritaire, quasi unanime de sa « réforme », de ses recours aux procédés les plus antidémocratiques pour la faire passer contre l’immense majorité du peuple contre lequel il abat les armes de la répression, rejet qui se poursuit ces derniers jours sous la forme de ces manifestants venus avec des casseroles « défier » les ministres et Macron lui-même à chacun de leurs déplacements.

La réalité, c’est l’absence de majorité à l’Assemblée nationale qui aboutit à une série de revers dans la dernière période : sur la candidature à la tête de l’Ademe1Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, sur le report de l’examen de la LPM2Loi de programmation militaire, sur le projet de loi sur le « bien vieillir »

La réalité, ce sont les confédérations unanimes qui ont refusé de se rendre à sa convocation la semaine dernière. La réalité, ce sont des millions qui restent et resteront mobilisés comme en témoignera très vraisemblablement le 1er Mai.

La réalité, c’est le rôle de l’Etat et des institutions mises à nue.

La réalité, c’est, selon les mots du politologue Jérôme Jaffré, « une focalisation de toutes les hostilités sur sa personne. Ni le gouvernement ni la majorité ne le protègent. Il n’a d’autre protection que policière. Tout cela peut à terme déboucher sur une vraie crise démocratique où au rejet du pouvoir s’ajouterait un rejet des institutions (que l’on entrevoit déjà sur l’usage du 49.3), en particulier dans les jeunes générations. »

Même inquiétude de l’ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkzoy, Henri Guaino. Ceux-là ont parfaitement raison d’être inquiets.