Prix : les ménages paient la hausse des profits des industriels

Les deux tiers de l’inflation sont liés à la hausse des profits des industriels. Et les ménages les plus modestes et ceux avec enfants plongent dans la précarité, notamment, alimentaire…

La hausse des prix alimentaires a atteint les 16 % sur un an dans les supermarchés en mars (photo AFP).
Par Marie-Paule LEMONNIER
Publié le 28 avril 2023
Temps de lecture : 2 minutes

Alors qu’il y a un an, le prix des matières premières (céréales, métaux, carton…), transports et énergie flambaient du fait d’une importante spéculation sous prétexte de guerre à l’Ukraine, les prix actuels s’effondrent sur les marchés mondiaux.

Ainsi, la tonne de blé se négocie aux alentours de 250 euros, pour 350 en 2022, la tonne de colza est passée de 850 à 270 euros (Le Monde, 23 avril). La baisse des prix est également significative pour le gaz, certains métaux, le transport.

Pourtant, une inflation record sur les prix alimentaires est attendue pour les mois qui viennent. Montrés du doigt : les industriels, qui rechignent à renégocier les prix, empochant au passage des bénéfices records.

Ainsi, le groupe Avril, avec ses huiles de tournesol Lesieur, a vu son chiffre d’affaires augmenté de 9 % et ses bénéfices de 45 %, soit 218 millions.

Des profits en France et dans toute l’Europe

Produits alimentaires, produits d’hygiène, voitures… après avoir reçu des aides de l’Etat durant la crise Covid, les grands groupes industriels, face à la baisse des prix des matières premières, augmentent leurs marges bénéficiaires et participent de manière importante à l’inflation. Partout en Europe et aux Etats-Unis, note le journaliste du Monde, on constate une explosions des profits des grandes entreprises. Pour les économistes de la Banque centrale européenne : « Alors qu’en moyenne, sur la période 1999-2022, la hausse des profits ne contribuait que pour un tiers de notre indicateur inflation, sur l’année 2022, ils ont représenté les deux tiers. »

Les prix des matières premières s’effondrent !

Les conséquences pour les consommateurs sont redoutables. Dans une note de conjoncture publiée en mars, l’Insee prévoit une hausse des prix des produits alimentaires en juin 2023 de 15,4 %. Ensuite, selon les projections macro-économiques 2023-2025 de la Banque de France, l’augmentation des prix devrait ralentir, mais aucune baisse des prix n’est prévue à l’horizon 2025 (Franceinfo, 20 mars) alors que déjà,

selon l’Insee, 2 ménages sur 3 déclarent avoir changé leur mode de consommation depuis un an, principalement les ménages les plus jeunes, les plus modestes et ceux avec des enfants.

Entre 2021 et 2022, les volumes d’énergie (gaz et électricité) distribués ont diminué de 14 %, les achats en volume de la grande distribution ont diminué de 8,5 %. Les crédits à la consommation, les demandes de paiements fractionnés augmentent de façon significative alors que, selon la Banque de France, sur les 3 premiers mois de l’année, les inscriptions au fichier des incidents de remboursement des crédits aux particuliers sont en hausse de 20 %.

 

« Je vais être honnête : les prix alimentaires, ça va être dur jusqu’à la fin de l’été », (Emmanuel Macron)

La hausse des prix des produits alimentaires devrait se poursuivre. Après avoir atteint les 16,3 % dans les supermarchés en mars (sur 1 an), la hausse des prix dans les rayons devrait continuer sa course folle pendant encore plusieurs mois.

« Je vais être honnête : les prix alimentaires, ça va être dur jusqu’à la fin de l’été », a osé déclarer Emmanuel Macron dans un entretien accordé au Parisien du 23 avril, alors que sur un an, les prix de l’alimentation ont continué d’accélérer. Selon l’Insee, l’inflation a ainsi atteint en mars 5,7 % sur un an en France, tirée par l’envolée des prix des produits alimentaires (16 % en mars 2023). Les produits les plus touchés : les produits frais (+ 29 %), les pâtes, les céréales, la viande et les produits laitiers (entre 14 et 24 %).