« Un salarié comme les autres »

Les 100 plus grandes entreprises en France ont vu leurs PDG augmenter leurs salaires de 66 % en 10 ans.

Carlos Tavares (AFP). Assemblée générale des grévistes de Vertbaudet pour l’augmentation des salaires, le 23 avril (DR).
Par Lucien Gauthier
Publié le 6 mai 2023
Temps de lecture : 2 minutes

Les grands patrons comme Bernard Arnault ou Françoise Bettencourt Meyers possèdent des dizaines de milliards. Mais il y a leurs salariés. Les PDG sont des salariés.

Entre 2011 et 2021, les 100 plus grandes entreprises en France ont vu leurs PDG augmenter leurs salaires de 66 %. En 2011, le salaire d’un PDG était équivalent à 64 salaires moyens. En 2021, il a augmenté de 97 %.

Carlos Tavares, président de Stellantis (PSA Peugeot-Citroën et Fiat Chrysler), a déclaré : « Je suis un salarié comme les autres. » Comme les autres !

Tavares gagne 1 134 salaires moyens ! Il touche 66 millions d’euros de salaire. Et donc en 3 h 22, il gagne l’équivalent d’un salaire annuel moyen. Un salarié comme les autres.

Selon les chiffres officiels, il y a 9,3 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté.

Soit 17 % de la population qui touche moins de 1 065 euros par mois. Sur ces 9,3 millions touchant moins de 1 065 euros, la moitié perçoit 885 euros.

Monsieur Tavares dit qu’il est un salarié comme les autres. Parmi les 9,3 millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, il y en a 2 millions qui travaillent. Bref, qui sont salariés et qui, malgré cela, vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Morts au travail

Au moment où le gouvernement veut augmenter de deux ans  la durée du travail, on peut conclure que cela signifie augmenter encore le nombre d’accidents du travail.

En effet, les données d’Eurostat, l’office de statistiques de l’Union européenne, montrent que la France est le pays avec le nombre le plus important d’accidents mortels au travail : 3,53 pour 100 000 travailleurs, ce qui représente 790 décès, soit près du double de la moyenne des 27 pays membres de l’Union européenne.

En France, 780 000 accidents du travail non mortels, soit 3 000 accidents pour 100 000 travailleurs, c’est-à-dire deux fois plus que la moyenne des pays de l’UE.

En 2019 : 104 employés sont morts dans les transports et entreposages ; 49 dans les services des activités administratives ; 23 dans l’hébergement et la restauration ; 21 dans l’administration publique ; 21 dans l’hébergement médico-sociale ; 14 dans le spectacle.

Le secteur de la construction décompte 64 décès. L’industrie, 140. L’intérim, 55. L’agriculture, 27.

Dans le BTP, c’est un accident toutes les deux minutes.

La majorité des décès au travail concerne des jeunes de moins de 25 ans et les plus de 50 ans représentent 50 % des décès.

La déréglementation, les attaques contre l’inspection du travail, la précarisation, la réforme du Code du travail conduisent à une augmentation des accidents du travail.

L’augmentation jusqu’à 64 ans de l’âge de départ à la retraite va encore fragiliser les travailleurs et voir le nombre d’accidents augmenter.