« Choose France » : combien de milliards volés aux travailleurs ?

Alors que l’inflation continue de mettre en péril la vie quotidienne de millions de personnes, au sommet « Choose France », Macron poursuit sa politique de « président des riches » en déroulant le tapis rouge aux 200 patrons réunis : il leur a promis la poursuite de la baisse du coût du travail en France.

Lors du sommet à Versailles, le 15 mai (photo AFP).
Par Marie-Paule LEMONNIER
Publié le 18 mai 2023
Temps de lecture : 2 minutes

Etranglés par l’inflation. 79 % des Français se « serrent la ceinture », selon un récent sondage de l’institut Elabe. 82 % ne peuvent pas épargner à la fin du mois. 45 % ne partent pas en vacances. 8 Français sur 10 déclarent soit renoncer à acheter certains produits alimentaires, soit acheter en plus petite quantité, principalement la viande ou le poisson. « Ce comportement de renoncement ne fait que s’aggraver depuis un an », commente Bernard Sananès, président d’Elabe sur BFMTV le 11 mai (UFC-Que Choisir). Les profits des groupes du secteur agroalimentaire, eux, ont doublé en 2022.

C’est dans ce contexte que, la main sur le cœur et à grand renfort de publicité, le président Macron veut nous faire accroire qu’il va remédier à la situation dramatique des Français en diminuant les impôts des classes « moyennes » et en créant des « richesses ».

Mais encore une fois, tout n’est que mensonges et duperies

Interviewé le 15 mai sur TF1, Emmanuel Macron a tenté de défendre sa contre-réforme des retraites : « La réforme des retraites crée plus de richesses (…). Si on veut investir dans l’école, le système de santé, dans notre industrialisation, notre défense, il faut travailler plus longtemps. » Sauf qu’il n’y a investissement ni dans l’école, ni dans le système de santé. En revanche, les milliards seront trouvés pour le budget de guerre et pour les patrons.

« Il y aura des choses intelligentes à faire sur une partie des charges et cotisations payées en tant que salariés », a répondu le président de la République à une question du journaliste de TF1 sur les baisses d’impôts annoncées à grand renfort de publicité, qui seront donc en fait une baisse des cotisations sociales. Donc, encore moins d’argent pour la Sécurité sociale, mais une baisse significative du coût du travail.

Baisse du coût du travail, déréglementation

Un argument de poids qu’Emmanuel Macron a développé auprès des 200 patrons étrangers invités à Versailles, le 15 mai, au sommet « Choose France », auquel il ajoute celui de la déréglementation. Pour attirer les investisseurs, « on a baissé les impôts, on a baissé le coût du capital, on a baissé le coût du travail et simplifié les règles du travail »,  a-t-il déclaré lors de son interview sur TF1. Et, le même jour, dans L’Opinion : « Le millefeuille administratif, le partage des compétences est source d’inefficacité. Je suis favorable à un élément de dévolution, de déconcentration, de décentralisation et de clarification. »

Le sommet « Choose France » a été un grand succès, se félicite Emmanuel Macron, qui annonce 13 milliards d’euros d’investissements et la création de 8 000 emplois.

Elon Musk, dont la firme Tesla produit des automobiles de luxe, prévoit des « investissements significatifs ». « Malgré la crise des Gilets jaunes, malgré la guerre, malgré l’inflation, malgré les protestations, il y a une totale constance des politiques macroéconomiques », se réjouit Emmanuel Macron dans son entretien à L’Opinion.

Il s’agit là encore d’un écran de fumée. Par exemple, le groupe américain Mars annonce vouloir, dans ses usines françaises, innover en matière d’emballage durable et poursuivre sa transition écologique. De ce point de vue tout est à craindre, vu les déclarations du président, sur la nature des postes créés et sur leur précarité.

13 milliards d’investissements étrangers, mais combien de milliards volés aux travailleurs au profit du patronat via une déréglementation complète du travail et aux exonérations de cotisations ?