Colombie : un appel du président à la mobilisation pour des réformes populaires
Petro a rompu l’accord parlementaire avec la droite et a remercié six ministres, en appelant lors de la célébration du 1er Mai à la mobilisation populaire en défense des réformes de la santé, du travail et des retraites.
- Colombie, International
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Il existe de nombreux parallèles entre les situations vécues aujourd’hui en Colombie et au Brésil. Gustavo Petro a gagné les élections à partir du Pacte historique qui a réuni des partis de gauche et de centre-gauche, mais pour obtenir la majorité au Congrès, il a élargi l’alliance à des partis de droite (libéraux et conservateurs). Mais l’opposition de droite, liée aux derniers présidents, contrôle les grands médias et reste présente dans les institutions policières et judiciaires. Face aux réformes voulues par le nouveau gouvernement, une campagne a débuté, accusant le gouvernement Petro d’usage illégal « d’écoutes » contre des adversaires.
« Une réponse populaire cinglante »
Au lieu de rechercher un « centrão »1Le « centrão » désigne au Brésil un ensemble de partis de centre et de centre-droit, opposés au PT, notamment à l’Assemblée, Ndt. à la colombienne pour négocier, Petro a rompu l’accord parlementaire avec la droite et a remercié six ministres, en appelant lors de la célébration du 1er Mai à la mobilisation populaire en défense des réformes de la santé, du travail et des retraites.
« Une réponse populaire cinglante ». Tel est le titre de l’article du site de la Chaîne socialiste de Colombie (larosaroja.org) concernant la journée du 7 juin qui, dépassant toutes les attentes, a réuni plus de deux cent mille personnes à Bogota et qui s’est déroulée également dans deux cents autres villes du pays, contre les tentatives de « coup d’Etat en douceur » émanant des bureaux de l’inspection et du Ministère public général de la nation, et en défense des réformes populaires.
Dans son discours, Petro a, selon ses propres dires, inauguré une nouvelle phase de son gouvernement populaire.
Aux côtés de sa vice-présidente, Francia Marquez, il a affirmé : « Notre gouvernement doit être dans les rues, non pas dans les palais, il doit être entouré de gens simples. Dès à présent, il doit y avoir des assemblées populaires dans toutes les municipalités et qui prennent des décisions dans leurs territoires. Tout ministre doit obéir au mandat populaire, sinon il doit s’en aller. »
Sur les menaces de « coup d’Etat en douceur », Petro a rappelé ce qui s’est produit au Pérou pour avertir que « s’ils osent violer le mandat populaire, le peuple de Colombie sortira de chaque coin, de chaque rue et localité pour défendre de ses mains sans taches, dans la joie et sans violence, la victoire et le mandat populaire ; ici, il ne se passera pas ce qui a eu lieu avec Pedro Castillo », se référant au président du pays voisin, victime d’un coup d’Etat et aujourd’hui incarcéré.
Quant au Congrès, Petro a demandé « qu’ils approuvent les réformes qui garantissent les droits du peuple colombien, les réformes approuvées par le peuple dans les urnes », celles-là mêmes qui sont nées de « la base de la nation colombienne », a déclaré le président, « c’est un mandat populaire pour un travail digne, une santé gratuite et pour tous, une retraite décente ».
A la fin de son discours, Petro a souligné : « Le peuple manquait dans les rues, ils pensaient qu’il était assoupi après avoir gagné les élections, ils vont à présent sentir le peuple avec plus de détermination. Les gouvernements décident sur la terre, l’eau, les ressources publiques. Que le peuple parle, qu’il prenne des décisions, car le gouvernement sera à votre service. N’ayez pas la paresse de ne pas descendre dans la rue. La Colombie sera au peuple travailleur, sans intermédiaires, pour forger une alliance étroite entre le gouvernement et le peuple. »
Un exemple pour le gouvernement Lula, aujourd’hui otage des machinations du « centrão », mais aussi pour les partis et les organisations populaires et syndicats qui semblent avoir la paresse de descendre dans les rues du Brésil.