Remettre en cause la liberté d’installation des médecins ?
Les conséquences du manque de médecins en France sont catastrophiques. Les seuls et uniques responsables de cette situation, ce sont le gouvernement actuel et ses prédécesseurs, qui ont créé et maintenu le numerus clausus
- Actualité politique et sociale, Santé
Médecine de ville et hôpital, médecine, chirurgie, maternité, psychiatrie, médecine du travail, médecine scolaire… Aucun secteur n’est épargné. Aucune région n’est épargnée. Selon Agnès Firmin Le Bodo, ministre chargée de l’Organisation territoriale et des professions de santé, 87 % du territoire national est en désert médical. En 2018, la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) estimait à 50 jours le délai de consultation pour un cardiologue ou un ophtalmologue, 60 jours pour un dermatologue, et chacun sait d’expérience que les délais sont plus longs aujourd’hui.
Les sociétés d’intérim médical sont florissantes et facturent des sommes exorbitantes aux hôpitaux (dont les médecins n’en ont qu’une petite partie) qui n’ont pas d’autre choix que l’emploi des médecins intérimaires. Le plafonnement des rémunérations des médecins intérimaires exigé par le ministre est responsable d’une aggravation des fermetures de services, principalement d’urgences et de chirurgie et des maternités.
Le gouvernement propose des solutions, toutes dangereuses pour les patients
- Filtrer les passages aux urgences sous forme d’appels obligatoires au 15 ;
- se passer de médecins en faisant faire à des professionnels de santé des actes médicaux : infirmières en pratiques avancées, actes de radiologie…
- développer la télémédecine. Outre la question de la qualité de la consultation médicale, il s’agit d’une privatisation rampante de la médecine. Ainsi, le groupe Ramsay propose, moyennant un abonnement de 11,90 euros par mois, l’assurance d’un accès 24 heures/24 et 365 jours/365 à une téléconsultation. Le Conseil national de l’Ordre des médecins s’est élevé contre cette pratique, mais, en même temps, la SNCF vient de passer un appel d’offres pour équiper les gares de cabine de téléconsultation.
Les seuls responsables : ce gouvernement et ses prédécesseurs
Récemment, a été discuté à l’Assemblée nationale un amendement (finalement non voté) visant à limiter la liberté d’installation des médecins. Cette solution, régulièrement évoquée, pose plusieurs questions. Dans la mesure où, de l’aveu même de la ministre Agnès Firmin Le Bodo, la quasi-totalité du territoire est un désert médical, on peut douter de son efficacité. La seule chose qui reste à répartir, c’est la pénurie.
Et surtout, c’est encore une fois montrer du doigt les médecins, responsables d’hésiter à s’installer dans un territoire sans hôpital de proximité, sans école pour leurs enfants, sans service public digne de ce nom. Et ils seraient responsables de la pénurie de médicaments et du déficit de la Sécurité sociale en prescrivant trop de médicaments et d’arrêts de travail.
Les seuls et uniques responsables de cette situation dramatique pour des millions de Français, ce sont le gouvernement actuel et ses prédécesseurs, qui ont créé et maintenu le numerus clausus. Actuellement, même si le nom a changé, le numerus apertus prévoit la formation de 51 000 médecins en cinq ans (chiffre du gouvernement), alors que 60 000 médecins en activité ont plus de 60 ans et sont donc susceptibles de partir à la retraite dans les cinq ans. Clairement, le compte n’y est pas et ce gouvernement n’a aucune volonté politique de trouver une solution à la pénurie de médecins. Au contraire.