Après l’exécution de Nahel : offensive débridée contre LFI, répression féroce des jeunes

Après plusieurs jours de révoltes, le gouvernement continue de chercher des boucs émissaires pour masquer sa propre responsabilité. Et les comparutions immédiates se succèdent à un rythme effréné.

Elisabeth Borne, Emmanuel Macron et Gérald Darmanin lors de la cellule interministérielle de crise du 30 juin (photo AFP)
Par Jo Calathea
Publié le 4 juillet 2023
Temps de lecture : 2 minutes

Après l’exécution du jeune Nahel par un policier, après plusieurs jours de révoltes, le gouvernement continue de chercher des boucs émissaires pour masquer sa propre responsabilité.

Et décidément, il ne se lasse pas de tenir les députés LFI pour responsables. À l’Assemblée, le 4 juillet, Élisabeth Borne déclare : « Pendant que vous donnez des excuses aux délinquants, nous cherchons des solutions. »

Quelles solutions ? La répression tous azimuts ? Les comparutions immédiates de centaines de jeunes qui se voient envoyés en prison pour l’exemple ? La proposition du président Macron de sanctionner financièrement des familles déjà prises à la gorge par l’inflation et le chômage ?

Et la Première ministre d’ajouter : « Quand vos députés refusent d’appeler au calme, vous sortez du champ républicain. » Pas un membre du gouvernement n’a eu la moindre réaction au communiqué des syndicats de police Alliance et Unsa qui appelle à faire la « guerre » aux « nuisibles », et quand les députés LFI ne cessent d’exiger à longueur de journée, sur les plateaux de télévision, dans les réunions de circonscription, dans leurs communiqués, la réouverture des services publics dans les quartiers populaires comme réponse politique permettant l’apaisement, l’exécutif les qualifie d’« antirépublicain » ?

Qui s’en prend à la République, si ce n’est ceux qui démantèlent jour après jour, méthodiquement, l’école, l’hôpital public, la justice pour satisfaire les intérêts d’une infime minorité contre l’immense majorité de la population ?

 

Prison ferme pour avoir « volé » de la nourriture

Depuis le début des révoltes, les comparutions immédiates se succèdent à un rythme effréné. 3 200 gardes à vue et, sur les 260 personnes jugées en comparution immédiate, au moins 120 ont été écrouées (BFMTV le 3 juillet) avec des peines de prison ferme allant de 4 mois à 18 mois.

À Marseille par exemple, 31 dossiers ont été traités en une journée (Le Parisien, 4 juillet). Cela fait une moyenne de 15 minutes par dossier. L’avocat Rafik Chekkat, spécialisé en libertés publiques, ayant assisté aux procès à Marseille, témoigne : « On juge à la chaîne en fonction du climat davantage qu’en fonction des éléments matériels. »

Et les peines sont lourdes car il faut faire des exemples :

– « Un homme, 58 ans, déclaré coupable de recel pour avoir ramassé des objets au sol, 3 heures après les pillages… Du jamais vu » commente-t-il.

– « 4 mois de prison ferme pour une jeune femme de 19 ans rentrée dans le magasin Snipes sans avoir rien pris ; 1 an ferme pour des vols de nourriture au Monoprix ; 10 mois ferme pour un étudiant pour le vol de deux pantalons ; (…) un an avec sursis pour (3 jeunes hommes) » alors que « la vidéo montre qu’ils ne sont pas entrés dans le magasin. Ils ont sans doute touché des objets mais rien n’indique qu’ils les aient pris ».

Beaucoup de jeunes (environ 30 % de mineurs, selon BFMTV), beaucoup n’avaient pas de casier judiciaire, mais dans cette frénésie punitive, difficile de prendre le temps de s’arrêter sur la situation personnelle de chacun des accusés. Il faut juste dissuader les autres pour calmer la colère. Comme avec les Gilets jaunes, comme avec les manifestants qui se sont mobilisés ces dernières années contre la politique du gouvernement Macron.

Et ce dernier annonce aujourd’hui à la presse (4 juillet), comme un mantra : « Le pic est passé »… Après avoir émis l’idée hier de « sanctionner financièrement et facilement les familles dès la première infraction », pas sûr que la colère soit terminée !