« Mode dégradé » à l’hôpital : à la fin, ce sont quand même des gens qui meurent !

Avant le Covid, les ARS et les directions d’établissement parlaient de « mode dégradé », mais sans oser l'écrire. Depuis, elles semblent décomplexées et produisent des circulaires dans cet objectif précis...

Dans un service de l’hôpital de Brie-sur-Marne (photo AFP).
Par Cédric Volait
Publié le 17 juillet 2023
Temps de lecture : 2 minutes

Le gouvernement et ses relais sur le terrain se servent du chaos qu’ils ont eux-mêmes créé pour mettre en place des mesures, prétendument correctives, qui vont encore aggraver la situation. C’est quoi un hôpital en mode dégradé ? Le fait que l’expression existe est déjà très grave !

Accepter le « mode dégradé » ?

On n’accepterait jamais de prendre un avion en mode dégradé. Pourquoi l’accepterait-on à l’hôpital ?

Le mode dégradé, cela signifie qu’on bricole, qu’on n’est pas ouvert tout le temps et qu’on ne peut pas soigner tout le monde. Il ne faut pas se raconter des histoires. C’est quand même l’État qui se retire et qui n’assure plus sa mission d’accès aux soins pour tous et partout !

Réduire les horaires d’accueil pour les malades

M. Braun, pour justifier cette désorganisation généralisée a expliqué récemment qu’il veut faire « du sur-mesure localement ». On ne peut pas faire du sur-mesure localement quand on n’arrive plus à faire venir des médecins à cause de la loi Rist ou du fait du manque d’étudiants formés. On ne peut pas faire du sur-mesure quand il y a une fuite énorme des personnels tellement les conditions de travail se sont dégradées. Le sur-mesure devient simplement : « Mettons-nous d’accord pour savoir à quelle heure ça ferme. »

Des patients moins malades qui surveillent les autres

Cela signifie que dans un service où tu dois faire la toilette des patients, tu la fais un jour sur deux, un jour sur trois voire une fois par semaine. Des patients dans un couloir, c’est un mode dégradé. Dans certains établissements, il y a tellement de brancards dans les couloirs que ce sont les patients les moins malades qui surveillent les autres. Et quand un patient reste sur un brancard vingt-quatre heures, surtout s’il est fragile, il y a ce qu’on appelle « une perte de chance ». Et à la fin, ce sont quand même des gens qui meurent !

Ne pas s’habituer ! S’organiser !

Par contre, on peut être certain que si M. Macron, M. Braun, ou leur famille, arrivent aux urgences et qu’on les met sur un brancard, ils ne resteront pas vingt-quatre heures. Mais pour la grande majorité, le mode dégradé les percutera dans leur chair !

C’est quand même scandaleux dans un contexte où il y a eu 413 milliards dégagés pour la guerre, et que cela n’a posé aucun problème ! L’anormalité ne doit pas devenir la norme ! Il ne faut surtout pas le banaliser et il ne faut surtout pas s’y habituer !

Organisons partout la résistance contre les véritables casseurs des services publics et pour gagner sur nos revendications !