Remaniement : Macron continue de dérouler sa politique brutale contre la population

Guerre, répression, "arc républicain", chômage et précarité... Il persiste et signe.

(photo AFP)
Par Victor Cayeux
Publié le 25 juillet 2023
Temps de lecture : 3 minutes

Minoritaire à l’Assemblée nationale, rejeté dans le pays mais en capacité de faire passer sa politique grâce aux institutions et aux alliances de circonstances, le nouveau gouvernement nommé par Macron autour de Borne est finalement connu, mais après une longue incertitude… Macron sait, après six mois d’intense lutte de classe sur les retraites, que le potentiel de résistance à son offensive est toujours là. De là vient son isolement, produit de son aspiration réaffirmée à continuer de dérouler sa politique brutale, et du champ de mines devant lui, du risque de nouvelles explosions.

Les commentateurs ont tous noté que le remaniement marque le resserrement autour des plus fidèles, des plus hargneux, pour poursuivre, au nom d’un prétendu « arc républicain », la même politique de destructions et d’explosion des droits. Parmi les principaux noms retenus : Gabriel Attal, dont la seule expérience en rapport avec l’Education nationale consiste à avoir savamment supprimé des postes d’enseignants comme ministre du Budget, en plus d’être l’inspirateur du Service national universel, ou encore Aurore Bergé, ministre des Solidarités, passée maître dans l’art du tout justifier, qui obtient enfin son maroquin avec la mission de mettre en œuvre le travail forcé pour les bénéficiaires du RSA… Ou encore Sabrina Agresti-Roubache, ministre en charge de la Privatisation de la Ville.

Préparation de la guerre, avec un budget pharaonique

Quelques jours après son resserrement ministériel, Emmanuel Macron donnait lundi depuis Nouméa sa première interview. Au programme ? « L’ordre, l’ordre, l’ordre », annonce-t-il.

Il se félicite de sa loi de programmation militaire qui « multiplie par deux le budget de nos armées ». Et il précise que sa présence en Nouvelle-Calédonie s’inscrit aussi en rapport avec la mission Pegasus 23, nouvel exercice militaire de déploiement d’avions Rafale. Zone, rappelle-t-il, dans laquelle la Chine et les Etats-Unis se déploient de plus en plus… L’ordre macronien, c’est donc d’abord poursuite et préparation de la guerre, avec un budget pharaonique !

Interrogé à la suite de l’interview du directeur général de la police nationale, qui estime que la place d’un policier auteur de violences n’est pas en détention provisoire, il se refuse à « commenter une décision de justice ».

Se félicitant, au lendemain des révoltes de jeunes, d’« une réponse judiciaire implacable », il salue la police et le ministre de l’Intérieur pour leur « travail remarquable ». 28 policiers faisant l’objet d’une enquête de l’IGPN, en deux semaines, une peccadille…

9 millions de Français sont en situation de privation matérielle

Il déclare aussi que « notre pays a besoin d’un retour à l’autorité », avant, à nouveau, de fustiger les familles jugées fautives… Qui veut être convaincu du chaos social dans lequel des milliers de familles sont plongées sous son autorité à lui le lira pourtant ci-contre : 9 millions de Français sont en situation de privation matérielle.

Comme le déclare Mathilde Panot, « Emmanuel Macron pointe du doigt les familles monoparentales en les mettant en cause de façon indigne. Qu’il commence à balayer devant sa porte. L’Etat a la responsabilité de 400 000 enfants placés à l’Aide sociale à l’enfance. »

Son bilan est en effet catastrophique. Les records sont battus dans le développement de la pauvreté en France. A ces familles étranglées, incapable de joindre les deux bouts, il annonce qu’il assume pleinement l’augmentation des 10 % des tarifs de l’électricité, qui vont plonger encore plus de familles dans le dénuement. Le tout avec une ambition : « Revoir notre politique de répartition des difficultés », dit-il. Tout un programme !

Remise en cause des libertés démocratiques, des acquis sociaux

Le président Macron ose prétendre améliorer l’Education nationale au prix de nouvelles mesures de liquidation du statut, ose promettre des professeurs enfin remplacés, au mépris de la réalité de la destruction de l’enseignement à laquelle il entend condamner des centaines de milliers de jeunes (voir ci-contre).

A ceux qui veulent résister face au chaos dans lequel il les plonge, le nouveau gouvernement Macron, toujours conspué, honni à l’issue des cent jours, promet son « ordre ». L’ordre arbitraire de sa politique de remise en cause des libertés démocratiques, des acquis sociaux, qu’il entend bien poursuivre.

Dans ce contexte, la perspective que s’agrège autour de LFI sur un axe de rupture, sur un axe de résistance regroupant travailleurs et jeunes, lui est plus que jamais intolérable. Cette perspective lui est d’autant plus intolérable qu’elle se combine avec un rejet massif de sa politique par la population de ce pays.

 

Le vrai bilan de Macron

D’après une étude publiée jeudi par l’Insee, neuf millions de personnes étaient en situation de privation matérielle et sociale en 2022, soit 14 % de la population de France métropolitaine. C’est le plus haut niveau depuis 2013, première année où elle a été mesurée (France Inter, 20 juillet).

On apprend notamment dans cette étude que 10 % des Français n’arrivent plus à se chauffer (contre 5 à 7 % auparavant) ; 24,4 % ne peuvent se payer une semaine de vacances (contre 22,3 % en 2019), etc.

30 % des familles monoparentales sont concernées, 20 % parmi les couples avec trois enfants ou plus. 27 % se sentent exclus de la société…