Congé parental : Aurore Bergé s’attaque aux plus précaires

Sous couvert de progrès, le gouvernement souhaite encore une fois s’en prendre aux plus précaires et, au passage, remettre en cause la Sécurité sociale de 1945.

Selon une étude de la Drees parue en février 2023, si les parents pouvaient trouver un mode de garde en crèche, ils ne seraient plus que 36 % à opter pour la garde de leur enfant.
Par Soriane Frid
Publié le 5 août 2023
Temps de lecture : 2 minutes

« Il est institué une organisation de la Sécurité sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent. »

Je tiens à introduire mes propos par l’article 1er des ordonnances du 4 octobre 1945 portant la création de la Sécurité sociale pour parler de l’annonce d’Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles, sur le congé parental (dont elle veut réduire la durée pour prétendument en augmenter le montant, qui est actuellement de 428,71 euros par mois).

Plus de la moitié des enfants sont gardé par un de leurs parents

La Sécurité sociale de 1945 était destinée à protéger les travailleurs et leur famille de tous les aléas de la vie. La parentalité étant un événement dans une vie, il est normal que la Caisse d’allocations familiales (CAF) dépende de la Sécurité sociale. Le congé parental existe pour permettre et laisser le choix aux parents de pouvoir garder leur(s) enfant(s) dans les premiers mois de leur vie (un an renouvelable deux fois jusqu’au 3e anniversaire de l’enfant).

Aujourd’hui, plus de la moitié des enfants sont gardés par un de leurs parents au moins jusqu’à leurs trois ans (56 % en 2021). Pour les parents ayant recours au congé parental, ils ne perçoivent qu’une allocation de moins de 430 euros par mois. Sacré sacrifice financier ! Donc, il est aisément facile de comprendre que ce sont quasi exclusivement les femmes qui prennent ce congé. Dans un contexte où il faut faire bouillir la marmite, celui qui bosse est celui qui touche le plus.

Le manque de crèches

Mais n’allons pas croire que tous les parents, avec le prix des couches, ont fait ce choix de vivre avec un RSA. En effet, selon une étude de la Drees parue en février 2023, si les parents pouvaient trouver un mode de garde en crèche, ils ne seraient plus que 36 % à opter pour la garde de leur enfant.

Le problème est donc le mode de garde à disposition des parents. Dans cette même étude, on peut constater que seulement 20 % des enfants sont accueillis en crèche. Or la crèche est le mode d’accès le plus démocratique et accessible. Dans un contexte où le recours à une assistante maternelle peut coûter entre 800 et 1 000 euros qu’il faut payer avant de recevoir un remboursement, on comprend aisément que les familles au Smic renoncent à ce mode de garde qui est trop onéreux, même s’il existe une possibilité de prise en charge partielle par la CAF. Celle-ci, malheureusement, ne permet pas à ces familles d’autre choix que de prendre le congé parental.

Les familles les plus précaires sont pénalisées

Vous l’aurez compris, ce sont encore les plus précaires qui sont visés par ces annonces.

Sous couvert de progrès, le gouvernement souhaite encore une fois s’en prendre aux plus précaires et, au passage, remettre en cause la Sécurité sociale de 1945.

La ministre Bergé ferait mieux de financer des places en crèche supplémentaires. Elle peut aussi revaloriser le montant de l’allocation parentale ou en faire un revenu de remplacement au même titre que le congé maternité pour coller avec l’esprit de la Sécurité sociale !

Ce gouvernement veut s’attaquer à nos jeunes dès la sortie de la maternité ! Pas touche au congé parental ! Ouverture immédiate de crèches ! Que le congé parental redevienne un choix et non une contrainte !