Non, Macron n’a pas mis fin à la limitation du nombre d’étudiants en médecine

Rien n’est changé en réalité : pas un médecin de plus n’est formé, et ce d’autant plus que ce sont les facultés et les agences régionales de santé, sous la houlette du ministère de la Santé, qui fixent le nombre d’étudiants à former.

Des milliers de personnes ont à nouveau manifester à Carhaix. Le 18 mars, c’était contre la fermeture de la maternité, le 4 septembre contre la fermeture des urgences la nuit (Photo correspondant).
Par Dr Claude-Bernard Zeitouni
Publié le 8 septembre 2023
Temps de lecture : 2 minutes

Numerus clausus, numerus appertus, deux noms pour une même conséquence : des malades qui ne trouvent pas de médecins.

En 1967, plus de 53 000 étudiants étaient admis en médecine ; en 1971, lors de la première année du numerus clausus, ils étaient 10 000, pour 47 millions d’habitants ; aujourd’hui, ils sont environ 10 000 pour 65 millions. Les connaissances médicales ont progressé, on ne laisse plus un AVC à la maison maintenant, normalement…

Ce numerus clausus a été présenté aux médecins libéraux ainsi : soit on limite le nombre de médecins formés, soit on diminue vos honoraires. La réponse fut évidente pour les médecins déjà formés…

C’est pour diminuer l’offre de soins que fut mis en place le numerus clausus, et rien d’autre.

Le numerus clausus c’est-à-dire la limitation nationale du nombre de médecins en formation a pour conséquence l’actuel état de la démographie médicale. Déserts médicaux sur la quasi-totalité du territoire national, avec les conséquences que l’on connaît : fermetures de services, voire d’hôpitaux entiers, concours Lépine du remplacement du médecin débordé ou absent par des professionnels non médicaux ou des machines : infirmières en pratiques avancées (IPA) pour remplacer les médecins, cabines de téléconsultations dans les pharmacies ou les gares, assistants médicaux, blocages des accès aux urgences avec des centres 15 débordés.

Un leurre

Les autres professions soumises à un numerus clausus n’échappent pas à cette désertification : sages femmes, kinésithérapeutes, orthophonistes, infirmières…

Aujourd’hui, des malades meurent du fait de cette situation.

Depuis 2020, il n’existe plus de numerus clausus, mais un « numerus apertus » à savoir une limitation par faculté du nombre d’étudiants admis à poursuivre leurs études en médecine. Présenté comme une victoire par Macron et compagnie, c’est un leurre.

Rien n’est changé en réalité : pas un médecin de plus n’est formé, et ce d’autant plus que ce sont les facultés et les agences régionales de santé, sous la houlette du ministère de la Santé, qui fixent le nombre d’étudiants à former. Cette situation est aggravée par Parcoursup qui s’applique aux facultés de médecine et de science, filières où on peut désormais accéder aux études de médecine. Les facultés admettent un nombre d’étudiants « en fonction de leurs capacités d’accueil » à savoir des capacités qui se réduisent, et les ARS ont pour directive de réduire l’offre de soins.

Le résultat est que le nombre réel d’étudiants n’augmente qu’au compte-gouttes et le nombre de médecins en activité réelle continue à diminuer.

Rien n’est réglé, ni pour aujourd’hui ni pour demain. Seule l’abrogation totale du numerus clausus pourrait permettre un véritable changement dans la situation.

Les professionnels concernés ne peuvent seuls résoudre cette situation, il s’agit de quelque chose qui nous touche tous, de la naissance à la mort, et hélas même après parfois quand les familles sont laissées chez elles seules parfois plus d’une journée sans trouver de médecin pour signer un certificat de décès.