Police du vêtement, des coutumes, des croyances : colonialisme intérieur ?

Il n’est pas nécessaire d’être fin politique pour comprendre le calcul retors du monarque aux abois...

Emmanuel Macron et Gabriel Attal en visite dans un collège d’Orthez, le 5 septembre (Photo AFP).
Par Michel Sérac
Publié le 10 septembre 2023
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« Votre prénom est une insulte à la France » ; « les abayas et les qamis ne peuvent être portés en milieu scolaire ». La différence entre la provocation de Zemmour, condamné par la justice, et l’injonction Macron-Attal aux chefs d’établissement d’une discrimination des élèves sur leurs vêtements, c’est que la provocation vient du pouvoir.

Ce n’est pas seulement la vraie laïcité – tolérance, respect, apaisement – qui est bafouée, c’est l’héritage des Lumières. Le rejet des exactions policières des rois contre les protestants est fondateur des droits du citoyen : un million de personnes furent expulsées par les tyrans parce qu’elles ne priaient pas comme les « bons Français » .

Il n’est pas nécessaire d’être fin politique pour comprendre le calcul retors du monarque aux abois.

Quand le despote d’un régime autoritaire… et minoritaire affronte l’hostilité des salariés, l’insoumission de la jeunesse, la colère des médecins et la sanction des juges, quand il fourbit de nouveaux 49.3 contre la démocratie et les libertés, quand son quinquennat est éreinté au bout d’un an, comment continuer, se cramponner ?

En faisant remonter de l’époque honteuse, coloniale, comme les gaz putrides d’un marais stagnant, le tréfonds réactionnaire de la suprématie française, blanche et catholique, en cherchant, pour la xénophobie, la persécution, une majorité de façade. Préparer la loi sur « l’immigration » est l’objectif transparent des discriminations contre des élèves.

À l’heure où la Françafrique est vomie par les peuples, les démocrates ne laisseront pas s’installer un colonialisme intérieur.