Hôpital de Voiron : la population bouleverse le programme de l’inauguration
Certains n’y voyaient qu’une « inauguration festive » et l’occasion de « manger des petits fours autour d’un verre » ! Et pourtant…
- Actualité politique et sociale
Jeudi 14 septembre, près de 250 personnes ont répondu à l’appel de la Nupes de la 9e circonscription de l’Isère (tous les groupes d’action LFI avec le POI, les sections du PCF Voiron-Chartreuse, Fures-Morge, Terres-froides, Sud-Grésivaudan ; le groupe EELV de Voiron-Chartreuse ; la section PS du canton de Saint-Marcellin), de l’union locale FO de Voiron, du SNMH-FO (médecins hospitaliers), du syndicat CGT du centre hospitalier de Saint-Egrève et du collectif santé voironnais. La journaliste du Dauphiné libéré note : « L’occasion d’un satisfecit des responsables et des élus quant à cet écrin de soin tout neuf très attendu, sans pour autant nier les difficultés qu’il rencontre. Mais d’autres tenaient à se faire entendre et, alors que la CGT avait appelé au boycott, des membres de partis politiques, syndicats ou simples citoyens ont manifesté leur colère et leurs espoirs sur le parvis et au sein même de l’établissement, quitte à perturber ce moment festif. »
Une revendication claire et nette : « Des bras des lits » .
Deux ans après son ouverture, le « nouvel » hôpital compte 30 lits de moins que l’ancien et les urgences sont fermées la nuit. Parmi les discours sur le parvis, la lecture de la lettre ouverte d’un patient voironnais à la direction de l’hôpital et aux élus locaux qui, après avoir décrit sa situation dramatique, conclut : « J’ai eu de la chance, mais je me demande combien de personnes ont eu moins de chance que moi ? Combien de complications, de séquelles, voire de décès évitables ? Evidemment vous n’êtes pas coupables. Mais vous êtes responsables, vous êtes responsables de la santé de vos concitoyens, vous êtes élus pour assurer la sécurité de tous, dans tous les domaines. Bien sûr, les décisions sont prises au niveau national, mais vous n’êtes pas obligés de tout accepter, d’exécuter sans réfléchir. » Lors des discours dans le hall vitré de l’hôpital, les « officiels » pouvaient voir les panneaux brandis par les manifestants dont une partie avait réussi à entrer. Le Dauphiné libéré note encore : « Yannick Neuder, député Les Républicains et conseiller régional, (…), haranguait : “Alors oui, des bras des lits, on est tous d’accord ! Il n’y a pas d’un côté les gentils et les méchants, ce n’est pas Euro Disney !“ Le député était hué, tout comme Elodie Jacquier-Laforge, députée elle aussi mais dans sa circonscription, ici, à Voiron. L’élue qui a payé son appartenance au groupe Renaissance, autour du président de la République, a même été conspuée lorsqu’elle tentait de poser des mots sur la situation ». Auparavant, le président de la commission médicale de l’hôpital a fait part des regrets et des envies des soignants :
« Ce sont bien la moitié des lits de médecine entre 2018 et 2023 qui ont fermé, 20 à Saint-Laurent-du-Pont, 10 minimum à Rives et 30 à Voiron. Il en reste aujourd’hui 63 sur 130.
Nous vivons avec l’envie que l’avis médical, l’avis en un seul mot, soit suivi et que plus généralement les avis du terrain remontent. Ainsi la vie médicale, en deux mots, retrouvera toute sa dimension. Notre grand espoir est de pouvoir rapidement revenir à 90 lits de médecine, une salle supplémentaire d’intervention pour les urgences, un laboratoire et des services logistiques renforcés permettant d’ouvrir les urgences 24/24 pour pouvoir remplir notre mission. Ceci est un horizon atteignable, il ne manque pas grand-chose, c’est une question de volonté acharnée. » Le maire de Grenoble, Éric Piolle, président du conseil de surveillance de l’hôpital, le reconnaît en paraphrasant une célèbre réplique de film : « Pas de lit d’hôpital, pas de personnel médical ; pas de personnel médical, pas de malade ; pas de malade, pas de dépense, pas de dépense, pas de dépense, pas de dépense… Cela a été la philosophie de l’hôpital public en France, des centaines de milliers de lits ont été fermés, même pendant le Covid. » Les manifestants, eux, continuaient de scander : « Des bras, des lits » !