14 octobre : les 20 ans du diplôme de gynécologie médicale, acquis par la mobilisation des femmes

La parole à Marie Stagliano , coprésidente du Comité de défense de la gynécologie médicale (CDGM).

Le Comité de La Défense de la gynécologie médical, à Paris, en 2015, (Correspondant).
Par la rédaction d'IO
Publié le 1 octobre 2023
Temps de lecture : 3 minutes

Informations ouvrières a toujours suivi l’activité du Comité de défense de la gynécologie médicale (CDGM). Vous organisez un colloque le 14 octobre au Sénat. Peux-tu nous dire de quoi il s’agit ?

Marie Stagliano : Cette année 2023 est une date importante car elle marque les 20 ans du diplôme de gynécologie médicale, créé en 2003. Il faut revenir sur ce qui s’est passé et qui n’est pas banal. Rappelons-le, la gynécologie médicale (GM) avait été rayée de la carte des formations universitaires en 1987. Cette spécialité allait disparaître par extinction, c’était programmé. Et puis, il y a eu l’irruption des femmes qui n’ont pas accepté. Elles se sont organisées et elles sont parties au combat pour que cette spécialité indispensable à leur santé soit rétablie.
C’était en 1997. Une pétition est lancée, 3 millions de signatures, 3 manifestations nationales.
Des embûches, des chausse-trappes, il y en a eu. Pendant que le ministre de la Santé essayait de nous infuser une simple option dans un diplôme de gynécologie obstétrique (GO) – spécialité différente qui prend en charge les accouchements et les interventions chirurgicales –, les femmes continuaient imperturbablement d’exiger un diplôme de gynécologie médicale autonome, spécifique et distinct de la GO. Et elles ont tenu bon !

En 2003, résultat de cette mobilisation, le diplôme de GM était créé, la spécialité rétablie, après 17 années de suppression…

Or, 20 ans après, ce qui a été durement acquis est menacé. L’autonomie de la GM, condition indispensable de sa pérennité, est remise en cause dans le cadre de l’actuel Conseil national professionnel dont les missions sont capitales pour l’organisation d’une spécialité.

Comment va se dérouler ce colloque ?

M.S. : Nous voulons transmettre aux jeunes générations les acquis de cette bataille. Nous reviendrons sur l’histoire de cet immense acquis qu’est la GM, voulue, au moment de sa création, comme une spécialité destinée à rendre la vie des femmes plus confortable et à diminuer le nombre d’interventions chirurgicales. Aux côtés du CDGM, de jeunes gynécologues médicales, formées après 2003, prendront la parole pour dire comment elles exercent leur métier, quel est l’apport pour la santé des femmes. Des internes en GM expliqueront ce que représente pour elles cette spécialité et ce qui a motivé leur choix. Des parlementaires parleront du soutien répété apporté à ce combat afin que soient formés en nombre conséquent de nouveaux gynécologues médicaux. Ce travail régulier, mené année après année, permet aujourd’hui de compter plus de 1 000 nouveaux GM, depuis 2003. Un résultat appréciable pour une spécialité qui devait purement et simplement disparaître. Un résultat dont nous pouvons être fières. Même si, nous en sommes bien conscientes, l’arrivée de ces nouveaux GM ne compense pas les départs à la retraite qui s’accélèrent.

Aujourd’hui, 14 départements ne comptent plus aucun GM. Avec de graves conséquences pour les femmes : renoncement aux soins, diagnostics tardifs réduisant les meilleures chances, impossibilité pour les jeunes d’avoir accès à ces consultations dont elles ignorent bien souvent l’existence, etc.

Alors, ce 20 e anniversaire sera l’occasion pour le CDGM d’affirmer sa détermination à poursuivre et d’appeler les pouvoirs publics à leurs responsabilités pour que la GM puisse être à nouveau accessible à chaque femme et que soit garantie l’autonomie de cette spécialité, devenue partie intégrante des droits et de l’émancipation des femmes. Et l’occasion d’assurer la continuité de ce combat.

Pour tout contact et participation au colloque : cdgm.national@orange.fr

Cancer du sein : les mammographies de dépistage entravées par la diminution du nombre de radiologues

S’appuyant sur une étude de la Ligue contre le cancer, Franceinfo (26 septembre) révèle que seules 44,9 % des Françaises âgées de 50 à 74 ans ont réalisé leur mammographie en 2022. Parmi elles, plus d’un million de femmes ne se sont même jamais fait dépister. « Il y a une diminution du nombre de radiologues et un allongement des délais » pour les rendez-vous, indique la Ligue. « En Vendée, ça peut aller jusqu’à 6 mois d’attente. »

Avec près de 60 000 nouveaux cas et 12 000 décès par an, le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme en France et la première cause de décès par cancer. Pourtant, la maladie est guérie dans 9 cas sur 10 lorsqu’elle est dépistée à temps.