Cité La Beaucaire à Toulon : le combat des locataires

Des rappels de charges locatives pouvant aller jusqu’à 1 000 euros ! Les locataires regroupés en collectif sont soutenus dans l’unité par les partis de la Nupes.

Le collectif des locataires de la cité La Beaucaire devant la mairie de Toulon, le 29 septembre (Photo correspondant).
Par correspondant
Publié le 5 octobre 2023
Temps de lecture : 3 minutes

Les locataires des 1 800 logements sociaux de la cité La Beaucaire ont été assommés en mai par des régularisations de charges exorbitantes, certaines dépassant les 1 000 €. En cause, le quasi-doublement en 2022 des tarifs de l’eau chaude et du chauffage collectif par Toulon Habitat Méditerranée (THM), le bailleur social rattaché à la métropole TPM.

I mmédiatement des premiers regroupements ont lieu dans la cité, un collectif de locataires se constitue et se rassemble au-tour d’une page Facebook « Collectif Beaucaire » .

Les militants LFI de ces quartiers ouest de Toulon organisent des porte-à-porte, établissent des contacts, font une proposition de communiqué listant les revendications et proposant une initiative d’action.

Dès les premiers échanges, les animatrices du collectif affirment : « On veut bien, et même on souhaite que les partis politiques nous soutiennent, mais on ne veut pas de récupération. »

Les militants LFI proposent alors la tenue d’une réunion des partis constitutifs de la Nupes sur Toulon et leur adressent un courrier dans ce sens.

A l’issue de cette réunion, tenue fin août en présence d’une délégation du collectif des locataires, est adopté un communiqué commun LFI, EELV, PS, PCF, toujours avec le préalable affirmé par les animatrices du collectif : « C’est le collectif des locataires qui décide de toutes les initiatives d’action ». Lors d’une assem- blée de locataires sur la placette centrale de la cité, mercredi 27 septembre, est approuvée l’organisation d’une manifestation le jour du conseil municipal de Toulon vendredi 29 septembre, où siègent deux élus d’opposition, PS et PCF.

Premier recul de la mairie

A l’issue de cette manifestation, la maire de Toulon accepte de recevoir une délégation du collectif des locataires, et leur annonce que selon le président de THM (l’office public en charge de cette cité), la hausse des charges est bloquée, jusqu’à la tenue d’une rencontre pour établir les nouvelles conditions de calcul de ces charges.

Naziha, l’une des animatrices de ce collectif, déclare devant les manifestants rassemblés devant la mairie : « Nous n’avons pas encore gagné, mais c’est un premier recul important, produit de notre mobilisation et du soutien des partis politiques LFI, EELV, PS et PCF. Nous sommes là pour exiger le retrait des hausses de charges, mais pas seulement, il y a aussi les conditions de vie dans cette cité, sans entretien des bâtiments, ce qui en cause c’est notre dignité. Il faut arrêter de se laisser faire, on a des droits, on nous empêche de parler, mais maintenant on a décidé de prendre en main notre avenir, celui de nos enfants ! Nous exigeons, comme l’écrit le communiqué LFI, PS, EELV et PCF :

– La prolongation immédiate du délai de paiement de ces régularisations de charge.

– L’annulation de ces régularisations, un nouveau calcul sans la hausse injustifiée des tarifs chauffage et eau chaude 2022.

– Le remboursement des sommes aux locataires qui ont commencé à payer.

– Le respect des obligations du bailleur social pour l’information et les échanges avec les locataires ».

Le lendemain de la manifestation, le collectif a rédigé un communiqué de presse qui se conclut par : « Nous irons chercher encore plus nombreux les réponses à nos demandes auprès du président de THM » suivi par la liste des revendications.

 

« Non aux hausses, pour notre dignité ! »

La parole à Naziha, membre du collectif des locataires

Comment cette mobilisation contre les hausses a débuté ?

Naziha : Nous avons été choquées par les hausses de charges locatives qui nous ont été adressées en mai. Une de mes voisines un couple avec un jeune enfant devait payer 290 euros !

La représentante de l’association AVAL des locataires est venue nous expliquer qu’il ne fallait pas payer, mais en ajoutant que « ce n’est pas la faute de THM ».

Cette défense du bailleur, responsable de cette hausse, nous a plus qu’étonné, et on a compris qu’elle était en lien avec la mairie et THM. C’est là que j’ai fait la connaissance de Sonia, avec qui on a décidé de s’organiser nous-mêmes. On a organisé une réunion des locataires, où j’ai fait la connaissance de Palili, et toutes les trois, on a décidé de faire un groupe WhatsApp.

Ensuite, on a rencontré les militants de LFI qui nous ont aidées à rédiger un communiqué, puis ont décidé de faire une réunion avec les élus d’opposition PS et PCF de la mairie de Toulon, avec également EELV, élus d’opposition à la mairie de la Seyne où des cités sont également impactées par ces hausses de charges.

Cette réunion a bien précisé que les actions étaient sous le contrôle de notre association, les partis étant là pour nous aider, et elle a aussi bien listé nos revendications qui se résument à « non aux hausses, pour notre dignité ».

Quelle appréciation as-tu de cette mobilisation et de l’implication de LFI et des autres partis politiques ?

En vérité, je n’avais pas de culture politique. Mais depuis que je vis dans cette cité de La Beaucaire, l’accumulation des problèmes sur le plan local mais aussi sur plan national me fait poser beaucoup de questions. Par exemple, on entend dire que de l’argent est mis à disposition pour la politique de la Ville, mais où va-t-il ? En tout cas, pas dans nos cités. Et donc je me suis dit : y en a marre d’être spectateur, il faut devenir acteur de notre vie, de notre avenir.