La réalité n’est pas contournable. Pour personne.
Un tour d'horizon politique de la semaine écoulée.
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Après avoir reçu en grande pompe à l’Elysée le président ukrainien à la mi-février pour lui réaffirmer son « soutien indéfectible », le chef de l’Etat a réuni les chefs de partis politiques, jeudi 7 mars, pour leur déclarer que l’aide à l’Ukraine n’a désormais « aucune limite ».
Fabien Roussel, secrétaire général du Parti communiste français (PCF), a même lâché cette information à l’issue de la rencontre : « Le président (…) nous a appris que la Russie aujourd’hui demandait un cessez-le-feu (…). Et le président dit : nous ne pouvons pas accéder à la demande de la Russie. »
Dans son discours sur l’état de l’Union, le même jour, Joe Biden a déclaré face au Congrès américain : « Nous devons tenir tête à Poutine. (…) L’histoire nous regarde. Si les Etats-Unis se retirent maintenant, cela mettra l’Ukraine en danger. L’Europe en danger. Le monde libre en danger (…). »
Les États-Unis donnent le ton, la France s’exécute
Les Etats-Unis donnent le ton, la France s’exécute : et chaque jour qui passe voit le risque grandir que l’engrenage guerrier emmène à la catastrophe. Au point que même le pape François monte au créneau et déclare la semaine dernière, à l’encontre de l’Ukraine, qu’il faut avoir le « courage de hisser le drapeau blanc » et qu’il faut « négocier ». Pour le pape François, cette négociation doit éviter le « suicide du pays ». Difficile de lui donner tort…
En tout cas, une chose est sûre : la guerre, la marche à la guerre font le plus grand bonheur de l’industrie d’armement. Le journal patronal Les Echos (12 mars) indique que la France est devenue « le deuxième exportateur mondial d’armes », prenant la place de la Russie au classement des plus gros vendeurs d’armes au monde, selon le dernier rapport du Sipri1Stockholm International Peace Research Institute.. « Les importations d’armes en Europe ont quasiment doublé et loin de l’autonomie stratégique, la dépendance américaine atteint un sommet. ». En effet, 55 % des importations d’armes par les pays européens proviennent sur la période 2019-2023 des Etats-Unis (contre 35 % en 2014-2018).
Sans surprise, les Etats-Unis sont le premier exportateur d’armes au monde avec des livraisons vers 107 pays en 2019-2023, « soit plus qu’au cours de n’importe quelle autre période quinquennale précédente et bien plus que tout autre exportateur d’armes », a analysé le Sipri. « Les Etats-Unis ont accru leur rôle de fournisseur mondial d’armes en exportant plus d’armes vers plus de pays qu’ils ne l’ont jamais fait par le passé », a souligné Mathew George, directeur du programme Transferts d’armes du Sipri.
Les bourses mondiales atteignent des sommets. Et Bruno Le Maire annonce 20 milliards de coupes supplémentaires
Et il n’y a pas que l’industrie d’armement qui tire profit de la situation : les bourses mondiales ont explosé durant les dernières semaines (cf. ci-contre). « Vendredi 16 février en Europe, les marchés ont tous terminé à des plus hauts. À Paris, le CAC 40 a franchi la barre des 7 700 points, du jamais vu. Aux Etats-Unis, idem pour la Bourse de New York. » (Franceinfo.fr).
Au même moment, et après avoir déjà annoncé en février 10 milliards de coupes budgétaires pour 2024, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a présenté 20 milliards d’économies supplémentaires en 2025 devant les parlementaires la semaine dernière. La Cour des comptes en réclame 60 d’ici à 2027.
Rejet
C’est cette politique que les travailleurs de ce pays rejettent massivement : en quelques semaines, il y a eu les blocages routiers des agriculteurs et le face-à-face avec Macron au Salon de l’agriculture pour exiger des prix garantis par l’Etat et la fin des accords de libre-échange ; il y a eu la grève des contrôleurs SNCF avec leurs collectifs sur les conditions de travail ; il y a en ce moment même la grève des enseignants soutenus par les parents, en Seine-Saint-Denis ainsi que dans d’autres départements, pour des moyens.
Il y a, depuis maintenant cinq mois, les manifestations toutes les semaines ou presque pour exiger l’arrêt des massacres en Palestine, l’arrêt des bombardements, le cessez-le-feu immédiat : samedi 9 mars dernier, des dizaines de milliers de manifestants ont défilé malgré la pluie dans les rues de Paris. Il s’agit là probablement de la manifestation parisienne la plus nombreuse depuis le début des bombardements.
LFI initie, soutient et se range du côté de tous ces combats
La France insoumise (LFI) comme à chaque fois initie, soutient et se range du côté de tous ces combats avec leurs prolongements parfois bien délicats dans l’Assemblée nationale. Ils sont de ce fait la cible privilégiée de tous les défenseurs de l’ordre et de leurs petits marquis. Particulièrement ignoble est l’accusation d’antisémitisme de la part de tous les soutiens de Macron et de Netanyahou, qui massacre sans relâche et qui doit maintenant faire face au rejet grandissant, y compris à Tel-Aviv et Jérusalem.
Olivier Faure voudrait transformer les militants du Parti socialiste en simples supplétifs de M. Glucksmann qui répond sans état d’âme aux demandes de M. Macron. Assumant sa rupture avec la Nupes qui l’avait pourtant sauvé du naufrage, il cherche désespérément à sauvegarder quelques sièges au Parlement européen pour se maintenir à flot.
Fabien Roussel, à coups de contorsions absurdes, de clins d’œil contre nature et de prises de position ahurissantes qui n’ont plus rien à voir, même de très très loin, avec le nom de son parti, confirme que son seul objectif, déjà expérimenté, est de faire chuter LFI et Jean-Luc Mélenchon. Notons que, dans cette entreprise, certes avec des prétextes divers et variés, il n’est pas le seul… ce qui n’excuse rien.
Pour ces deux-là, semer le doute et la confusion, en dehors de toute réalité, leur vaut « considération » et « brevet de respectabilité » des forces adverses. Il n’est pas certain, loin s’en faut, que les militants, les travailleurs et les électeurs s’en accommodent. La réalité n’est pas contournable. Pour personne.
Vote à l’Assemblée nationale sur la guerre en UkraineLe 12 mars au soir, à l’Assemblée nationale, lors du vote consultatif sur l’accord Macron-Zelensky préparant l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan et à l’Union européenne, et accordant cette année 3 milliards d’euros supplémentaires pour l’armement du régime de Zelensky, les suffrages se sont répartis ainsi : – Les députés macronistes (Renaissance, Modem, Horizons), les centristes du groupe Liot, tous les députés du PS, les députés LR (49 sur 62), les députés EELV (sauf un) ont voté pour. – Tous les députés du RN et 11 députés LR se sont abstenus. – Tous les députés LFI et les députés du PC ont voté contre. |