Les lycéens de La Courneuve veulent être entendus : « Ce n’est pas que le 93. C’est tout le monde ! »
Ce vendredi 15 mars, les lycéens du lycée Jacques-Brel à La Courneuve (93) se sont rassemblés devant leur lycée, refusant d’entrer dans l’établissement. Plusieurs d’entre eux nous ont confié les raisons de leur mobilisation. Ils ont la parole.
- Actualité politique et sociale, Ecole

– « Aujourd’hui on s’est mobilisés parce que sinon on n’est jamais entendu »
– « C’est pas normal qu’en épreuve de travaux pratiques pour le bac blanc, on soit obligé de recommencer 4 fois parce que le matériel dysfonctionne ! Les ordinateurs du lycée ne fonctionnent pas. On n’a pas d’infirmière. C’est normal ? On fait comment ? Quand un prof est absent, on fait comment nous ? On doit patienter ? Et pour le bac alors, comment on fait ? »
– « Comment on fait pour les élèves qui voudraient aller en médecine mais qui n’ont pas pu avoir cours pendant des mois en terminale sous prétexte que leur prof n’était là ? C’est injuste ! »
– « Ce n’est pas normal non plus d’être à 35 élèves par classe. En mathématiques, j’ai du mal à suivre. J’ai besoin d’aide. Et même le professeur, il se sent acculé. Comment ils peuvent faire les professeurs ? C’est ingérable. »
« On ne peut plus continuer comme ça. Il faut plus de moyens. Il faut plus de considérations de la part de l’État. Plutôt que de parler de l’abaya ou du crop top…parce que ce n’est pas ça le vrai problème. »
– « Regardez Parcoursup ! Dans les prépas Henri IV ou Louis Legrand à Paris, il y a beaucoup d’élèves qui vont à l’ENS après. Pourquoi les élèves de la prépa Paul-Eluard à Saint-Denis n’y ont pas le droit ? Et je ne parle même pas que du 93. Je parle aussi des campagnes. C’est le même problème. Ce n’est pas normal »
– « Notre bac, il devrait avoir la même valeur qu’ailleurs. C’est inadmissible. »
– « Et puis leur idée de faire des groupes de niveaux, c’est catastrophique. Je ne crois pas que ça aidera un élève de savoir qu’il est mis dans un groupe de mauvais niveau. C’est super discriminant. »
« C’est le tri social partout en fait. Nous ici, très peu de personnes viennent d’une situation sociale assez haute. Avec Parcoursup, on n’a pas le droit aux mèmes études que d’autres. En rendant le bac plus difficile et en mettant des élèves de côté avec les groupes de niveaux, ce seront encore moins d’élèves qui auront le droit d’étudier. Ils creusent encore plus les inégalités. A part nous jeter dans un fossé, ça sert à rien. »
– « On n’est pas considérés. On est abandonnés. Là, il faut qu’on nous entende. Nous aussi on a besoin d’un avenir ! Et c’est pour ça qu’on se mobilise. »
– « En ce moment il y a la mobilisation des profs. Les profs et les élèves, on a le même combat. Alors il faut s’unir »
« Là c’est le moment d’y aller. Sinon qu’est-ce qu’on va devenir ? Comment on va faire dans 10 ans si ça ne change pas ? »
– « Et comment ce sera pour les générations qui viendront après nous ? »
– « Alors si la situation ne s’améliore pas, on va continuer jusqu’à ce que ça s’améliore. Et ce n’est même pas que pour notre génération. C’est aussi pour ceux qui viendront après nous. Il faut vraiment que ça aille dans le bon sens »
– « Ce n’est pas que le 93. C’est même pas que la campagne. C’est tout le monde. Faut réveiller tout le monde ! Faut réveiller l’État !