« La mobilisation s’élargit. Et on va tout faire pour que ça continue »
La parole à François Durand, enseignant au collège Jean Lolive à Pantin (93), et mobilisé depuis la rentrée.
- Actualité politique et sociale, Ecole
Jeudi 14 mars, on était plus de 5 000 à se rassembler à Bobigny. Avant de se retrouver à L’inspection académique puis à la préfecture, c’étaient une multitude de cortèges d’enseignants et de parents (quelques fois avec des lycéens) qui ont traversé le département, partis de leur secteur respectif. Le tout dans une atmosphère électrique…avec les encouragements de nombreuses personnes à leur fenêtre, avec les coups de klaxons des automobilistes ou des chauffeurs de bus pour nous féliciter et nous donner de la force… C’était énorme.
Après la manifestation, nous étions plus de 300 en assemblée générale. J’y suis intervenu, comme les autres délégués d’AG d’établissement, pour rapporter nos échanges entre collègues, les initiatives que nous avons prises pour élargir la mobilisation, encore et encore.
On est tous soudés sur ce qu’on exige. On ne veut pas du « tri social ». Donc on exige que la réforme du choc des savoirs soit abandonnée, et on veut enfin les postes et tous les moyens dont on a besoin dans les établissements pour que l’Ecole fonctionne convenablement. C’est ça notre plan d’urgence.
Que ce soit dans l’AG de mon bahut où dans l’AG départementale, j’ai donné toutes les infos dont je disposais sur les mobilisations en cours ou en préparation au-delà du 93, que ce soit à Paris, dans le 37, le 53, à Lyon, dans le Var etc. Et à chaque fois ces infos sont reçues avec enthousiasme dans le 93. Tout simplement parce qu’on a conscience que l’élargissement, va être indispensable pour faire céder ce gouvernement.
« On est soudés sur ce qu’on exige. On ne veut pas du « tri social ». Et on veut les moyens dont on a besoin. C’est ça notre plan d’urgence. »
D’ailleurs ce n’est peut-être pas pour rien si la ministre Belloubet, a dit à l’assemblée nationale, après avoir indiqué qu’elle maintiendrait sa réforme, qu’elle entendait répondre à la « spécificité du 93 ». Elle n’a certainement pas envie que le mouvement déborde des frontières du 93 et voudrait laisser penser qu’il s’agit ici d’un problème isolé. Dans mon collège, une prof s’est énervée quand elle a entendu son discours, en disant « elle essaye de faire disparaitre le fait que c’est sa réforme des groupes de niveau qui a mis le feu aux poudres ! ».
Par ailleurs, il y a une telle méfiance dans ce gouvernement, qu’on a aucune confiance en eux pour « trouver » des solutions. On commence à les connaître « leurs solutions ». A chaque fois, toutes leurs mesures présentées comme devant répondre aux difficultés de l’Ecole n’ont eu que pour conséquence de la démanteler davantage. Dans mon collège, entre la réforme des collèges et la mise en œuvre de la « cité éducative » faisant de notre collège une « zone franche » laissant cours à de multiples expérimentations au nom de la spécificité du quartier… on en sait malheureusement quelque chose…
Donc on a des exigences précises, c’est là-dessus qu’on se bagarre, et c’est ça que l’on veut obtenir. C’est d’ailleurs pour ça que je ne comprends pas pourquoi certains maintenant, que ce soit chez quelques dirigeants syndicaux ou quelques politiques, proposent à la ministre de mettre en place dans le 93, un plan équivalent au plan expérimental de Macron à Marseille intitulé « Marseille en grand », et qui n’avait pas d’autre but pour Macron que d’avancer dans la pulvérisation du cadre national de l’École. Ce n’est pas ça qu’on demande.
En AG départementale, on a décidé de reconduire la grève pour cette semaine et d’aller à Matignon le jeudi 21 mars. On y portera nos revendications. On n’en changera pas. On va continuer. Ça s’élargit, et pour ça aussi, on va tout faire pour que ça continue.