Etats-Unis : le vote « uncommited » aux primaires démocrates

Les électeurs du Parti démocrate défient « Genocide Joe ».

Campagne pour le vote « uncommited » dans le Minnesota (Photo AFP).
Par Devan Sohier
Publié le 31 mars 2024
Temps de lecture : 2 minutes

Joe Biden a gagné les primaires démocrates. Le résultat était acquis d’avance ; les quelques autres candidats ne défendaient pas de position politique différente de celles de l’actuel président des États-Unis, et ces primaires étaient conçues comme un vote rituel préparant la campagne du Parti démocrate pour sa réélection.

Au début de la campagne des primaires, Biden avait reçu le soutien de nombreux élus du Parti démocrate, représentant tant sa droite que sa gauche (y compris Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez).

Le génocide à Gaza a tout changé

Emmenée par Rashida Tlaib et Cori Bush, représentantes démocrates membres de l’organisation socialiste DSA, une grande partie de la gauche du Parti démocrate a rompu avec Biden. Dans plusieurs primaires, cette campagne a pris la forme d’un appel à voter « uncommitted », c’est-à-dire d’élire des délégués à la convention démocrate dont le vote sera libre (les autres délégués s’engageant à voter pour un candidat donné à la Présidence).

Cette option n’existe pas dans toutes les primaires, mais, quand elle existe, elle est la seule manière de voter contre la politique de soutien inconditionnel de Biden au génocide mené par le gouvernement israélien, les autres candidats en lice ne s’opposant pas à cette politique.

À ce stade, les délégués « uncommitted » sont les deuxièmes plus nombreux après les délégués de Biden.

Aussi peu nombreux qu’ils soient, cela change radicalement l’ambiance de ces primaires : près de 470 000 électeurs démocrates s’en sont saisis pour dire leur horreur du génocide. 13,2 % des électeurs démocrates ont voté « uncommitted » dans le Michigan, 12 % en Caroline du Nord, 18 % dans le Minnesota, 29 % à Hawaii.

C’est largement plus que les voix qui ont manqué à Clinton face à Trump en 2016, ou celles qui ont permis à Biden de battre Trump en 2020. Et la semaine dernière, Ocasio-Cortez a elle aussi fini par se rallier à cette campagne en appelant à voter « uncommitted ».

Campagne contre le génocide

Dans les élections précédentes, après le résultat des primaires, les élus démocrates se rassemblaient derrière le candidat désigné ; pour ces élections, le processus est inversé : le soutien initial des candidats de gauche, dans des primaires gagnées d’avance, est remis en cause par la politique de Biden de soutien à l’armée israélienne.

Or, DSA n’a jamais soutenu ni Clinton, ni Biden, y compris après les primaires de 2016 ou 2020 et le ralliement de Sanders et d’élus démocrates membres de DSA à ces candidats. Mais, à la différence de ces primaires, DSA organise aujourd’hui une campagne résolue contre Biden.

Cette campagne prend la forme du vote « uncommitted » dans les primaires, mais est d’abord une campagne d’organisation de nombreux militants, et singulièrement de jeunes, contre le génocide.

C’est ainsi que des manifestations d’importance ont lieu, avec la présence de nombreux jeunes militants juifs américains regroupés autour de Jewish Voice for Peace (voix juive pour la paix). Ainsi, le 7 mars 2024, des manifestations importantes ont eu lieu avant et pendant le discours annuel de Biden sur l’État de l’Union, pour protester contre la politique de Biden envers Gaza.

C’est le même mouvement qui traverse les syndicats américains, amenant les plus importants d’entre eux à prendre position pour le cessez-le-feu.

Il y a deux ans, le Wall Street Journal écrivait que, de son point de vue, qui est celui de l’impérialisme américain, la seule chose pire que l’élection de Trump serait la réélection de Biden.

Trump est maintenant le candidat républicain, et Biden le démocrate : c’est une situation de crise qui se développe aux États-Unis, et la résistance de la classe ouvrière américaine au massacre en cours à Gaza est un élément important de cette situation.