Le 25 avril 1974, la révolution portugaise abattait la dictature

La parole à Carmelinda Pereira et Aires Rodrigues, militants de la section portugaise de la IVe Internationale, députés à l’Assemblée constituante (1975-1976).

Le 27 avril 1974, dans les rues de Lisbonne (photo AFP)
Par la rédaction d'IO
Publié le 25 avril 2024
Temps de lecture : 6 minutes

Le 25 avril 1974, c’est la chute de la dictature de Salazar. Quelles ont été les forces agissantes de cette révolution ?

Aires Rodrigues : Les dernières années de la dictature de Salazar ont été marquées par une guerre coloniale aux conséquences profondes pour la société portugaise.

Pendant treize ans, cette guerre coloniale a tué et mutilé des milliers et des milliers de jeunes, des deux côtés de la barricade. Cette atmosphère d’angoisse et de désespoir, qui touchait les jeunes appelés à la guerre, s’étendait également à leurs compagnes, mères et pères, créant un véritable climat de douleur et d’insécurité dans les familles. Les cadres dirigeants, lieutenants et capitaines de l’armée régulière chargés de mener la guerre coloniale, étaient particulièrement touchés par cette révolte. Ils étaient contraints à des campagnes successives sur les sites de guerre. Ils étaient témoins et souvent acteurs d’attaques barbares.

Ces officiers ont compris qu’il n’y avait pas d’autre moyen de sauver leur avenir que d’affronter la dictature par un coup d’Etat militaire. Dans le même temps, une révolte latente existait dans le pays, qui s’exprimait par des luttes étudiantes et des grèves, pourtant interdites par le régime, comme en mars 1974 dans le secteur de l’industrie verrière à Marinha Grande.

Ce n’est qu’une petite partie du bouillonnement dans lequel a plongé le coup d’Etat militaire déclenché le 25 avril, ouvrant la porte aux masses pour qu’elles entrent sur la scène politique dès le premier jour en fraternisant avec les soldats. Immédiatement après, un groupe de jeunes a pris d’assaut la caserne de la police politique avec des soldats, les obligeant à désarmer, devant les personnes rassemblées à Largo do Carmo3Une place de la ville de Lisbonne.. L’ouverture des prisons et la libération des prisonniers politiques s’inscrivent dans la continuité du démantèlement des institutions de l’ancien régime, ainsi que l’assainissement des conseils municipaux et leur remplacement par des commissions provisoires qui avaient la confiance du peuple.

De même, l’administration des principales entreprises, qui toutes s’étaient compromises avec la dictature, a été réorganisée et des (…)


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