Andrej Hunko : « Ce n’est pas un hasard si l’Allemagne est jugée à La Haye pour « complicité de génocide » »
Membre de l’Alliance Sahra Wagenknecht, député au Bundestag, Andrej Hunko prendra la parole, demain, à l'assemblée du POI à Paris. Il répond aux questions d'Informations ouvrières.
- Actualité internationale, Allemagne

Peux-tu te présenter brièvement aux lecteurs d’Informations ouvrières ?
Je suis membre du Bundestag et du Conseil de l’Europe depuis 2009, spécialisé dans la politique internationale. Au Conseil de l’Europe, je suis président du groupe parlementaire de gauche. Auparavant, j’ai été actif de manière extraparlementaire pendant 20 ans dans des mouvements sociaux et j’ai travaillé dans différentes professions.
Quel est ton point de vue sur l’escalade guerrière en Ukraine, qu’en est-il en Allemagne avec le budget militaire, les livraisons d’armes, les conséquences pour la population allemande ? Quel combat le mouvement ouvrier et la population doivent-ils mener ?
Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le gouvernement fédéral a décidé de profiter de l’occasion pour lancer un réarmement militaire massif. Trois jours seulement après l’invasion, un dimanche, un « changement d’époque » a été proclamé, c’est-à-dire une réorientation fondamentale de la politique militaire, mais aussi des sanctions économiques globales en matière de politique étrangère. Depuis, la ligne directrice est la confrontation et non la coopération. On veut « ruiner la Russie ». En fait c’est l’économie allemande qui est ruinée, avec de graves conséquences pour la population. En conséquence, les gens doivent se battre contre les coupes budgétaires dans de nombreux domaines.
Comment vois-tu la lutte en Allemagne et dans le monde pour arrêter le génocide à Gaza ? En France, il y a la répression de l’Etat et la pression des médias pour interdire toute voix en défense des Palestiniens, qu’en est-il en Allemagne ?
La situation en Allemagne est ici encore pire qu’en France. Alors que la France s’abstient généralement lors des votes internationaux, par exemple sur un cessez-le-feu ou récemment au Conseil des droits de l’homme de l’Onu pour demander la fin des livraisons d’armes, l’Allemagne vote contre avec les Etats-Unis
Il y a peu, un congrès sur la Palestine a été brutalement dissous à Berlin, des hommes politiques européens comme Yanis Varoufakis ont été interdits d’activité et d’entrée sur le territoire. Les juifs critiques subissent eux aussi la répression.
Ce n’est pas un hasard si l’Allemagne est jugée à La Haye pour « complicité de génocide ». Pourtant, des manifestations contre le génocide ont lieu chaque semaine dans de nombreuses villes.
Peux-tu nous expliquer les raisons et la signification de la création de l’Alliance Sahra Wagenknecht ? Quel est son combat aujourd’hui ?
Ces dernières années, Die Linke (La Gauche – NDT) s’est de plus en plus adapté aux récits dominants, par exemple lors de la guerre en Ukraine, et s’est orientée vers un milieu urbain limité. L’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW) a une approche plus large. Nous voulons aussi atteindre ceux qui se sont détournés de la politique ou qui veulent même voter à droite. Il s’agit de créer quelque chose comme un nouveau parti populaire de gauche et non pas de faire la leçon aux gens en levant l’index. Les sondages réalisés jusqu’à présent nous donnent raison : le besoin est là.
Tu fais partie des initiateurs allemands du Comité de liaison européen contre la guerre. Peux-tu nous expliquer la signification de votre initiative, qui rassemble des forces d’origines diverses contre la guerre.
Il s’agit de lier la question sociale à la question de la guerre d’une part et de mettre en réseau les forces européennes contre la guerre d’autre part. La situation dans nos pays est en effet très différente, il est important que les opposants résolus à la guerre se connaissent, se mettent en réseau et parviennent à une action commune.