Motion de censure : quand le Rassemblement national vole au secours de Macron et des institutions de la Ve République
Sur France 2, jeudi dernier, la porte-parole du RN, Laure Lavalette, a justifié la position du RN de ne pas censurer le gouvernement Barnier en déclarant : « On va, j’allais dire, euh… donner la chance au produit. »
- Actualité politique et sociale, Extrême droite
Lors de l’émission L’Evénement sur France 2, jeudi 3 octobre, la journaliste Caroline Roux lance à Michel Barnier : « Elle [Marine Le Pen] tient votre sort entre ses mains ». Réponse : « Oui comme la gauche, s’ils s’associent, je quitte mes fonctions. » – une allusion à peine voilée à la motion de censure déposée par le Nouveau Front populaire et qui sera discutée mardi prochain, 8 octobre, à l’Assemblée nationale.
Quelques minutes plus tard, sur le même plateau, Michel Barnier cède la place à Aurore Bergé (Ensemble pour la République, macroniste), Marc Fesneau (Les Démocrates), Eric Ciotti (Union des droites), Laure Lavalette (RN), Olivier Faure (PS) et Manuel Bompard (LFI), venus débattre sur un certain nombre de sujets d’actualité.
« Mardi prochain, vous n’avez pas l’intention de censurer ce gouvernement », lance Manuel Bompard à Laure Lavalette, députée et porte-parole du Rassemblement National.
Elle répond : « La situation est suffisamment grave pour ne pas censurer en amont ce gouvernement. On va, j’allais dire, euh… donner la chance au produit, voyez-vous. Très clairement et très sincèrement, là effectivement, on ne peut pas ajouter du chaos comme vous le faites (…) On a déjà passé deux mois sans avoir de Premier ministre, trois mois sans avoir un gouvernement. Nous sommes figurez-vous la vigie du peuple français. »
Pour la porte-parole du RN, il faut vite tourner la page des élections, du déni de démocratie de Macron, et donner « la chance au produit » c’est-à-dire au Premier ministre sorti du chapeau du Président de la République pour continuer sa politique.
Plus tard dans la soirée, question d’un téléspectateur : Nicolas, 43 ans, Nîmes. « Vous dites que le RN est dans l’opposition, pourquoi ne pas voter la censure contre ce gouvernement ? » Laure Lavalette : « Je vous réponds ce que j’ai dit au début, Nicolas. C’est que là, la situation de la France est tellement… chaotique que voter cette motion de censure a priori, censurer de gouvernement a priori, n’aurait pas de sens. Et nous ramènerait simplement la politique du pire. Mais je suis pas étonnée que Monsieur Bompard la pose, vous [s’adressant au coordinateur de La France Insoumise] n’avez cessé de vouloir faire du mal à nos institutions. » Le mot est lâché, les institutions, celles de la Ve République que le Rassemblement National protège avec le plus grand soin, comme le monarque-président Emmanuel Macron.
Dans la commission des lois de l’Assemblée nationale, les députés du Rassemblement national ont mêlé leurs voix à celles des macronistes, des LR (et, il faut le dire aussi, des socialistes), pour invalider la procédure de destitution engagée par le groupe parlementaire de La France insoumise contre le président Macron.
Le 1er octobre, Laure Lavalette affirmait sur l’antenne de RMC : « Quand on écoute Bruno Retailleau (…), on a l’impression que c’est un porte-parole du Rassemblement national. »
Le même jour, après la déclaration de politique générale de Michel Barnier, la cheffe de file du Rassemblement National, Marine Le Pen, clamait dans l’hémicycle : « Nous entendons plus que jamais être une force de construction. »
Une chose est sûre, le Rassemblement National, main dans la main avec Emmanuel Macron, cherchent à effacer le résultat du vote du 7 juillet et le programme du Nouveau Front populaire. N’est-ce pas Marine Le Pen qui, le 11 juillet, déclarait vouloir censurer tout gouvernement comprenant des ministres issus de LFI, et qui aujourd’hui s’interdit de censurer le gouvernement Barnier ?