Batailles en cours, situations à risques
La chronique de ces derniers jours, par la rédaction d'« Informations ouvrières ».
- Actualité politique et sociale
A peine vient-il d’être élu que Donald Trump, qui prendra, rappelons-le, ses fonctions officiellement le 20 janvier prochain, a déjà nommé un « casting explosif » (L’Express) pour diriger son gouvernement : le milliardaire Elon Musk au ministère de « l’efficacité gouvernementale », l’animateur vedette de la chaîne réactionnaire Fox news, Pete Hegseth, à la Défense, le très controversé Robert Kennedy Jr à la Santé, l’adepte de la théorie du grand remplacement et pro-armes (et opposant au droit à l’avortement), Matt Gaetz, à la Justice, le climatosceptique Chris Wright à l’Energie… Bref, un gouvernement de « choc » pour tenter d’aller plus loin dans la désagrégation des Etats-Unis. Pour mémoire : objectif donné à Elon Musk, 2 000 milliards de dollars d’économies !
De son côté, à peine vient-il d’essuyer une « défaite cuisante » (Wall Street Journal) que l’ancien président américain, Joe Biden, toujours en fonction jusqu’au 20 janvier prochain, autorise les missiles à longue portée pour bombarder la Russie, avec l’appui unanime du Parlement européen.
Risques sérieux et réels
« La réponse de la Russie sera immédiate », avertit Vladimir Jabarov, membre de la commission des Affaires internationales russe cités par La Tribune économique (19 novembre).
Le même déclare : « C’est une démarche sans précédent. C’est un pas très important vers le début de la Troisième Guerre mondiale, et les Américains le feront sous l’impulsion d’un vieillard sur le départ, qui ne sera plus responsable de rien dans deux mois » (idem).
Risque sérieux et réel. Au même moment, Volodymir Zelinsky et Vladimir Poutine enrôlent de force des milliers de leurs citoyens réfractaires pour aller grossir les cortèges mortuaires des deux pays : l’équivalent de 1 000 morts par jour.
Le gouvernement israélien avec à sa tête, Benyamin Netanyahou, poursuit l’épuration des Palestiniens et continue maintenant ses massacres au Liban. Ce n’est pas une guerre. C’est une tuerie généralisée. Du 7 octobre 2023 au 24 avril dernier, l’armée israélienne a déversé pas moins de 70 000 tonnes d’obus sur Gaza. A titre de comparaison, l’Allemagne nazie avait largué environ 18 000 tonnes d’obus lors du bombardement de Londres entre 1940 et 1941. Les « Alliés » avaient largué pour leur part 3 900 tonnes d’obus sur Dresde en février 1945, ville rasée sans aucun objectif militaire. Et depuis avril dernier, les bombardements à Gaza n’ont pas ralenti. Malgré la réprobation et le sentiment d’horreur (qu’on tente d’étouffer par tout l’arsenal répressif) des citoyens et des peuples du monde, les Etats-Unis et la plupart des gouvernements – notamment en Europe – approuvent, soutiennent, déversent des milliards de dollars d’armement.
Incapable de convaincre, et encore moins d’empêcher
La répression et les calomnies – visant notamment à taxer d’ « antisémitisme » toute marque de soutien au peuple palestinien qui subit les horreurs des massacres – le silence assourdissant de ceux qui pourtant devraient s’unir pour mobiliser, enrayent les réactions massives de refus, mais elles sont incapables ni de convaincre et encore moins de les empêcher. Le déploiement récent de banderoles « Free Palestine » dans les stades de football (Paris en France, Dublin en Irlande, Kilmarnock en Ecosse…) en est une des illustrations.
À l’Assemblée nationale, par l’action des députés LFI et NFP, pourtant « corsetés antidémocratiquement », la crise est telle que les macronistes n’y viennent plus, que le gouvernement se voit contraint de voter contre son propre budget amendé par les batailles au jour le jour. A nouveau, menace du 49.3 et en perspective possible, motion de censure que même le Rassemblement national (RN) s’interroge à voter tant il apparaît comme soutien indispensable de Macron et se trouve dans l’obligation de chercher à donner le change pour pouvoir tenter de continuer à mentir à ses propres électeurs. Elections anticipées ?
Le gouvernent Barnier tant qu’il est en place cherche à faire ce pour quoi il a été mis là où il est : attaques tous azimuts et frontales. Avec destruction méthodique de ce qu’il reste du tissu industriel au profit des capitalistes gavés, et à la clef des milliers de licenciements et la misère pour des millions. Les réactions s’expriment de partout. Dans les usines directement touchées, parmi les maires, les paysans…
Le refus et la volonté de combattre sont nets et clairs
Au point que la fonction publique est traversée d’une discussion de fond : traditionnelles journées d’action inefficaces proposées par les uns opposées à la grève efficace pour vraiment gagner y compris en relation avec d’autres secteurs en grève au même moment. Tels sont les ingrédients de la situation actuelle et qui marqueront totalement les jours et les semaines à venir.
Dans cette combinaison entre le refus d’en bas, et l’extrême fragilité d’en haut, visible ou pas, mais bien réelle, de plus en plus de militants, de citoyens, de travailleurs, de jeunes, à des degrés encore divers, estiment que les recettes traditionnelles qui ont tant servi à maintenir le système en place ne sont pour le moins absolument plus adaptées pour riposter aux coups meurtriers qui leur sont portés. Les mêmes cherchent avec les élections, mais pas seulement, à se connecter, à se regrouper, à se lier dans une force organisée de rupture qui s’exprime autant à l’Assemblée nationale que sur le terrain, dans toutes les formes. Pour survivre, vivre et faire face.
En janvier 2023, Donald Trump, qui s’y connaît, a déclaré que « le plus grand danger pour la civilisation occidentale aujourd’hui n’est pas la Russie. C’est probablement, plus que tout autre, nous-mêmes et parmi nous, les représentants qui haïssent l’Amérique ; (…) ce sont les marxistes qui veulent que nous devenions une nation sans dieu. » Langage, certes outrancier et imagé, mais on peut lui faire crédit d’une connaissance réelle de la situation et de ce qui le préoccupe, au moins chez lui, alors même qu’il vient de remporter les élections. Et, il ne parle pas que pour lui… Une situation où tout est possible, dans le mauvais comme dans le bon sens.
Pour ce qui nous concerne, nous sommes résolument du côté de ceux qui veulent vivre, survivre et dénouer la crise dans l’intérêt des travailleurs et des peuples.