En Roumanie, un vote contre les candidats pro-OTAN, pro-UE et pro-guerre
Ni les médias ni les instituts de sondage d’opinion n’avaient considéré Càlin Georgescu, vainqueur du premier tour à l'élection présidentielle, le 24 novembre. Un scrutin qui vient dêtre invalidé par le Conseil Constitutionnel.
- Actualité internationale, Roumanie
Le résultat du vote au premier tour de l’élection présidentielle en Roumanie, du 24 novembre, a constitué une grande surprise.
Ni les médias ni les instituts de sondage d’opinion n’avaient considéré Càlin Georgescu, vainqueur du premier tour, comme un prétendant possible à la qualification au deuxième tour. Il était donné aux environs de 5 % d’intentions de vote, placé dans la catégorie des candidats « autres ».
Comment un tel candidat a-t-il pu, sans notoriété particulière, sans parti pour le soutenir (il s’agit d’un candidat indépendant), sans représentants dans les bureaux de vote, sans moyens financiers importants, sans campagne télévisée, devenir le principal gagnant de ces élections ?
Les réponses données par la presse sont étonnantes : il a été soutenu par les services secrets, il a été financé et aidé logistiquement par la Russie, la franc-maçonnerie était impliquée, il a bénéficié de la complicité du réseau social Tik Tok…
Toutes ces explications ne prennent pas en compte l’élément essentiel des élections, à savoir le vote des citoyens qui n’a été contesté par personne, que personne n’a accusé d’être entaché de fraude.
Les deux recours déposés, qui sont parvenus à la Cour constitutionnelle de Roumanie (CCR), avaient à l’esprit d’autres aspects plutôt procéduraux. Finalement, le CCR a recommandé et le Bureau central électoral (BEC) a approuvé le recomptage des votes, un processus en cours.
La motivation la plus importante dans le vote des Roumains pour Càlin Georgescu est le fait qu’il est le seul candidat à avoir fait campagne pour la paix dans le monde, donc sur une position anti-guerre. Il a également défendu des opinions anti-Otan et anti-UE. Ces aspects, je crois, ont été essentiels dans le vote des citoyens pour lui. A cela s’ajoute l’option anti-système des élections, qui a donné un vote sanction contre la « classe politique », rejetant les offres de tous les partis politiques obéissant à la Commission européenne et à l’Otan, considérés comme coupables de la situation dans laquelle la Roumanie se trouve. Les autres aspects, comme le charisme personnel, la faible formation théorique des autres candidats, le détachement de ces candidats des problèmes réels des citoyens, ont été secondaires.
Càlin Georgescu est-il la solution pour la classe ouvrière en Roumanie ? Je ne pense pas. Et pour argumenter cette opinion, je m’appuie sur le fait que, d’un point de vue idéologique, il est proche de l’extrême droite. Ses positions antérieures le définissent comme tel. Bien qu’il ne se déclare pas nationaliste mais souverainiste, Càlin Georgescu cache un danger potentiel latent.
Dans la plupart des cas, le vote pour les extrêmes vient de la peur. Là, je pense que cela vient de la peur de la guerre, de la guerre si proche des frontières… Celui qui mettait en avant l’idée de paix, sans trop de détails, gagnait.
Càlin Georgescu et Elena Lasconi (représentante du parti Union sauvez la Roumanie, USR) sont qualifiés au second tour. Il y a une deuxième grande surprise, comme lors des premières élections après la révolution de décembre 1989 : le Parti social-démocrate (PSD) ne figure pas au second tour de l’élection présidentielle. Il convient de noter que l’autre parti au pouvoir, le Parti national libéral (PNL), n’a pas de représentant au second tour non plus, son résultat électoral a été catastrophique !