Contre l’instrumentalisation de la mémoire de la Shoah
Un colloque salutaire et d’une grande utilité à l’heure où certains instrumentalisent la mémoire de la Shoah pour justifier le soutien inconditionnel à Netanyahou et au génocide qu’il perpétue.
- 80 ans d’Auschwitz, Actualité politique et sociale, Guerre

Le 27 janvier 1945, des commémorations pour les 80 ans de la libération des camps d’Auschwitz-Birkenau ont été célébrées à Oswiecin en Pologne. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis y ont exterminé 1 100 000 personnes, dont près de 900 000 juifs.
Au cours d’une cérémonie organisée devant l’entrée de l’ancien camp d’extermination, des survivants mais aussi des chefs d’État et de gouvernement se sont succédé. Parmi eux, de nombreux soutiens du gouvernement Netanyahou qui organisent depuis près de 17 mois le massacre du peuple palestinien dans la bande de Gaza.
Le week-end précédent ces commémorations, l’Union juive française pour la paix (UJFP) et le collectif juif décolonial Tsedek ! organisaient un colloque à Paris, accueilli au siège du POI sur « 80 ans après la libération d’Auschwitz, penser le fait génocidaire. Histoire, mémoire, actualités ».
Un colloque salutaire et d’une grande utilité à l’heure où certains instrumentalisent la mémoire de la Shoah pour justifier le soutien inconditionnel à Netanyahou et au génocide qu’il perpétue, mais aussi pour salir et décrédibiliser ceux qui combattent et dénoncent sans relâche le génocide en cours des Palestiniens, combat dont LFI a été le principal moteur. Ce qui n’est pas sans provoquer la haine des soutiens inconditionnels de Netanyahou.
Croisé au cours du colloque, Elie Duprey, l’un des organisateurs, membre de Tsedek!, revient sur ce qui a motivé l’organisation de ces deux jours de discussions et d’échanges : « Nous souhaitons réinscrire cet événement, qui est également fondateur pour nous car certains d’entre nous sont des descendants de rescapés, dans l’histoire notamment l’histoire de l’Europe, de l’Occident, du racisme, de l’antisémitisme, de l’impérialisme. »
Enzo Traverso, historien italien, spécialiste du nazisme et de l’antisémitisme, est intervenu dans le colloque en repartant de l’histoire de la Shoah pour tisser des liens entre génocide et colonisation : « Il y a un narratif qui s’est imposé dans les médias et chez nos chefs de gouvernement qui justifient le soutien inconditionnel qu’ils ont apporté à cette guerre qui a pris des traits génocidaires à Gaza au nom de la mémoire de la Shoah et au nom de la lutte contre l’antisémitisme. Ils ont essayé d’octroyer une sorte d’innocence ontologique à Israël. Puisqu’Israël est né des cendres de l’Holocauste, Israël incarne la mémoire des victimes et Israël ne peut agir qu’au nom du bien. » En tête des soutiens, il y a les États-Unis, principal soutien militaire à Tsahal et à Netanyahou.
Le 27 janvier 2025, 80 ans après la libération des camps d’Auschwitz par l’armée soviétique, Donald Trump, débloque la livraison à Israël de bombes lourdes. Il déclare à cette occasion vouloir évacuer tous les habitants de la bande de Gaza vers des pays voisins pour « nettoyer » le territoire : « J’aimerais que l’Égypte et la Jordanie accueillent des gens de Gaza, on parle de 1,5 million de personnes, il faut faire le ménage là-dedans ».
Ils auraient bien voulu profiter du cessez-le-feu pour déporter les Palestiniens. Mais les images extraordinaires des 300 000 Palestiniens remontant vers le nord de Gaza montrent que ce n’est pas si simple. Ces images montrent la volonté du peuple palestinien de revenir sur ses terres alors que tout n’est que destruction et désolation après les mois de bombardements israéliens.
Plus que jamais, soutien au peuple palestinien, à tous les peuples de la région, pour le cessez-le-feu immédiat et définitif, pour l’arrêt des livraisons d’armes des gouvernements complices !