Deux interventions lors du colloque « Syndicalisme, que faire ? » organisé par l’Institut La Boétie
Nous reproduisons des extraits des interventions de Clémence Guetté, coprésidente de l'Institut La Boétie, et de Hubert Raguin, syndicaliste, qui ont, entre autres questions, abordé, ce 8 février, la question du conclave organisé par Macro et Bayrou.
- Actualité politique et sociale

Clémence Guetté, députée LFI, coprésidente de l’Institut La Boétie : « Notre camp doit se tenir aux côtés des syndicats »
« On a tenu à faire ce colloque d’abord parce que les forces et les libertés syndicales aujourd’hui plus qu’avant encore subissent des attaques sans précédent de la macronie. Ce sont une des cibles privilégiées de la dérive autoritaire du bloc libéral. Je pense aux 400 militants de la CGT qui ont été poursuivis après des manifestations contre la réforme des retraites, je pense aux syndicalistes qui ont été arrêtés chez eux en pleine nuit après les mobilisations pour la Palestine et je pense évidemment au droit de grève qui est constamment menacé.
Plus pernicieux encore, la macronie aujourd’hui s’en prend au rôle des syndicats en prétendant laisser les partenaires sociaux jouer un rôle.
Précisément ils ont inventé un conclave sur les retraites. Ils décident les sujets dont on peut parler dans ce conclave, il s donnent un droit de veto au Medef, ils fixent des critères financiers qui sont basés sur des chiffres absurdes, ceux de Monsieur Bayrou notamment, et ces chiffres-là empêchent en réalité toute réforme de progrès.
A ces attaques de la macronie, on peut ajouter évidemment celle de l’extrême droite qui a depuis toujours été opposée aux syndicats de travailleurs. La semaine dernière encore, pour l’anecdote, c’était Jean-Philippe Tanguy, député du Rassemblement national, qui proposait tout simplement d’interdire aux magistrats de se syndiquer.
Face à cette adversité, notre camp doit se tenir aux côtés des syndicats et donc porte-parole et élus insoumis seront toujours là pour défendre chaque Jean-Paul Delescaut qui est condamné à de la prison avec sursis pour un tract, chaque syndicaliste ou chaque syndicat étudiant qui est menacé de dissolution pour une réunion, chaque syndicaliste paysan qui est violenté pour une manifestation. »
Hubert Raguin, syndicaliste : « La participation au conclave : un terrible danger »
« Les confédérations CFDT, FO, CFTC, CGC rejointes par la CGT ont décidé de participer au conclave convoqué par le Premier ministre pour proposer des aménagements à la réforme des retraites sans l’abroger ni même la suspendre, sans dégrader l’équilibre financier de la réforme Borne des 64 ans. Elles le font toutes au nom de la nécessaire stabilité.
Ces faits provoquent de nombreux débats dans les organisations syndicales. Des débats âpres. S’agit-il là du rôle des syndicats ? Est-ce compatible avec leur mandat ? Nous sommes au cœur d’un terrible danger qui consiste pour le gouvernement à transformer les sommets des confédérations en rouage, de l’application de sa politique. (…) Le syndicat c’est l’association libre de salariés pour défendre leurs intérêts. (…) Il peut y avoir des compromis (…) mais les intérêts restent antagoniques dans le cadre des rapports de production capitaliste. C’est la lutte de classe et le syndicat est l’outil que les salariés ont construit pour surmonter la division (…) que veut leur imposer l’autre classe, c’est celle des propriétaires des moyens de production.
Les choses ainsi formulées, j’ai bien conscience que cela relativise ce qu’on appelle le dialogue social et encore plus les conclaves (…).
Nombreux sont les syndicats, les militants syndicalistes qui ne comprennent pas et n’acceptent pas ce naufrage du dialogue social qui est la participation au conclave de Bayrou dont tout le monde sait que ne peuvent en sortir ni l’abrogation de la réforme des retraites ni la conquête d’aucun droit.
Mais la lutte de classe ne souffre pas d’interruption. Nous voyons les luttes se multiplier (…). (Les travailleurs) s’organisent par eux-mêmes et chaque fois qu’ils le peuvent, ils le font avec les organisations syndicales sinon ils s’en passent
N’est-il pas là, le défi majeur posé au syndicalisme et aux syndicalistes ? Respecter le mandat et s’organiser pour la rupture ou accompagner au risque de sombrer. »
