Ecole : « Notre mobilisation perturbe leurs plans, il est donc bien question de la poursuivre et de l’étendre »

Depuis des semaines, dans de très nombreux départements, les parents d’élèves et les personnels de l’Education nationale se mobilisent pour obtenir l’annulation de centaines de fermetures de classes ainsi que la création de postes.

Le 15 mars devant le ministère de l’Education nationale à Paris (photo correspondant).
Par la rédaction d’IO
Publié le 23 mars 2025
Temps de lecture : 3 minutes

Le 15 mars, 200 manifestants venus de toute la France se sont rassemblés devant le ministère de l’Éducation nationale avec leurs syndicats (FO, FSU, Sud) à l’appel du comité des écoles de l’Yonne. Les députés LFI Claire Lejeune et Rodrigo Arenas étaient présents.

La ministre ayant refusé de recevoir une délégation ce jour-là, plusieurs parents et personnels mandatés par leurs comités ou écoles ont pris la parole : après avoir fait état des mobilisations engagées (et parfois des victoires obtenues, comme dans l’Yonne) ils ont décidé de rester en lien et de se revoir dès le 19 mars pour se coordonner.

Nous publions ici des extraits de l’intervention de Lucas Romain, enseignant et syndicaliste FO à Auxerre, mandaté par le comité des écoles et établissements mobilisés de l’Yonne, durant le rassemblement du 15 mars devant le ministère.

Lucas Romain : « Notre délégation est constituée d’enseignants et de parents d’élèves des premier et second degrés, venus ici pour porter les revendications, au nom des plus de 80 parents et enseignants, eux-mêmes représentants de leur école, leur établissement et de leurs organisations syndicales ou de parents. (…)

Nous sommes réunis aujourd’hui devant le ministère pour une simple et bonne raison : nous refusons de devoir subir les conséquences désastreuses pour l’école publique des décisions du gouvernement. (…)

Avec son budget passé en force à coup de 49.3, ce gouvernement est prêt à tout pour poursuivre sa politique de destruction des services publics (…).

Et ce en tentant de nous faire croire que l’école est préservée alors que nous subissons le pire budget, entraînant notamment la suppression de près de 500 postes dans le 1er degré, qui se concrétisent en milliers de fermetures de classes, et des baisses de dotations dans les collèges et les lycées, mais également de coupe franche dans les moyens (baisses des budgets des collectivités territoriales).

Le fonctionnement de l’école publique est déjà totalement dégradé : il y manque de tout, (…) et cela est particulièrement sensible dans un département comme le nôtre, déjà sinistré en matière de services publics (…).

C’est donc en toute logique que la mobilisation cette année contre les fermetures de classes a pris une dimension et une ampleur inédites avec rassemblements, blocages d’écoles parfois sur plusieurs journées de suite, des “blocages reconductibles jusqu’à satisfaction”… avec les tracteurs ! (…)

Ainsi, dans l’Yonne, près de 45 écoles et établissements se sont mobilisés quotidiennement, mettant la pression sur la direction académique, qui a été contrainte de (…) lâcher face à la mobilisation. (…) Ils ne comprennent que le rapport de force ! (…)

Et l’enjeu va bien au-delà : à l’heure actuelle, le gouvernement annonce entrer de plain-pied dans l’économie de guerre, et en ce sens, il a bien l’intention de museler toute contestation, d’associer les organisations, d’étouffer l’opposition, pour engager une union nationale autour de l’effort de guerre et de la défense nationale.

Et cela ne fait aucun doute, l’argent pour la guerre sera pris sur les dépenses publiques et, en l’occurrence, sur tous nos acquis : sur la Sécu, sur les retraites, sur les services publics et notamment sur celui de l’éducation.

Ils ont donc la ferme intention de nous faire les poches comme jamais et de continuer à piller l’école : d’autant qu’il n’y a pas besoin d’instruire nos enfants pour en faire de la chair à canon !

C’est donc un carnage, dans tous les sens du terme, qui se prépare. Nous nous devons d’y résister et de défendre notre école face à la guerre sociale menée par Macron qui s’annonce.

Notre mobilisation perturbe leurs plans et leur volonté de mettre le couvercle sur la marmite : il est donc bien question de la poursuivre et de l’étendre le plus largement possible, avec les parents, les enseignants, les élus, les agents, les personnels et leurs organisations, pour rejeter cette politique de misère sociale et exiger des moyens pour l’école publique, pas pour la guerre ! »