Déclaration du Secrétariat international de la IVe Internationale
"Les annonces de Trump sur les droits de douane témoignent, d’abord et avant tout, de la crise généralisée du capitalisme mondial, et notamment de son pivot l’impérialisme américain"
- Tribune IVe Internationale

Les annonces de Trump sur les droits de douane témoignent, d’abord et avant tout, de la crise généralisée du capitalisme mondial, et notamment de son pivot l’impérialisme américain.
Le système de la propriété privée des moyens de production est à bout de souffle. Il n’a d’autres solutions, sur tous les continents et dans tous les pays, que d’attaquer les droits et garanties des travailleurs et la souveraineté des nations, provoquant la guerre en Ukraine, le génocide en Palestine et de nombreux conflits en Afrique, en Orient et en Asie. Pour le président du Conseil des conseillers économiques de la Maison-Blanche : « le commerce et la défense sont indissociablement liés. (Le commerce mondial, principalement libellé en dollars) ne peut prospérer que grâce à la puissance militaire américaine qui garantit notre stabilité financière et la crédibilité de nos emprunts ». Constatons que, au même moment où Trump prend ces décisions d’ordre « économique », marquant un véritable bouleversement mondial, il apporte un soutien sans faille à B. Netanyahou qui massacre le peuple palestinien et qui se veut le garant de l’ordre dans toute cette région du monde.
C’est dans cette situation, pour tenter désespérément de surmonter la crise du capital américain, que Trump déclenche cette guerre à l’échelle mondiale.
« Les tarifs douaniers constituent le choc politique le plus important pour le système commercial mondial depuis que Richard Nixon a fait exploser [les accords de] Bretton Woods en 1971 » (Wall Street Journal).
La déconnexion du dollar et de l’or en 1971 par le président Richard Nixon a non seulement fait du dollar la monnaie de réserve mondiale et de référence du commerce international ; elle a permis une surproduction massive de dollars par la planche à billets du Trésor et une surévaluation qui a réduit ses exportations et creusé un déficit financier et commercial abyssal. Le secrétaire américain au Trésor avait alors déclaré : « le dollar est notre monnaie, c’est votre problème ». Cinquante-cinq ans plus tard, The Times écrit : « le “privilège exorbitant” de la monnaie de réserve mondiale est désormais qualifié de “fardeau exorbitant” par l’équipe présidentielle ».
La décision de Trump exprime avec brutalité ce qu’ont cherché à faire les précédents gouvernements américains sans y parvenir complètement. Il s’agit pour Trump aujourd’hui de faire payer à la planète entière le gigantesque déficit américain par les droits de douane, la suppression des barrières à la pénétration des marchandises américaines, l’achat d’armes US, la relocalisation des usines aux Etats-Unis ou encore, comme l’écrit la Maison-Blanche, « l’émission de chèques au Trésor américain ». Il s’agit du pillage et de la confiscation des richesses des nations par l’impérialisme américain, à l’échelle mondiale.
Tout ceci pour financer l’armée américaine et le maintien du dollar comme monnaie de réserve mondiale.
L’impérialisme US, impérialisme dominant, concentre toutes les contradictions du système capitaliste mondial et décide aujourd’hui de rejeter cette crise sur l’ensemble des pays, à commencer par la Chine. Pour le représentant américain au commerce, Jamieson Greer : « Le système commercial mondial des 70 dernières années était peut-être adapté à l’époque, mais il a échoué depuis une ou deux décennies aux Etats-Unis. Lorsque la Chine devient le grand gagnant du système commercial, il faut le changer » (Interview à Fox Business)
La bureaucratie chinoise a réagi rapidement et fermement à l’escalade des droits de douane imposée par les Etats-Unis, parce que c’est l’existence même de l’Etat chinois qui est en cause, et non une simple concurrence économique sur le marché mondial. Les bourgeoisies européennes, prises entre la pression de l’impérialisme américain et la crainte de voir se produire des mobilisations ouvrières et populaires contre les licenciements liés aux droits de douane, et les coupes dans les budgets sociaux, exigées par l’impérialisme US au nom de l’effort de réarmement, sont tétanisées. Trente-trois gouvernements d’Amérique latine et des Caraïbes, réunis le 9 avril dans un sommet continental au Honduras, n’ont adopté aucune mesure pratique commune pour s’opposer aux mesures unilatérales de Trump, alors qu’elles conduisent à l’étranglement budgétaire et à la désertification de régions entières.
En engageant une guerre commerciale planétaire, en renforçant le caractère autoritaire du pouvoir à l’intérieur même des Etats-Unis, en menant la guerre aux migrants, aux réfugiés et au peuple américain lui-même, en imposant des amendes de 1 000 dollars par jour aux millions de migrants et réfugiés sous ordre d’expulsion qui ne partiraient pas sur le champ, l’impérialisme prépare la guerre. Le marché mondial est trop étroit. Pour pouvoir rester en place alors qu’ils sont rejetés ou remis en cause, pour sauver leur système en faillite et assurer leurs profits encore plus colossaux, pour exploiter encore davantage et piller plus, les dirigeants du capital financier sont prêts à plonger les peuples et les nations dans la guerre, et à remettre en cause la souveraineté, durement arrachée, des nations opprimées. L’économie d’armement, principal facteur d’entraînement du capitalisme mondial, doit tourner à fond.
En visite au siège de l’Otan à Bruxelles, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a rappelé son exigence de porter les budgets militaires à 5 % du PIB des Etats membres, dans lesquels 64 % des achats d’armes proviennent des Etats-Unis. Au même moment, le carnage en Ukraine se poursuit ; l’âge du service militaire obligatoire est constamment abaissé. Le génocide de la population palestinienne de Gaza, massacrée par l’armée israélienne avec l’aide des bombes américaines et confrontée au blocus, sans vivres, sans électricité et sans eau, s’aggrave dans des proportions inédites. La guerre est le visage de l’avenir promis aux peuples par le système capitaliste en crise.
Il n’y a pas de super-impérialisme, ni aux Etats-Unis ni ailleurs. Le silence gêné ou les déclarations des principaux dirigeants du mouvement ouvrier qui appellent, ouvertement ou à demi-mot, à augmenter les dépenses militaires sans couper dans les budgets sociaux, au nom de la défense des intérêts nationaux, sonnent comme un cri de ralliement aux gouvernements fauteurs de guerre qui appellent à l’union nationale. Ils se heurteront inévitablement aux 100 000 manifestants qui défilaient à Rome le 5 avril pour exiger « de l’argent pour les hôpitaux, pas pour les missiles » ; aux millions d’Américains qui déferlaient dans les rues le même jour, dont 100 000 à Washington et autant à New York, pour s’opposer au gouvernement de D. Trump ; à la jeunesse et aux dizaines de milliers de Serbes qui s’organisent dans des assemblées populaires ; au million de Marocains qui manifestaient le 6 avril à Rabat en scandant « assez de guerres » et aux centaines de milliers qui manifestent depuis des mois en Angleterre, au Yémen et sur les quatre continents pour s’opposer au génocide du peuple palestinien.
Plus que jamais, aidons à grouper les forces dans chaque pays et à l’échelle internationale, pour déferler dans les rues le 1er Mai, dans les conditions propres à chaque pays :
- Rupture avec l’impérialisme et les gouvernements fauteurs de guerre !
- Cessez-le-feu en Palestine !
- Embargo sur les armes !
- Ni Otan, ni Poutine, ni Trump !
- De l’argent pour les salaires, les hôpitaux, les écoles et les infrastructures publiques, pas pour la guerre !
Le 14 avril 2025
