Lyon en état de siège pour contenir la colère de près de 8 000 manifestants
Le 8 mai, des milliers de travailleurs et jeunes, à l'appel de nombreux syndicats, ont signifié à Macron venu à Lyon leur refus de « passer à autre chose », malgré les interdictions préfectorales et un dispositif policier délirant.
- Retraites

Quand vous avez participé à une manifestation, marché pendant 3 heures de 14 heures à 17 heures et encore marché pour rentrer chez vous car beaucoup de bus, métros, trams sont arrêtés because manif, et que vous regardez les « live » des journaux, vous êtes quelque peu surpris.
A Lyon, le 8 mai il y eu, dès 14 heures, près de 3 000 manifestants rassemblés face aux cordons de police, 13 compagnies de CRS interdisant un large périmètre (11 seulement à Paris le matin), comme si Lyon était en état de siège pour qu’un président puisse faire un discours.
A 14h h30, 4 à 5 000 manifestants sont partis en manif. Bloqués, plusieurs fois gazés, bloqués, regazés, ils sont rapidement 7 à 8 000. Et ils ne quitteront pas la rue noyée sous les gaz, jusqu’à la bourse du travail à 17 heures.
Des syndicats CGT, l’union départementale FO, Solidaires, FSU avec leurs drapeaux. Mais partout une foule de jeunes de toute provenance.
Des pancartes hâtivement montées – parfois un simple carton – qui expriment la colère mais plus encore le dégoût de ce président qui ne peut pas dire deux mots sans dire trois mensonges. On entend : « Macron démission ! Macron nous fait la guerre et sa police aussi ! On est là, Macron dégage ! » Des chants, des casseroles… des applaudissements aussi depuis les fenêtres et balcons au passage du cortège.
Contrairement aux infos des « lives », pas de casse, pas de black blocs, une jeunesse calme et déterminée, consciente que Macron a dépassé les bornes.
Car venir rendre hommage à Jean Moulin alors qu’il cherche à détruire tous les acquis sociaux de 1945, il fallait le faire !
Et interdire les manifestations convoquées par des organisations syndicales qui veulent simplement continuer à demander le retrait de la loi sur les retraites, c’est trop, il fallait bien « être là, même si Macron, Larcher, Gérin ne le voulaient pas ». Car oui, l’ancien député-maire PCF de Vénissieux, André Gérin, a lui aussi désavoué cette manifestation (encore un ami de Cazeneuve, comme Fabien Roussel ?). Comme si l’union nationale devait coûte que coûte être reconstituée autour de l’homme qui rassemble… 90 % des actifs contre sa réforme.
Une hypocrisie insupportable
Car la ficelle est un peu grosse. Quand sa réforme fait régresser brutalement les droits des femmes, hop un hommage à Gisèle Halimi. Quand il envoie le GIGN contre les soignants en Guadeloupe, déploie ses gendarmes à Mayotte, hop un hommage à Toussaint Louverture. Quand il prépare l’adoption d’un budget pour l’économie de guerre qui va détruire un peu plus la Sécu, l’hôpital et l’école publique, hop un hommage à Jean Moulin.
Mais les jeunes qui prenaient des gaz, pleuraient, reculaient, revenaient, avançaient, savaient quoi qu’en disent les médias, que Macron a fait en 2018 l’éloge de Pétain, et ses envolées sur la valeur travail, le SNU, l’ordre sentent leur pétainisme, si proches de travail-famille-patrie.
L’hypocrisie, ça suffit !
On a dit que Lyon a été la capitale de la résistance ; vrai ou faux, qu’importe… Pour la jeunesse et les travailleurs, il fallait montrer à Macron que c’est bien contre lui qu’aujourd’hui se dresse la résistance.