Des discours combatifs lors de la manifestation à Londres contre la guerre

Jeremy Corbyn, député, ancien dirigeant du Parti travailliste, et Andrew Murray, tous deux vice-présidents de la coalition Stop the War, ont pris la parole lors de la manifestation de milliers, le 25 février, à Londres, contre l’envoi d’armes en Ukraine et contre l’Otan.

A Trafalgar Square, le 25 février, rassemblement à l'appel de la coalition Stop the War (photo AFP).
Par Correspondants
Publié le 16 mars 2023
Temps de lecture : 3 minutes

Jeremy Corbyn : « L’Otan ne fait pas partie de la solution en Ukraine, c’est une pièce centrale du problème.

Mais, frères et sœurs, il ne nous faut pas seulement parler du pourquoi et du comment du début de cette guerre, mais aussi et surtout comment nous pouvons y mettre fin.

Y mettre fin avant qu’elle ne dégénère en un conflit nucléaire. Y mettre fin avant qu’elle ne finisse de détruire l’économie du monde et qu’elle ne s’enracine sur la scène mondiale. Y mettre fin avant qu’elle n’embrase aussi la Chine et l’Extrême-Orient. Nous devons nous battre pour la paix dès maintenant. Et nous avons une opportunité aujourd’hui : Lula (président du Brésil, Ndlr) appelle à des négociations ; le gouvernement chinois propose un plan de sortie de crise. Nous avons besoin de ce cessez-le-feu pour que les négociations puissent arriver à leur terme et que nous obtenions une paix sur ces trois principes : souveraineté de l’Ukraine, droit à l’autodétermination pour ses minorités, et la sécurité pour tous. Il nous faut ce traité de paix aujourd’hui ! Et il est de notre responsabilité de s’assurer que notre gouvernement ne le sabote pas.

« Je m’adresse à ceux à gauche et dans le mouvement travailliste »

Lorsqu’une telle opportunité s’est présentée en avril dernier, Boris Johnson (Premier ministre britannique d’alors, Ndlr) a arrêté de faire la fête à Downing Street. Il a pris l’avion pour Kiev afin de mettre fin à cette potentielle chance de paix. Nous ne pouvons pas laisser Sunak (actuel Premier ministre, Ndlr) en faire de même aujourd’hui ; Sunak qui défend les intérêts de l’industrie d’armement et du gouvernement américain. Nous devons l’en empêcher. Et je m’adresse à ceux à gauche et dans le mouvement travailliste : vous ne feriez jamais confiance à Sunak et Johnson en ce qui concerne notre qualité de vie. Vous ne leur feriez jamais confiance en ce qui concerne les services publics. Vous ne leur feriez jamais confiance en ce qui concerne le changement climatique. Pourquoi leur faites-vous confiance quand il s’agit de tanks et de missiles pour faire la guerre partout dans le monde ?

Il s’agit d’un problème de classe, et si vous soutenez le gouvernement conservateur sur cette question, vous vous trouvez du mauvais côté de la lutte !

Un dernier mot, frères et sœurs. Nous avons un gouvernement déterminé à la guerre, et une opposition qui le supporte aveuglément. Et j’en appelle à tous les membres du mouvement travailliste : ne vous jetez pas dans le vide en suivant Starmer (leader du Parti travailliste) ! Défendons la paix dès maintenant ! Faisons résonner ici les mots de John Lennon : “Give peace a chance !” (« Donnons sa chance à la paix ! »). »

Andrew Murray : « Nous exigeons la paix, nous exigeons la justice sociale ! La seule alternative serait une descente dans les enfers de la guerre nucléaire ? Ainsi, quand notre ministre de la Défense explique gaiement qu’il s’attend à ce que le Royaume-Uni soit en guerre d’ici sept ans, ma question est la suivante : mais que faites-vous donc pour empêcher cette fuite en avant dans laquelle nous sommes entraînés ? Mais que faites-vous donc pour défendre la paix ? (…)

Les plus riches s’enrichissent

Nous avons un système économique qui enrichit les plus riches aux dépens des plus pauvres. Nous pouvons, et surtout nous devons faire mieux ! C’est pourquoi aujourd’hui nous exigeons la paix ! C’est pourquoi aujourd’hui nous exigeons plus de justice sociale !

Nous sommes des gens ordinaires, de tous les milieux et de tous les endroits de ce pays et même au-delà, et nous avons un message simple : la guerre n’apportera rien d’autre que trop de morts et de destructions.

Et, si je souhaite la bienvenue et exprime mon profond soutien à tous les réfugiés ukrainiens qui ont établi un foyer ici, nous nous devons d’étendre le même accueil et le même soutien à toutes les victimes de la guerre en Afghanistan, en Irak, au Yémen, en Palestine et ailleurs.

Arrêt des combats !

Il s’agit ici de dire dans quel monde nous souhaitons vivre. Ainsi, aujourd’hui, nous élevons notre voix en faveur de la paix. Nous le faisons car c’est la seule voix que nous devrions entendre ! Défilons dans la rue et exprimons nos revendications : arrêtez les combats !

Je conclurai ainsi : tous les protagonistes de ce conflit peuvent se rencontrer et discuter de l’approvisionnement en céréales du monde et atteindre un accord par lequel le blé russe et ukrainien pourra nourrir le reste du monde. Si les Etats-Unis sont capables de tenir la Russie informée lorsque Biden est en visite à Kiev, ils sont bien évidemment capables de se rencontrer afin de mener des négociations sérieuses pour arrêter les combats, pour arrêter les meurtres, pour arrêter ce conflit, et amener enfin paix et justice ! Merci beaucoup ! »