Dissocier salaires et cotisations sociales : nouvelle attaque du gouvernement
A peine le gouvernement a-t-il imposé, sans vote ni discussion, une loi de financement de la Sécurité sociale 2024 meurtrière, qu'il veut aller encore plus loin, en visant le principe même des cotisations sociales. Et ce n'est, là encore, pas Marine Le Pen qui s'en plaindra...
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3,5 milliards de coupes claires dans un système de santé déjà exsangue, cela ne suffit pas. « Quelque chose cloche dans le modèle social français… » déclare Bruno Le Maire (Le Monde, 1 er décembre). Et le ministre du Travail, Olivier Dussopt, de préciser « ce qui cloche » : « Notre modèle social repose sur le travail et sur les travailleurs ». Qu’est-ce que cela veut dire ?
Bruno Le Maire met les points sur les « i » : « Il faut regarder comment on peut réduire l’écart entre le salaire brut et net » (30 novembre devant les PME). C’est aussi ce que demande Marine Le Pen qui a déposé, en novembre 2022, une proposition de loi pour augmenter les salaires en réduisant les cotisations employeurs.
Elisabeth Borne leur répond le 7 décembre en mettant au cœur de son programme : « Pour atteindre le plein-emploi, il y a des réformes plus structurelles à mener. Il y a un paradoxe aujourd’hui : augmenter le salarié coûte cher à l’employeur et rapporte peu aux salariés. J’ai missionné deux économistes pour qu’ils réfléchissent à une meilleure articulation entre salaires et cotisations sociales ». Augmenter le salarié coûte cher à l’employeur ?
221 milliards d’exonérations patronales de 2018 à 2021
On sait que, depuis 30 ans, les employeurs ont bénéficié de centaines de milliards d’exonérations. Elles ont atteint des sommets avec Macron puisque, entre 2018 et 2021, les exonérations ont atteint 221 milliards soit autant qu’en 8 ans de 2010 à 2017 ! Et ça ne leur suffit pas ?
Non. Car, malgré ces montants faramineux, 36,5 % du financement de la Sécurité sociale en 2021 est encore assuré par les cotisations des employeurs (contre 72 % en 1980). 36,5 % ! La conquête de 1945 ne se laisse pas détruire comme cela !
C’est pourquoi ils veulent en finir. Le même Bruno Le Maire veut « un modèle social » « moins attractif pour ceux qui ne travaillent pas ». On connaît le refrain : les chômeurs, les malades, les invalides, les retraités coûtent trop cher. Et qui ne travaille pas ne mange pas.
C’est exactement l’inverse de ce qui a été conquis en 1945. Rappelons ce que dit l’article 1 er de l’ordonnance du 19 octobre 1945 : « Il est institué un système destiné à garantir les travailleurs et leur famille contre les risques de toute nature susceptibles de réduire leur capacité de gain ».
Quand un (e) travailleur (se) ne peut pas gagner sa vie pour cause de maladie, d’invalidité, de chômage, de retraite, de congé maternité, la Sécurité sociale doit lui fournir les moyens de vivre avec sa famille. C’est pourquoi le meilleur financement est garanti par le travail, c’est-à-dire le salaire socialisé. C’est ce fondement que le patronat et le gouvernement veulent détruire une bonne fois pour toutes. La réforme de l’assurance chômage, la réforme des retraites, la limitation des arrêts de travail vont toutes dans le même sens. La défense de la Sécurité sociale est liée à tous nos droits.
