« Ce n’est pas Macron et l’Etat français qui nous feront la leçon sur l’antisémitisme… »

Intervention de Gabriel pour le collectif Tsedek (collectif juif décolonial) lors du rassemblement en soutien aux étudiants de la Sorbonne, place de l’Hôtel-de-Ville, mercredi 8 mai.

Lors du rassemblement en soutien aux étudiants de la Sorbonne interpellés, place de l’Hôtel-de-Ville, mercredi 8 mai. (Correspondant)
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Publié le 18 mai 2024
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« Je prends la parole ici au nom de mon collectif Tsedek pour apporter tout notre soutien à tous les étudiants et les étudiantes qui ont été interpellés violemment et mis en garde à vue. J’aimerais parler aujourd’hui d’une chose qu’on utilise pour faire taire le mouvement, c’est l’utilisation fallacieuse d’antisémitisme qu’on utilise à tout-va pour faire croire que le mouvement pour la Palestine serait contre les Juifs, pour faire croire qu’on insulterait les Juifs, qu’on les chasserait des amphithéâtres… il n’y a rien de plus faux !

Le mouvement pour la Palestine est mené sur les campus aux Etats-Unis par des étudiants juifs. Un seul exemple. Quand la police est entrée sur le campus de Columbia, les étudiants juifs étaient en train de faire le seder de Pessah, ils célébraient la libération en Egypte et ils célébraient le fait que tant qu’un seul peuple ne sera pas libre sur cette terre, c’est l’humanité tout entière qui ne sera pas libre. C’est ça le message de nos fêtes, de nos valeurs juives. Personne, ni l’Etat français, ni l’Etat d’Israël ne nous fera croire que le judaïsme, c’est soutenir un génocide, que le judaïsme, c’est soutenir une politique coloniale. Camarades, nous devons nous défendre bien sûr mais aussi être offensifs sur ces fausses accusations.

Ce n’est pas l’Etat français qui nous fera la leçon sur l’antisémitisme, ce n’est pas Macron qui réhabilite Pétain, dont les ministres réhabilitent les politiques antisémites de Napoléon, ce n’est pas Darmanin, ancien membre de l’Action française, qui nous feront la leçon sur l’antisémitisme.

Ce ne sont pas des députés LR qui réhabilitent des figures antisémites comme Barrès qui nous feront croire que le mouvement est antisémite. Et François-Xavier Bellamy (tête de liste LR aux élections européennes Ndlr ) qui vient se pavaner devant Sciences Po en disant qu’on empêche le débat, qu’on empêche les Juifs d’exister. Mais qui sont-ils ? Non seulement l’Etat français ne nous fera pas taire. Les organisations qui soutiennent le génocide et qui soutiennent l’Etat d’Israël de manière inconditionnelle ne nous feront pas la leçon sur l’antisémitisme. Quand l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) ment et fait croire que des étudiants ont été virés des amphis parce qu’ils étaient juifs alors qu’ils ont été virés parce qu’ils filmaient des gens mettant ainsi des militants pour la Palestine en danger, ces gens-là instrumentalisent l’antisémitisme pour défendre l’Etat d’Israël, ridiculisent ainsi la lutte et invisibilisent de véritables actes antisémites.

Quand toutes les caméras étaient braquées sur la rue Saint-Guillaume, que tout le monde ne parlait que des Juifs virés des amphis, le mémorial de la Shoah de Drancy a été attaqué au fusil et personne n’en a parlé, pas même l’UEJF, pas même le Crif. Ces gens-là n’en ont rien à faire de l’antisémitisme. C’est dans les mouvements pour la Palestine que les Juifs sont les mieux accueillis, que les Juifs peuvent s’exprimer. Le 12 novembre, des juifs se faisaient chasser par des nazis qui participaient à des marches soi-disant contre l’antisémitisme ! Le mouvement pour la Palestine défend une terre où tout le monde pourra vivre en paix, juifs, musulmans, chrétiens, druzes et bédouins. Il n’y a qu’un mouvement de décolonisation qui pourra le permettre.

Ce n’est pas l’Etat génocidaire israélien, ce n’est pas la politique coloniale et d’apartheid menée par le gouvernement israélien qui permettra la cohabitation.

Je terminerai en disant qu’on nous accuse souvent de n’avoir aucun mot pour les otages. Mais aujourd’hui les familles d’otages se battent en Israël pour obtenir un cessez-le-feu, elles se battent contre leur gouvernement. Il n’y a que le cessez-le-feu qui permettra aux otages de rester en vie et de rentrer sains et saufs à la maison. Alors tous ceux qui nous disent qu’on s’en fiche des otages, ils n’ont qu’à venir avec nous dans les manifs pour le cessez-le-feu. Vive la Palestine ! »