Trotsky et le combat contre les guerres impérialistes
84e anniversaire de l’assassinat de Léon Trotsky. Honorer la mémoire de Trotsky exige de placer en premier lieu le combat contre la guerre impérialiste qui détermine la politique révolutionnaire des bolcheviques et internationalistes.
- Tribune IVe Internationale
Le Manifeste de la conférence de Zimmerwald
Le 4 août 1914, trahissant les engagements, promesses et résolutions de leurs Congrès, les groupes parlementaires du Parti social-démocrate en Allemagne et du Parti socialiste en France ont voté les crédits de guerre, appelant donc les travailleurs et la population à mourir pour les intérêts des grands capitalistes et banquiers, au nom de la défense de la patrie ou la « démocratie ».
Une petite minorité de militants des partis de la IIe Internationale se sont prononcés contre la guerre. Parmi eux, le Parti bolchevique de Lénine, et diverses personnalités telles que Trotsky, Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht et d’autres. Partout, ils ont essayé d’organiser la résistance, et en septembre 1915 ont tenu la Conférence de Zimmerwald en Suisse (pays « neutre »).
Léon Trotsky, souvent en discussion avec Lénine qui représentait la « gauche de la conférence » a rédigé le projet de Manifeste qui fut adopté. Il disait notamment : « Quels que soient les responsables immédiats du déchaînement de cette guerre, une chose est certaine : la guerre qui a provoqué tout ce chaos est le produit de l’impérialisme. Elle est issue de la volonté des classes capitalistes de chaque nation de vivre de l’exploitation du travail humain et des richesses naturelles de l’univers. »
Aujourd’hui, le rapport du sommet de l’Otan à Washington les 10 et 11 juillet signale une augmentation de 18 % des dépenses militaires dans le monde, dépassant les 2 billions d’euros, et se fixe l’objectif de nouvelles dépenses. Lors de la première session du Parlement européen le même mois fut votée une augmentation des budgets militaires pour dépasser 2 % du PIB – dont 0,25 % directement pour surarmer l’Ukraine.
Pour Trotsky et Lénine, la lutte pour la paix était liée à la lutte pour la terre, pour la liberté et toutes les revendications des travailleurs et des peuples. Cette lutte est loin du « pacifisme » parce qu’elle est liée au combat contre le système capitaliste qui produit les guerres ; elle est la lutte pour exproprier les expropriateurs…
à la veille de la Seconde Guerre mondiale
La défaite sans combat du prolétariat allemand en 1932, causée par la politique de division stalinienne, la capitulation de la social-démocratie et la victoire de Hitler, ainsi que la défaite de la Révolution espagnole préparent les conditions pour la guerre inter-impérialiste.
La IVe Internationale, proclamée en septembre 1938, cherche à regrouper les forces pour se préparer aux combats d’avenir. Trotsky et ses partisans, prenant en compte les défaites de la classe ouvrière en Europe, considèrent que la guerre est déjà inévitable. Il fallait donc organiser un combat de résistance, y compris durant ces années dans des conditions de clandestinité et de persécution. Ce combat devait préparer les conditions révolutionnaires qui inévitablement se produisirent dès la fin de la guerre.
regrouper des forces indépendantes de tous les gouvernements
Durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), des gouvernements impérialistes luttent pour le repartage du monde. Ils sont à la tête de régimes politiques différents (fasciste, nazi, démocratie parlementaire), mais tous se déterminent en fonction d’intérêts économiques et tous veulent maintenir la domination sur les peuples exploités, en Afrique, en Asie au Proche et au Moyen Orient. C’est pourquoi Trotsky, attache la plus grande importance à une question : regrouper des forces indépendantes de tous les gouvernements.
Aujourd’hui le génocide monstrueux qu’Israël commet contre le peuple palestinien ne peut se comprendre que par la volonté des USA, de la France, de la Grande-Bretagne… et des multinationales de maintenir leur domination sur toute cette région en se servant d’Israël comme bras armé pour terroriser tous les peuples, Palestinien, Iranien, Libanais, Syriens…
N’est-ce pas un message de terreur que l’impérialisme veut envoyer à tous les travailleurs et peuples du monde ?
Comment ne pas voir à l’arrière-plan de la guerre en Ukraine une volonté de repartage sous la conduite des Etats-Unis et de l’Otan et des groupes financiers, face à Poutine, représentant des oligarques.
Le Manifeste d’alarme, mai 1940
« La vie de l’Europe et de l’humanité tout entière sera déterminée pour longtemps par le cours de la guerre impérialiste et ses conséquences économiques et sociales ». Avec cette phrase s’ouvre le Manifeste d’alarme de la IVe Internationale rédigé par Trotsky en mai 1940, trois mois avant qu’un tueur envoyé par Staline l’assassine au Mexique.
Sans aucun doute les circonstances et le contexte mondial de 1940 sont différents de la situation actuelle. Les masses n’ont pas été défaites.
La guerre, la multiplication des guerres, les budgets engloutis dans l’armement, c’est le résultat de la crise de décomposition de ce système contre lesquelles combattent les classes ouvrières du monde entier.
La lutte contre la guerre aujourd’hui
Rendre hommage à Trotsky aujour-d’hui ne consiste pas à répéter les documents du passé. Le Manifeste d’alarme de 1940 reste important, mais aujourd’hui la marche à la guerre peut encore être arrêtée. Tous les gouvernements impérialistes sont en crise, la résistance des masses à la guerre n’est pas seulement un sentiment d’indignation absolument majoritaire, mais se traduit dans l’action. Jamais le combat contre le génocide à Gaza et pour le cessez-le-feu n’a été si massif ; d’abord au cœur de la puissance américaine, dans la jeunesse et les secteurs d’avant-garde de la classe ouvrière.
Il s’agit d’empêcher la guerre aujourd’hui, pas d’attendre que le conflit se généralise. C’est cela le sens de la campagne internationale contre la guerre, contre le génocide et contre la guerre sociale ; c’est cela l’importance de la Conférence qui aura lieu les 2 et 3 novembre à Berlin.
Il n’existe pas de meilleur hommage à Trotsky.