Algérie : 70e anniversaire de la révolution du peuple algérien
« Commémorer la révolution algérienne ! » Éditorial de "Fraternité !", journal du Parti des travailleurs d’Algérie.
- Actualité internationale, Algérie

« Ce 1er novembre 2024 correspond au 70e anniversaire du déclenchement de notre glorieuse révolution qui a permis, au prix de 1,5 million de martyrs, le recouvrement de l’indépendance nationale, conquête fondatrice pour l’émancipation nationale et humaine.
Le négationnisme est un crime. Le révisionnisme aussi car la sauvagerie du fait colonial est une vérité absolue, incontestable. Alors oui, le 70e anniversaire mérite une commémoration digne de la grandeur de la révolution algérienne.
Or, le peuple algérien, principal acteur et réservoir de la révolution, est privé de ce droit depuis 40 ans : celui d’exprimer pacifiquement sa fierté d’avoir accompli une œuvre d’une telle ampleur historique, devenue légendaire.
Et le peuple algérien est, par là même, dépossédé du droit de faire sereinement le bilan de la révolution, ses forces et ses faiblesses et par voie de conséquence, le bilan de 62 ans d’indépendance nationale, produit de cette même révolution.
Et partout où – notamment sur notre continent, l’Afrique – les mouvements indépendantistes ont été fondés sur la pensée unique, les peuples ont été confrontés, après l’indépendance, aux mêmes systèmes d’oppression, aux mêmes dépossessions. Et cette question est d’une brûlante actualité chez nous : à l’occasion du 70e anniversaire du déclenchement de la lutte armée, le président de la République, exerçant son pouvoir de grâce, a décrété la libération de détenus politiques. II était, en effet, insupportable que près de 300 Algériennes et Algériens croupissent dans les prisons pour délit d’opinion. Cette mesure importante de détente est-elle annonciatrice d’une rupture avec la criminalisation de l’exercice des droits démocratiques ?
Sur le plan social, par-delà les intentions et les mesures, certes positives, dans le projet de loi de finances 2025 dont l’amélioration du pouvoir d’achat en 2025 pour les fonctionnaires et certaines catégories vulnérables, mais dont ne bénéficieront pas les salariés des secteurs de la production et les services qui représentent la majorité des travailleurs ; la création d’environ 100 000 emplois exclusivement dans la fonction publique et qui restent très en deçà des besoins (plus de 2 millions de primo demandeurs d’emploi à ce jour en sont exclus) ; le maintien et l’augmentation des transferts sociaux, préservant le caractère social de l’État, une question vitale, ainsi que les grands projets relatifs aux infrastructures sociales inscrits…
Tout cela peut-il cacher l’amère réalité de la pauvreté voire même de la misère qui avance y compris parmi les salariés contraints de recourir à des petits boulots pour tenter de joindre les deux bouts, de l’explosion de la mendicité, du trafic et de la consommation de drogues, y compris les plus dures, de la violence urbaine, expressions brutales de la décomposition sociale qui gangrène le tissu social ?
Et peut-on ignorer l’horrible tragédie de la Harga qui saigne notre pays, produit de la détresse sociale et de l’étouffement des droits politiques, syndicaux, et associatifs, la fermeture médiatique, etc. ?
Et la grève nationale, sans précédent de toutes les facultés de médecine est venue sonner l’alarme devant le désastre qui frappe l’université et le secteur de la santé à la fois, devant l’échec total des politiques mises en œuvre ? Un véritable séisme, dont les répliques touchent d’autres filières.
Se doter d’une véritable représentation
Alors, célébrer le 70e anniversaire du déclenchement de la révolution armée, c’est, plus que jamais, consacrer l’inaliénabilité de toute la propriété collective de la nation, en tête les nationalisations des ressources naturelles et richesses que recèle notre sous-sol, de toutes les infrastructures et de l’ensemble du secteur public.
Commémorer le déclenchement de notre glorieuse révolution, c’est décréter le non-retour à la politique de privatisation/bradage, de désengagement de l’État de ses missions sociales qui a ruiné notre pays dans un passé très proche.
C’est décréter, à travers des politiques progressistes : plus jamais de retour à l’humiliation et à l’exploitation que consacrait, sous la colonisation, le code ségrégationniste et avilissant de l’indigénat et le système de servage du Khammassa1Statut d’ouvriers agricoles gardant un cinquième de la récolte.!
C’est, sur le plan politique, avoir l’audace de rompre avec le statu quo qui prend à la gorge la majorité du peuple encamisolée et qui expose le pays au chantage extérieur.
Ce qui implique la restitution de la parole au peuple algérien pour qu’il définisse lui-même la forme et le contenu des institutions dont il a besoin pour exercer la plénitude de sa souveraineté pour qu’il se dote enfin d’une véritable représentation populaire, un droit dont il a été dépossédé depuis 1962.
Ce faisant, la libération de la terre et la restauration de l’État algérien ayant été arrachées en 1962, il s’agit d’amorcer le parachèvement de tous les objectifs de la révolution algérienne par l’émancipation de l’homme algérien, conformément à la proclamation du 1er novembre 1954 qui avait fixé comme deuxième objectif pour l’indépendance nationale « le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions ».
Le 2 novembre coïncide avec la sinistre date de la signature en 1917 des accords Sykes-Picot qui ont scellé et programmé le dépeçage de la Palestine en 1947, avec, pour conséquences, 76 ans d’oppression horrible pour le peuple palestinien, 8 millions de réfugiés, et qui culmine en ce moment, et depuis plus d’une année durant, dans l’horrible génocide que commet l’entité sioniste à Ghaza, en Cisjordanie et au Liban.
Célébrer notre glorieuse révolution du 1er novembre 1954 doit signifier, pour l’État algérien, une démarcation nette des impérialismes fauteurs de guerre et de malheurs, en tête l’impérialisme US, les régimes arabes qui sont à leurs bottes, complices actifs dans le génocide en cours.
C’est se positionner clairement du côté des légitimes résistances à l’occupation et l’agression sionistes. Et c’est apporter toute l’aide nécessaire à la résistance des peuples palestinien et libanais et libérer la solidarité populaire algérienne, à commencer par le droit de manifester pour exprimer haut et fort notre soutien inconditionnel à ces deux peuples frères en lutte pour leur droit de vivre en paix et d’exercer leurs souverainetés, sur leurs terres, libérées comme la nôtre, du joug du colonialisme, par une lutte légendaire.
Vive la révolution algérienne !
Vive la révolution palestinienne !
Gloire et éternité à nos Chouhadas2Martyrs.!
Vive la lutte du peuple libanais contre l’agression sioniste !
Pour que vive la Palestine libre et indépendante du fleuve à la mer ! »
La rédaction, Alger, le 29 octobre.
