« La Vérité », premier journal à dénoncer l’existence du camp d’Auschwitz
La Vérité, journal trotskyste clandestin, fut le premier à dénoncer l’existence du camp d’Auschwitz, grâce à un témoin direct.
- 80 ans d’Auschwitz, Actualité politique et sociale

La Vérité, journal trotskyste clandestin, fut le premier à dénoncer l’existence du camp d’Auschwitz, grâce à un témoin direct qui s’en était évadé le 20 mai 1943. Des extraits furent lus à la radio anglaise, la BBC, par le député PCF, F. Grenier, qui occulta soigneusement l’orientation du journal…
Fondée en 1929 avec la collaboration directe de Trotsky, La Vérité avait comme gérant, avant-guerre, Jean Meichler qui fut un des trois premiers otages fusillés par les nazis le 6 septembre 1941, avec un militant communiste, Eugène Anjubault, et un juif franc-maçon, Edmond Brucker.
Bien plus qu’un symbole
Ce n’est pas un accident ou un hasard si La Vérité, que notre organisation continue à publier aujourd’hui sous forme de revue théorique, a été le journal qui révéla cette existence.
Dès l’apparition du nazisme, les trotskystes ont discerné sa nature nouvelle, totalement réactionnaire, visant à instaurer un ordre de terreur en liquidant physiquement le mouvement ouvrier organisé. Ce fut le combat incessant pour le front unique des organisations ouvrières.
Mais la social-démocratie se fourvoya dans les combinaisons parlementaires et le stalinisme organisa systématiquement la division, estimant que la social-démocratie était comparable au nazisme. On connaît la suite…
En 1940, pendant l’Occupation nazie, les staliniens, fidèles au pacte Hitler-Staline, négociaient la publication légale de leur presse, à commencer par L’Humanité.
De leur côté, les trotskystes ont lancé La Vérité, premier journal clandestin, dont le premier numéro date du 30 août 1940 : il annonce l’assassinat de Trotsky. Significativement, un article est intitulé « A bas l’antisémitisme » et relate le combat des trotskystes contre les nervis nazis. Le responsable de La Vérité, Marcel Hic, est arrêté et meurt en déportation.
Il est donc dans l’ordre des choses que cela soit La Vérité clandestine qui, la première, révéla l’existence d’Auschwitz.
Jean-Marc Schiappa
La place de La Vérité clandestine
L e 5 décembre 1941, c’est La Vérité clandestine, le journal des trotskystes qui informe de ce qui se passe à Drancy et qui en appelle à la solidarité ouvrière avec les Juifs. Cela sera repris par Libération-Sud quatre mois plus tard.
Le 20 mai 1943, La Vérité clandestine publie le premier témoignage d’un Polonais qui a réussi à s’échapper d’Auschwitz où il a séjourné six mois et qui raconte l’enfer de l’extermination.
Le 8 juillet 1943, ce témoignage publié par les trotskystes est lu à la BBC dans Radio-Londres. Ce témoignage sera aussi repris dans Libération-Sud, le 12 octobre 1943 et enfin début février 1944 dans Franc-Tireur.
Un témoignage rapporté sur l’horreur d’Auschwitz parle particulièrement aux Libres Penseurs : « En cas de désobéissance des déportés, on les réunissait, puis devant eux les SS fusillaient un certain nombre pour l’exemple ». Tous les totalitarismes se ressemblent, la barbarie emprunte toujours les mêmes méthodes.
Christian Eyschen, Libre Penseur
ECLAIRAGES La place des Autorités juives Les Autorités juives dans leur grande majorité participèrent à la collaboration avec Vichy qui collaborait avec Hitler pour « la solution finale ». Elles tombèrent dans le piège infâme de la mise en œuvre de l’UGIF (Union générale des Israélites de France) qui fit le sale boulot, à la place de la police de Vichy, de recenser les Juifs. Cependant il y eut des actes authentiques de résistance, comme le Consistoire central siégeant à Lyon qui se prononça contre la création de l’UGIF et interdit à ses membres d’y participer. Rappelons que lors de la mise en place du Judenrat1Sorte de conseil juif mis en place par les nazis dans les territoires occupés visant à faire appliquer les décrets et décisions nazis, notamment la déportation du ghetto vers les camps d’extermination. à Varsovie, les autorités juives, sous l’aura du Bund, refusèrent leur participation à celui-ci, sauvant l’honneur des Juifs qui se révoltèrent ensuite dans l’insurrection du Ghetto. Mais 360 000 personnes furent assassinées dans le Ghetto, à Varsovie. Sur les 400 000 Juifs, il n’en resta que 40 000, 1 500 sur 30 000 à Radom, 2 000 sur 20 000 à Piotrkow. 64 000 furent exterminés à Minsk par les Einsatzgruppen. C.E. Des chiffres, des faits On estimait à 320 000 le nombre de Juifs vivant en France à la veille de la Seconde Guerre mondiale, plus de 73 000 sont morts en déportation, près de 3 000 ont succombé dans les camps d’internement français et un millier environ ont été exécutés. 75 721 Juifs, dont près de 11 000 enfants, sont déportés de France entre mars 1942 et août 1944, dont seulement 2 566 survivants sont comptabilisés à la libération des camps en 1945, soit environ 3 % des déportés (source : Serge Klarsfeld). |
