Oui ! La Sécu est elle à nous, c’est notre salaire !

À l’occasion des 80 ans de la Sécurité sociale, Informations ouvrières reviendra sur les enjeux pour la classe de cette conquête majeure arrachée en 1945 par les travailleurs. Première partie : La question du financement.

Par Soriane Frid
Publié le 5 octobre 2025
Temps de lecture : 9 minutes

C’est le Medef qui doit être heureux…

En 2007, dans une chronique qu’il avait rédigée pour la revue Challenges du 4 octobre 2007 intitulée « Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde ! » Kessler (alors n° 2 du Medef) écrivait : « La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance. »

Ce que Denis Kessler a appelé de ses vœux, la macronie l’exauce.

Et ce 80e anniversaire de la Sécurité sociale est marqué par une accélération visant à réaliser les vœux du patronat et donc la liquidation de cet acquis majeur.

L’offensive passe en premier lieu par la remise en cause du financement de la Sécu.

C’est dans ce contexte que le gouvernement ne cesse de développer une propagande pour répondre aux vœux du Medef d’en finir avec le financement de la Sécu par les cotisations.

À commencer par Emmanuel Macron qui lors d’un show sur TF1 le 13 mai 2025 a indiqué que « le financement du modèle social repose trop sur le travail », en ajoutant qu’il fallait que le gouvernement organise une conférence sociale pour retravailler ce dossier.

Ça « repose trop sur le travail » ? Les cotisations sociales, ce ne sont pas un « prélèvement obligatoire » (dont on nous rebat les oreilles sous prétexte que la France en serait la championne du monde), mais une partie du salaire due par le patron. Le salaire, dont sa partie socialisée que sont les cotisations, ça n’a absolument rien à voir avec un impôt ou une taxe, c’est le paiement par le patron de la force de travail. Les cotisations, c’est du salaire, point barre ! Y toucher, c’est toucher à notre salaire. La politique d’exonérations suivie depuis plus de trente ans est une politique de baisse des salaires.

Ce que Jupiter veut, son/ses gouvernement(s) l’organise(nt). Mais comme ils sont ultra-minoritaires, il leur faut l’appui des organisations syndicales pour avancer sur ce projet.

C’est pourquoi, le 19 juin dernier, Catherine Vautrin (ministre de la Santé) a annoncé être prête à réunir une conférence sur le modèle social « dès le mois de juillet ».

Selon la ministre devenue démissionnaire, cette conférence devra répondre à la question : « Combien chacun d’entre nous veut-il que la société mette ou consacre au modèle social et comment chacun est prêt à y participer. » Avec, pour « exigence collective » , « de rendre à la Sécurité sociale sa clarté, sa pérennité, sa promesse, c’est-à-dire un système qui protège sans s’épuiser, qui soigne sans exclure ». Idée reprise par François Bayrou le 15 juillet et proposée aux organisations syndicales nationales le 24 septembre dernier par Sébastien Lecornu. En effet, il leur a clairement demandé de se pencher sur le financement de la protection sociale.

Pourquoi tant d’acharnement ?

Parce que la Sécurité sociale est le produit de la classe ouvrière victorieuse ! La cotisation matérialise le droit de propriété de la classe ouvrière sur la Sécu.

C’est pour cette raison que la question du financement est une question centrale. Nous allons essayer d’expliquer à travers ces pages l’origine et l’actualité de ce sujet !

En ce 80e anniversaire de la Sécurité sociale, il est urgent de se mobiliser afin que celui-ci ne soit pas son dernier !

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