Kanaky – Nouvelle Calédonie : L’Etat colonial français est un État criminel
Mercredi 14 août, à Thio, un manifestant canaque a été abattu par un gendarme d’une balle dans la tête. Un second est entre la vie et la mort.
- Kanaky (Nouvelle-Calédonie)
Officiellement, neuf morts canaques perpétrés par la gendarmerie et aussi par des groupes de colons travaillant sous sa protection. Selon le procureur, il s’agit « un tir de riposte de la gendarmerie (…) afin de libérer les voies de circulation occupées illégalement dans l’objectif de préserver les libertés publiques pour l’ensemble des Calédoniens pour la première, celle de circuler. »
Il y a peu nous écrivions dans ce journal « l’État colonial français franchit une nouvelle étape dans l’escalade guerrière et renforce l’équipement militaro policier pour poursuivre, selon les termes officiels, la “sécurisation du territoire”. S’ajoutant aux 3 500 gendarmes et policiers, dix nouveaux blindés Centaure ont été expédiés. Ces véhicules polyvalents peuvent être équipés d’une mitrailleuse ». Il s’agit d’un dispositif de guerre civile.
Assassiner au nom de la « liberté de circuler », une infâmie coloniale
Ni Macron ni son gouvernement démissionnaire ni ses gendarmes et procureurs ne sont chez eux en Kanaky. Pas plus que la France ne l’était en Algérie. Ni qu’elle l’est aujourd’hui à Mayotte, dans les Caraïbes ou en Polynésie.
De surcroît, battu à trois reprises, lors des élections de juin et juillet, le chef de l’impérialisme français continue à se pavaner comme si rien ne s’était produit. Il est le responsable de la situation.
À 17 000 km de leur pays la Kanaky, Christian Tein, leader des CCAT1CCAT Cellule de coordination des actions de terrains créée en 2023 pour lutter contre le projet de dégel du corps électoral. 2 300 personnes ont été interpellées, 1 260 gardées à vue et le couvre-feu est encore en vigueur. et plusieurs de ses camarades sont tenus à l’isolement dans des prisons dans l’Hexagone (visite impossible, décalage horaire, frais exorbitants, isolement social et physique…). Ils sont des déportés.
Comment ne pas penser à Toussaint Louverture, le glorieux père de la révolution haïtienne victorieuse, déporté par Napoléon au fort de Joux dans le Jura dont il ne sortira jamais vivant ? Comment ne pas penser à tous ces combattants de la liberté d’Algérie, de Tunisie, de Madagascar, d’Indochine, déportés tout au long du XXe siècle par la puissance coloniale française, punis pour avoir lutté pour l’indépendance de leur pays ? Comment ne pas penser à ces militants guyanais, martiniquais, guadeloupéens qui ont subi le même sort toute la seconde moitié du XXe siècle également et notamment aux cent Guadeloupéens abattus dans les rues de Pointe-à-Pitre en mai 1967 ?
Concernant le sort des militants canaques aujourd’hui, faudrait-il oublier le massacre d’Ouvéa perpétré par l’armée française en 1988 (19 morts indépendantistes) ? Faut-il oublier le meurtre d’un mélanésien en 1975 assassiné par la police, celui d’un jeune canaque tué en 1980 par cette même police, l’assassinat de 10 indépendantistes par des colons en 1984 assassins acquittés en 1987 par un jury d’Européens ? Faut-il oublier l’assassinat de deux dirigeants indépendantistes par le GIGN en 1985 et celui d’un jeune canaque en 1 897 ?
La colonisation continue quoi qu’on en dise ici ou là et le refus de la nommer pour ce qu’elle est ne change rien à l’ignoble et insupportable réalité de la domination impérialiste.
Le président de la Ve République, à la tête d’institutions pourries jusqu’à la moëlle « joue la montre » sur cette question comme sur toutes les autres. Et cela quel que soit le prix, fût-ce celui du sang. Cette fuite en avant doublée d’un cynisme abyssal est proprement mortifère. Le silence assourdissant de nombreux et grands médias dont la profession est la soumission n’a rien de surprenant. Mais on peut s’interroger sur le regard tourné vers d’autres cieux de certains secteurs se réclamant de la démocratie et singulièrement d’organisations se revendiquant du mouvement ouvrier. Si cette situation n’empêchera pas le peuple canaque de se frayer un chemin vers la liberté bien entendu, cela rend la tâche plus difficile.
Pour notre part, en défendant la liberté du peuple canaque nous savons que nous défendons la nôtre ici et maintenant. Justice pour les Canaques assassinés ! Bas les pattes devant le peuple canaque ! Troupes françaises d’occupation hors de Kanaky ! C’est au peuple canaque de décider librement de son avenir, de choisir son chemin. À lui seul et à personne d’autre.
« Poussières d’îles » (de Gaulle)De Gaulle en 1964 déclarait : « Entre les deux façades de l’Atlantique, il n’y a que des poussières d’île. On ne bâtit pas des États sur des poussières. » La France dispose du deuxième plus important domaine maritime du monde (11 millions de km2), grâce à ses « poussières d’îles ». Elles sont situées dans tous les océans, mais surtout dans le Pacifique et l’océan Indien. Les représentants de l’impérialisme français qui se prennent pour des géants ne sont en réalité que des nains politiques.
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