Syrie : pétrole et gazoducs de la région

Depuis 15 ans, deux projets de gazoducs concurrents proposés par le Qatar et l’Iran visent à transporter du gaz naturel du plus grand gisement gazier du monde vers l’Europe via la Syrie.

Par Stéphane Marati
Publié le 15 décembre 2024
Temps de lecture : 2 minutes

Les plans du Qatar ont été présentés pour la première fois en 2009 et impliquaient la construction d’un pipeline depuis le golfe Persique via l’Arabie saoudite, la Jordanie, la Syrie et la Turquie.

Le gisement gazier situé à 3 000 mètres sous le fond du golfe Persique est le plus grand gisement de gaz naturel du monde. Le Qatar possède environ les deux tiers des ressources.

Le gazoduc permettrait un accès à l’Europe, mais le président syrien Bachar al-Assad avait refusé de donner son autorisation pour que le gazoduc traverse son territoire. Certains pensent que la Russie a fait pression sur lui pour qu’il rejette le projet afin de protéger ses propres affaires.

Entre-temps, l’Iran, qui possède l’autre part, plus petite, du champ gazier du golfe Persique, a décidé de déposer son propre projet concurrent de gazoduc de 10 milliards de dollars vers l’Europe via l’Irak et la Syrie, puis sous la mer Méditerranée.

Assad a approuvé le plan iranien en 2012 et il devait être achevé en 2016, mais il a finalement été retardé en raison du « Printemps arabe » et de la guerre civile.

De nombreux pays qui ont soutenu ou se sont opposé à la guerre contre Assad ont des liens avec ces projets de pipeline.

Le Qatar, candidat malheureux au projet de gazoduc, aurait financé des groupes rebelles anti-Assad à hauteur de 3 milliards de dollars entre 2011 et 2013. L’Arabie saoudite a également été accusée de financer ces groupes.

L’Iran était soupçonné d’aider Assad en dirigeant l’armée syrienne, en lui fournissant des armes et même des troupes.

Selon l’agence de presse turque Anadolu, le projet de pipeline longtemps dormant entre la Turquie et le Qatar pourrait être relancé après la chute du régime d’Assad, a déclaré lundi (9 décembre) le ministre turc de l’Energie et des Ressources naturelles, Alpraslan Bayraktar.
A la suite d’une réunion du cabinet dans la capitale turque Ankara, Bayraktar a été interrogé sur une éventuelle relance du projet de gazoduc, qui pourrait relier les pays européens et la Turquie au Qatar via l’Arabie saoudite, la Jordanie et la Syrie.
Bayraktar a déclaré que la réalisation du pipeline pourrait être possible « si la Syrie atteint son intégrité (territoriale) et sa stabilité ».